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Elephant / Alan Clarke

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Alan Clarke
Elephant / 1989

Psychanalyse du cuirassé Potemkine : désir et révolution, de Reich à Deleuze et Guattari / Florent Gabarron-Garcia / l’Homme à la caméra / Dziga Vertov

Le milieu analytique dominant actuel s’accorde souvent sur des poncifs qui révèlent les symptômes de son passéisme, voire de sa décrépitude. Il en est un majeur qui a vraisemblablement été une des conditions de possibilité de sa pratique et de ses théorisations durant ces trente dernières années d’hiver (1). Ce poncif est le suivant : la tentative freudo-marxiste serait naïve car, « depuis Freud et Lacan », le psychanalyste dégrisé « sait » que les idées de progrès, d’émancipation et de révolution ne sont en réalité que l’expression possiblement paranoïaque d’un « rêve fusionnel », l’expression « d’un fantasme de retour à l’unité » qui renverrait au paradis perdu d’une enfance toute puissante et sans limites. la visée égalitariste qui s’exprime dans ces tentatives, qu’elles soient théoriques ou pratiques, ne revient-elle pas à une négation du manque (ou d’une perte nécessaire) : une négation de la castration ? Dès lors, ces dangereuses conceptions, pour autant (ou parce que) bien intentionnées, feraient historiquement et immanquablement le lit des totalitarismes en niant la réalité de l’agressivité constitutive de la pulsion et d’une angoisse coupable intrapsychique à l’homme.
Or qui lit un peu les freudo-marxistes s’apercevra aisément qu’il s’agit là d’un déni. Car de Reich jusqu’à Deleuze et Guattari, ces analystes praticiens, confrontés à la crudité de la violence du malaise, n’ont pas attendu les disciples patentés de Freud ou Lacan pour « dégriser » la conception naïve du matérialisme promu par une certaine vulgate marxiste, ni pour analyser les pouvoirs fascistes ou totalitaires (2). c’est même tout le contraire : c’est au nom de la critique des fantasmes inhérents à l’idéologie marxiste et des impasses du marxisme dans la pratique, mais également au nom de l’analyse des dérives du pouvoir fasciste que ces analystes convoquèrent la psychanalyse.
Reich, le psychanalysme à l’épreuve du politique
Dès 1929, et encore plus clairement en 1933, autour de sa problématisation du fascisme, Reich convoque la psychanalyse et se demande pourquoi les masses désirent le pouvoir fasciste alors même que cela n’est pas dans leur intérêt de classe(3). La tromperie par l’idéologie semble bien insuffisante pour rendre compte de ce phénomène. Force est de constater qu’il existe une disjonction entre l’intérêt objectif de classe et le désir inconscient des sujets qui peuvent vouloir installer un maître, y compris issu de la classe qui les domine. Ce problème dégagé par Reich sera repris par Deleuze et Guattari : compte tenu des conditions historiques et objectives d’exploitation généralisée, comment se fait-il que les masses ne se révoltent pas davantage ?
« Car comme dit Reich, l’étonnant n’est pas que des gens volent, que d’autres fassent grève, mais plutôt que les affamés ne volent pas toujours et que les exploités ne fassent pas toujours grève : pourquoi des hommes supportent-ils depuis des siècles l’exploitation, l’humiliation, l’esclavage, au point de les vouloir non seulement pour les autres mais pour eux-mêmes ? Reich n’est pas plus grand penseur que lorsqu’il refuse d’invoquer une méconnaissance ou une illusion des masses pour expliquer le fascisme : (…) non les masses n’ont pas été trompées, elles ont désiré le fascisme à tel moment, dans telles circonstances, et c’est cela qu’il faut expliquer (…) » (4)
Les programmes d’éducation populaire, où l’on cherche à produire par la raison et le savoir une « prise de conscience » des prolétaires, ne sont pas parvenus à endiguer le fascisme. Au contraire, ce dernier, de manière incompréhensible, a suscité l’enthousiasme des masses. ce possible démenti à la théorie de l’avènement inéluctable de la révolution dans l’histoire avait d’ailleurs déjà été repéré par Lénine à l’occasion des premières révoltes de 1905. Pour quelle raison les marins de ces premières révoltes russes, alors que plus rien ne les entrave, se rendent par eux-mêmes et font échouer la révolution, se demande-t-il, non sans une certaine perplexité ?
