Sexus / Henry Miller

J’ai le mal d’amour. A en mourir. Un rien, l’ombre d’une dartre, et je crèverais comme un rat empoisonné.
Mon corps est de plomb quand je le jette au lit. Je perds aussitôt conscience pour plonger au plus bas du rêve. Ce corps, qui s’est transformé en sarcophage à poignées de pierre, gît parfaitement immobile ; le rêveur s’en échappe, telle une vapeur, pour se lancer dans une navigation autour du monde. Le rêveur cherche en vain le moule et la forme qui conviendraient à son essence éthérée. Comme un tailleur céleste, il essaie un corps après l’autre, mais tous sont ratés. Finalement, il est contraint de se rabattre sur son propre corps, de réintégrer le moule de plomb, de redevenir prisonnier de la chair, de continuer dans la torpeur, la peine et l’ennui.
Henry Miller
Sexus / 1949
Sur le Silence qui parle : Anaïs Nin
Sexus / Henry Miller dans Eros 1222mags201j

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