L’analyse du pouvoir et de l’exploitation doit être repensée à l’aune du sexuel : Reich convoque ici Freud, qui peut venir au secours de Lénine. Les marins sont poussés par une culpabilité inconsciente irrépressible qui les pousse à désirer la punition par l’intermédiaire du surmoi. Il y a dans ce geste un mauvais tour de l’inconscient dont même le tzar n’aurait pas rêvé. Mais il convient également d’inverser la question de Lénine d’un point de vue analytique : quelle était donc cette force qui brusquement avait fait effraction et avait poussé les marins à se révolter ? Quel était ce désir de révolte, qui, pour un temps, les avait fait sortir de leur condition de dominés pour devenir « sujets révolutionnaires » ?
C’est bien sûr cette dernière question que la psychanalyse dominante ne posera pas. Ici se révèle l’idéologie dont elle se soutient et qui la fait échouer dans le psychanalysme (5). C’est que, comme le montrent Deleuze et Guattari, ses raisonnements reviennent à des « paralogismes » qui articulent l’hypothèse de l’inconscient à la seule théorie de l’Œdipe. cet arraisonnement de l’inconscient permet d’éluder la question de l’aliénation sociale. En effet, la conception œdipienne de l’inconscient a pour caractéristique d’être dominée par le primat du symbolique. C’est que la possibilité de tout lien social en dépend, de même que le désir et sa loi : l’Œdipe est élevé au statut d’un transcendantal, l’histoire et ses noms sont rabattus sur le nom du père. Dès lors, les mouvements et les luttes dans l’histoire deviennent secondaires par rapport à la structure inconsciente œdipienne du désir articulé en nécessaire relation à la loi paternelle constitutive du lien social. Toute l’histoire est ainsi œdipianisée : un discrédit a priori est jeté sur la possibilité de tout changement révolutionnaire. C’est afin de s’écarter de cette conception réactionnaire de l’inconscient que Deleuze et Guattari reprennent les questions de Reich dans leur relecture de Lacan (qui lui-même sera influencé à son tour par ces deux auteurs dans ses toutes dernières productions, lorsqu’il abandonnera définitivement le primat du symbolique œdipien) (6). la domination sociale n’est nécessitée par aucune loi structurale. Mieux encore, l’analyste doit s’interroger sur les moments où le pouvoir tzariste ne trouve plus les relais inconscients nécessaires à la reproduction de sa domination. Pourquoi les lois et la violence objective imposées par le pouvoir tzariste se révèlent-elles à un moment inefficaces au point que ses sujets ne s’y reconnaissent plus, et désirent autre chose que d’être dominés ?
C’est que l’Œdipe comme le désir doivent être compris en rapport à des formes historiques et sociales concrètes. Le sujet est transi par l’aliénation du réel sexuel dans l’histoire et ce sont bien plutôt les constructions symboliques et imaginaires qui sont justiciables d’être comprises par les phénomènes de la jouissance propre au réel.
Lénine à l’épreuve de la psychanalyse
À propos des révoltes de 1905, Lénine remarquait : « Le soldat était plein de sympathie pour la cause des paysans ; ses yeux brillaient à la seule évocation de la campagne. Plus d’une fois dans les troupes, le pouvoir était passé aux mains des soldats, mais presque jamais cette situation n’a été vraiment exploitée ; les soldats hésitaient, quelques heures après avoir tué un supérieur détesté, ils rendaient la liberté aux autres, entamaient des négociations avec les autorités, puis se laissaient exécuter et fouetter, et acceptaient de nouveau le joug… » (7). Comment rendre compte d’un tel phénomène, se demande Reich, citant cette remarque perplexe de Lénine ? Pour Reich, la théorie psychanalytique doit intervenir dans le prolongement de l’investigation marxiste. En effet, les soldats renoncent au nom d’une autre force, qui est d’autant plus improbable et difficile à penser que non seulement elle ne se résout pas à la répression sociale objective de classe, mais surtout elle va même à son encontre directe. L’aporie est praxique : alors même que plus aucune contrainte extérieure ne retient les soldats, puisque ce sont eux qui par leur lutte les ont abattues, ces mêmes soldats renoncent par eux-mêmes à leur émancipation politique et viennent se rendre à leurs chefs pour être fouettés et exécutés. La psychanalyse peut apporter ses lumières et éclairer les rapports de production de classes et de soumission en général, surtout lorsque le renversement de ces rapports échoue du fait de ceux-là mêmes qui s’étaient pourtant explicitement et consciemment donnés pour but de le faire. Si les soldats abandonnent leur projet sans la pression d’aucune force externe, c’est qu’il faut bien constater qu’une force interne est à l’œuvre et caractérise leur vie psychique. Reich sur cette question est bien freudien : « (…) Les marxistes vulgaires passent, sans y prêter attention, à côté de tels phénomènes qui ne les intéressent pas et qu’ils ne peuvent expliquer parce qu’ils ne sont pas explicables par les seuls arguments économiques. la théorie freudienne serre la vérité de bien plus près, quand elle explique un tel comportement par le sentiment de culpabilité, acquis pendant l’enfance, à l’égard de toutes les personnes représentant le père » (8).
Florent Gabarron-Garcia
Psychanalyse du cuirassé Potemkine : désir et révolution, de Reich à Deleuze et Guattari / 2012
Extrait du texte publié dans Actuel Marx n°52
Site d’Actuel Marx : cliquer ICI
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Dziga Vertov
l’Homme à la caméra / 1929

1 F. Guattari, les Années d’hiver, Paris, Les Prairies ordinaires, 2009.
2 On connaît l’engagement praxique de Reich auprès des ouvriers, mais il en est de même pour Deleuze et Guattari : il s’agit de fonder une « psychiatrie matérialiste » (G. Sibertin-Blanc, Deleuze et l’Anti-Œdipe. La production du désir, Paris, PUF, 2010). Au-delà de la présente étude, il conviendrait d’exhumer les problèmes essentiels de ce courant psychanalytique majeur largement mis à l’écart ces dernières années : de Castoriadis à l’eEcole de Francfort, l’école culturaliste (Mead, Fromm, Sullivan), le courant de psychothérapie institutionnelle (Tosquelles, Oury, Bonnafé, Guattari) et anti-psychiatrique (autour de Basaglia en Italie, et de Cooper et Laing en Angleterre) etc, et de repérer également les précurseurs de cette tentative d’articulation de la clinique au politique : d’Otto Gross à Ferenczi (engagé dans la révolution hongroise), ou encore l’entreprise autour de la clinique de Berlin.
3 W. Reich, Dialektischer Materialismus und Psychoanalyse (1933), trad. fr. in La crise sexuelle, Paris, éditions sociales, 1933 ; W. Reich, La Psychologie de masse du fascisme (1929), Paris, Payot, 2001.
4 G. Deleuze, F. Guattari, L’Anti-Œdipe. Capitalisme et schizophrénie, Paris, Minuit, 1972, p. 37.
5 Au-delà de la pertinence du livre de Robert Castel, Le psychanalysme, l’ordre psychanalytique et le pouvoir, Paris, Maspero, 1973, le psychanalysme participe de la domination et de la fabrication de « l’idéologie » en un « sens marxiste classique » comme « ensemble des productions idéelles par lesquelles une classe dominante justifie sa domination » (L. Gayot, « L’idéologie chez Marx : concept politique ou thème polémique ? », Actuel Marx, n° 32, Paris, 2007).
6 F. Gabarron-Garcia, « L’Anti-Œdipe, un enfant fait dans le dos de Lacan, père du sinthome », Chimères, n° 72, Paris, Difpop, 2009, pp. 303-320.
7 Lénine, Sur la religion, cité in W. Reich, La psychologie de masse du fascisme, op. cit., p. 68.
8 W. Reich, La psychologie de masse du fascisme, op. cit., p. 68.

Le Dossier 57-C / Marco Candore

« Toute l’écriture est de la cochonnerie. »
Antonin A., schizophrène dangereux à Marseille, Mexico, Ville-Evrard, Rodez, Paris.

Note : les hyperliens des notes continuent le jeu de piste, ce texte est en extension permanente.

C’est en 2009, à Prague, que London Smooth1 rencontre secrètement Vladimir H.2 par l’entremise de Lenka B., bibliothécaire à Paris. Au cours de l’entretien, qui a probablement lieu en fin de matinée au Grand Café Orient de la Maison à la Madone noire3, H. remet à Smooth une enveloppe de papier brun d’un format 13×21 contenant un manuscrit inconnu de 158 pages noté J.-K. / F.-B.4. Sur le document on peut lire, en exergue , écrit à la main (comme l’ensemble du manuscrit) : « Ne cherchez pas ».
Le texte est constitué de strates, « couches » et sédiments, architecturé en parties / séries répétitives. Sa forme se veut poétique et présente tous les traits du cryptogramme et du jeu de piste5.
L’existence d’un auteur unique est douteuse : si le manuscrit, visiblement inachevé, ne semble comporter qu’un seul type d’écriture, celle-ci peut n’être, tout simplement, qu’un travail de copiste. Quant à sa datation, on peut raisonnablement l’estimer autour des années 1910-1930 – et peut-être s’écoulant sur toute cette période -, mais sans plus de précision ; écrit en plusieurs langues (Allemand, Anglais, Yiddish, Araméen, et au moins trois langues ou dialectes inconnus) les problèmes de traduction sont considérables et ne concourent pas à résoudre le problème6.
Le manuscrit répète cent onze fois une série polyglotte, un procédé, voire une procédure, à chaque fois composé(e) de six « couches évanescentes » imperturbablement ponctuées par une « suite potentielle »6 bis.
Plus étrange, le document n’est pas sans présenter de troublantes similitudes avec plusieurs œuvres littéraires antérieures ou postérieures au dit manuscrit. Ainsi, la version théâtrale de l’Augmentation de Georges Perec7, composée de six « personnages » / formes rhétoriques plus une septième, la Rougeole, qui sort du cadre de la rhétorique et fonctionne sur le mode de la contamination, de l’excès proliférant ; dans la « neuvième série », la « sixième couche » et sa « suite potentielle » ne sont pas non plus sans rappeler le début de Bouvard et Pécuchet de Flaubert8, mais un Bouvard et Pécuchet atonal, beckettien9 ; la « quatrième couche » peut aussi bien évoquer Finnegans Wake de Joyce50. Les autres séries fourmillent d’exemples tout aussi troublants, où l’on peut tour à tour « reconnaître » (?) Don Quichotte, le Tristram Shandy de Sterne 10, le Coup de dés de Mallarmé, la « canaille » Abou’l-Qâsim Ibn-’Ali al-Tamîmi d’Abou Moutahhar Al Azdi, dans un ouvrage sulfureux du XIème siècle jamais publié dans le monde arabe, seulement édité en langue française à la fin du XXème siècle51.
Les « auteurs » pré-cités auraient-ils compté parmi les « initiés » d’une invisible confrérie mondiale, trans-historique et cosmopolite ? Ou aurions-nous affaire à une triste vérité de plagiats, de monstrueuses escroqueries littéraires ? Comment expliquer ces télescopages de l’espace et du temps ? Ou bien le texte plongerait-il tout lecteur dans un délire de sur-interprétation, lui tendant un redoutable piège en face-à-face, en jeux de miroirs, renvoyant à l’image de l’iceberg, de l’archéologie et autres cartographies de la psyché ?
En tout état de cause, tout indique une intention à faire de l’Infini une œuvre ; l’ambition d’un document délibérément interminable.
Au cours des mois suivants London Smooth se consacre assidûment à l’étude du manuscrit, sans toutefois parvenir à en décoder le sens profond – ou sa fonction. Canular, squelette d’un Léviathan littéraire, ou trompe-l’œil, masque de toute autre chose ?
C’est à la British Library, en 2010, que Mr. Stoned, archiviste, « recommandé » par H. dans son poème codé le Chemisage de la nubilité ou la planification de Thétis (traduction : Lenka B., bibliothécaire à Paris)11 livre à Smooth un second manuscrit, similaire dans sa forme (111 séries constituées de 6 « couches » et d’une « suite potentielle », écrites dans les mêmes langues), mais plus ancien (XVIIIème siècle) et dont l’ordre des « couches » est inversé. Il est signé de « Julio-Felix Castanedeleza »12, accompagné d’un tableau chiffré13, qui, par bien des aspects, n’est pas sans présenter de troublantes similitudes avec les travaux ultérieurs de Jean-Pierre Brisset, chef de gare, linguiste, spécialiste en grenouilles et origines humaines14.
Les deux documents, mis en regard, forment un gigantesque palindrome15. Décodé (partiellement) à l’aide du tableau chiffré, émerge alors un autre texte dont on peut avec certitude attribuer la paternité à Klaus Maus, anthropologue et ethnologue16, au titre interminable et énigmatique : le Triangle du lieu-non-lieu de la Sagesse : Yaqua, la Communauté inconnue des Douze sons ou la série infinie. Le Territoire nomade ou Mille Padoks, l’ordre du chaos révélé.
Il y est question, semble-t-il (bien que « décodé », le texte demeure largement abscons), de la vie sous toutes ses formes. Des descriptions peu compréhensibles de « visions » mais aussi de pures sensations donnent corps à une approche cosmogonique évoquant la physique quantique et une psyché collective littéralement sur-humaine, inconnue. L’ensemble – si l’on peut dire, car ce « rapport poétique » est ouvert sur l’infini, pouvant se lire dans une multiplicité d’ordres qui rejettent à chaque fois les dés – constitue une « cuisson du hasard », une sorte d’ADN cosmique et textuel en perpétuelle métamorphose.
Au début de l’année 2011, Manola A., philosophe à Paris, sollicite London Smooth à faire part de l’état de ses travaux au colloque « Ecosophie » de Nanterre, non loin des tours Aillaud17.
Mais il ne pourra produire cette communication, car il disparaît dans la nuit du 15 au 16 mars – soit la veille dudit colloque -, au cours de laquelle il aurait été aperçu en grande conversation au sujet des Demoiselles d’Avignon avec une jeune femme blonde18 sur la plateforme arrière d’un autobus de la ligne Z19.
Seules quelques notes éparses, au rapport probable avec cette affaire, sont retrouvées le 1er avril, dissimulées sous la machine à calculer de Blaise Pascal, au musée des Arts et Métiers, par Kadidiatou C., technicienne de surface à Paris.
L’enquête, menée par l’agent de police 57-C, est rapidement classée. La piste officiellement retenue est la « fuite probable à l’étranger pour cause de surendettement ».

FICHE ANNEXE (source : notes de London Smooth – les notes à l’intérieur de la fiche sont de la rédaction). En 1912, Klaus Maus20 découvre involontairement21 une micro-région inexplorée22 de l’Amazonie23. L’événement est rapporté dans son carnet de bord24 en date du 16 novembre 191225. L’anthropologue y désigne alors26 le territoire27 et sa population28 d’un même nom, Gemeinschaft II29 ou G2. L’ethnie de G2 semble n’avoir aucun lien de parenté, même lointain, avec les autres groupes peuplant cette partie septentrionale de la forêt amazonienne30. Les habitants de G2 sont décrits31 comme n’étant de toute évidence pas indiens32 et leur langue ne ressemble à aucune autre connue33. Sa découverte est, dès son retour en Europe, le 28 juin 191434, classée Secret-Défense par le roi Boris IV35 et Klaus Maus disparait mystérieusement le 1er août, à seize heures, au cours d’un déjeuner sur l’herbe36. Ses notes et effets personnels ne seront – partiellement – retrouvés que bien plus tard, en France, chez Jacques L., psychanalyste à Paris, dans un container à double fond dissimulé derrière un célèbre tableau lui-même masqué par un cache dont la réalisation est attribuée à son beau-frère37. Cependant sa découverte n’est pas révélée et le coffre blindé, dont l’ouverture est commandée par un mécanisme complexe et sophistiqué38, est rapidement égaré. Dysfonctionnement bureaucratique de la haute administration, guerre des polices ? Toujours est-il qu’on retrouve sa trace en 2004 au cours d’une retentissante affaire. C’est dans le mécanisme de l’horloge monumentale du Panthéon récemment restaurée39, qu’un nano-theremine40 placé là par une jeune mexicaine perforative et performante, Auxilio L.,41 envoie ses ondes42 en direction de l’église Saint Germain-l’Auxerrois. Les fouilles, menées dans le plus grand secret sous la crypte de l’église, permettent la mise à jour du container43, habilement dissimulé dans l’ossuaire-reliquaire de Marie l’Egyptienne ou Sainte Marie d’Egypte44. Afin d’apaiser les tensions historiques, vives et anciennes, entre la France et la Bordavie, les autorités de la toute jeune Oligamonarchie française45 remettent le coffre à la toute récente République de Bordavie46 dans une valise diplomatique le 23 novembre 200747, signe d’une ère diplomatique nouvelle entre les deux pays48.
Marco Candore
le Dossier 57-C / avril 2012
Publié dans Chimères n°76 / Ecosophie
Le jeu de piste continue, entre autres, sur Mécanoscope.

1 London Smooth (1959 – ?), philologue à Paris, Londres, Bâle, Turin, Mexico. Ouvrages principaux : Introduction critique à l’Echo-Phobie, Pouf, Paris, 2001, et Langues chargées, Bouches inutiles I et II, Paf, Turin, 1998 et 1999, trad. Federico Bolcevita.
2 Vladimir H., poète tchèque, 1905-2009, oeuvre majeure : La Nuit avec moi, 1964, Prague, traduit en langue française par Lenka B., éd. Benef, Paris, 1972.
3 Voir la note de frais, archives personnelles London Smooth.
4 La mention J.-K. / F.-B. n’apparaît qu’une seule fois, en haut du feuillet n° 1 du document. Rien ne permet d’affirmer qu’il s’agit là de l’auteur, ou des auteurs, cette mention pouvant désigner son ou ses propriétaires, le ou les copistes, ou toute autre chose. Les 79 feuillets ne sont pas reliés entre eux mais les pages sont, heureusement, numérotées (il ne manquerait plus que ça, ndlr).
5 voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-111-9-1.html
6 « Nous avons un problème », notes préparatoires à l’ouvrage inachevé de Smooth, Les Idiomes démarrés, carnet noir n° 7, page 92. Extrait sous forme d’auto-entretien, voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-ls-lid-cn-7-92.html
6 bis voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-111-9-666666.html
7 voir  : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-2817-1982.html
8 voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-1872-1931-36.html
9 voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-1906-1946-1989.html
50 Il y a des sauts dans le texte, d’où cette note n°50.
10 voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-1760-70.html
51 Voir note 50.
11 http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-bb-jlb.html
12 Pseudonyme à peine masqué désignant de toute évidence Julio Deleza-Milplata (1725-1795) et Felicio Gastanetari (1730-1792), auteurs d’ouvrages ésotériques dont le célèbre et énigmatique L’Ethique à mots couverts (Bibliothèque nationale de Mexico) ; voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-17-25-95-30-92.html
13 voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-ls-1-618-033-989.html
14 http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-bkkx-jpb.html
15 voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-ls-0000100120020110111121120220122.html
16 voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-km.html
17 L’objet d’étude de Smooth étant des plus obscurs, on peut cependant déduire de sa participation attendue à ce colloque qu’il devait bien s’agir, peu ou prou, d’écosophie : voir à ce sujet Yaqua, le Peuple du Moteur halluciné, notes de Smooth, voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-ls-y-pmh.html
18 Sur ce point les témoignages divergent : voir http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-zzz-433433433.html
19 Afin de préserver la tranquillité des riverains, la lettre désignant l’autobus a été changée.
20 Voir note 16.
21 Voir note précédente.
22 Par définition, il est impossible d’en dire davantage. Voir à ce sujet les travaux de Stanley Living-Beck, Comment je n’ai pas retrouvé le Peuple manquant, British Library, 1871, trad. tardive, Manola A., très jeune philosophe à Paris, 1972.
23 Voir une carte du monde.
24 Voir le carnet de bord.
25 Cette date correspond sans doute à un anniversaire.
26 C’est-à-dire : à cette date-là.
27 Voir note 22.
28 Voir plus loin.
29 Il s’agit bien sûr des Yaquas.
30 Les croquis et descriptions de Maus ne laissent planer aucun doute ; voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-km-y.html
31 Voir note précédente.
32 Voir note précédente.
33 Voir note précédente.
34 Une spectaculaire opération de diversion est orchestrée ce jour-là, afin de masquer l’événement essentiel : les révélations que Klaus Maus s’apprêtait à faire.
35 Boris IV, roi de Bordavie, 1863-1883-1953, dit « le Mentaliste » ; voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-b4rdb.html
36 Amoureux de la nature et échangistes, Klaus Maus et son ami Arnø Nøss pique-niquent régulièrement en compagnie de leur(s) épouse(s). Le jour de sa disparition est réitéré le procédé décrit à la note 34, à moins que ce ne soit cette fois une coïncidence.
37 Bricoleur, et peintre à ses heures.
38 Au point de nécessiter l’intervention de plusieurs spécialistes.
39 Par l’heureux bénévolat d’un groupe de jeunes gens dynamiques et généreux.
v. http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-uguxlkmp.html
40 Modèle extrêmement réduit, pouvant tenir dans une petite boîte d’allumettes, à condition, bien sûr d’avoir ôté les allumettes.
41 Poétesse d’inspiration réal-viscéraliste ; voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-alrb-53-03.html.
42 voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-c1-3741510-16-wm2sr-1-c1-1-1-90510.html
43 Encore une fois avec l’aide de spécialistes.
44 voir : http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-v-12-29-47.html
45 Aux Délices de Paris, Mille ans de bonheur et de prospérité à partir de l’an 2007, Année du Cochon, Xu Xi Xao, éditions de Pékin.
46 La Bordavie est entrée dans le concert des nations démocratiques le 21 avril 2002 avec la « Révolution des Œillades ».
47 Le même jour a lieu un procès retentissant, manoeuvre de diversion ou coïncidence, voir notes 34, 36, 39, 41, cela commence à faire système et cela fatigue un peu aussi.
voir http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-c70.html
48 .
49 Pas d’origine à la note 49.
v. http://ledossier57c.blogspot.com/2011/12/57-c-49.html




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