Archive pour le Tag 'putes'

Page 2 sur 2

Un tournant réactionnaire et nationaliste / Morgane Merteuil et Rokhaya Diallo

Depuis quelques années, de manière étrange dans un pays toujours dominé par un intense sexisme, la question des violences faites aux femmes fait l’objet d’une attention particulière, jamais leur corps n’a autant fait parler. Des diverses lois prohibant le port du voile par les femmes musulmanes à la volonté d’abolir la prostitution, rarement la nécessité de protéger la dignité des femmes n’a autant monopolisé le débat public.
Mais, si l’on y regarde de plus près, on remarque que ce n’est que la condition de certaines femmes qui focalise toutes ces attentions : des femmes majoritairement non blanches et issues des couches les plus pauvres de la société.

un sentiment de supériorité
Cependant, ce n’est pas une réflexion globale sur les mécanismes de domination de ces classes non privilégiées que leur condition provoque ni une dénonciation générale des industries dans lesquelles les femmes étrangères et/ou non blanches sont sureprésentées, mais un sentiment de supériorité de la part d’une catégorie privilégiée de femmes, qui s’arroge le droit de leur expliquer ce qui est bon pour elles.
Que des femmes choisissent d’embrasser l’islam et de manifester cette appartenance en portant un foulard ou un voile, tandis que d’autres décident de gagner leur vie en se prostituant semble inconcevable. Quant au respect de la liberté de conscience ou du droit d’exercer son travail dans les meilleures conditions possible, aucune de ces féministes ne semble croire qu’il s’applique aux prostituées ou aux musulmanes voilées.
Si l’oppression des travailleurs pauvres et précaires, les dommages physiques et mentaux infligés par la pénibilité du travail et les violences contre les femmes doivent êtres combattus, cela ne peut se faire sans la contribution des premier(e) s concerné(e)s.
Les féministes, qui ont lutté pour l’émancipation des femmes, ont permis la reconnaissance d’un droit fondamental permettant aux femmes de disposer de leur corps. Certaines d’entre elles seraient-elles indignes de faire valoir ce droit essentiel?
Aux prostituées et aux femmes voilées traitées comme des mineures, incapables de comprendre les enjeux de leur propre libération, on ne laisse aucune option : leur choix ne peut en être un, seules les femmes privilégiées qui ne partagent pas leur condition seraient à même de décider pour elles.

le racisme institutionnel
Comment pourraient-elles évaluer leur degré de domination, sans les ressources intellectuelles de leurs « sauveuses », convaincues d’être plus à même de décrypter la complexité du monde et de dénoncer leurs oppresseurs…
L’oppresseur qu’on s’empresse de dénoncer en chœur lorsqu’il apparaît comme un autre, étranger, menaçant l’ordre républicain (réseaux de proxénétisme, réseaux terroristes), mais qu’on s’empresse de rendre invisible lorsqu’il n’est autre que la République française, à travers le racisme institutionnel et la violence des forces de l’ordre dont pâtissent les populations les plus fragiles.
A la fois éternelles victimes et résolument coupables, ces femmes ne peuvent porter un discours sur elles-mêmes, lutter pour faire reconnaître la légitimité de leur choix, de leur stratégie sans être immédiatement accusées de n’être que des agentes de l’intégrisme ou du proxénétisme. Renvoyant les prostituées comme les femmes voilées à une altérité indépassable, ce féminisme condescendant refuse de considérer ces femmes comme les égales des femmes blanches, non musulmanes, non prostituées.
Parce que, au lieu de se battre pour l’acquisition de droits égaux pour les femmes rendues vulnérables par des lois discriminatoires, il encourage la répression, la précarisation et l’exclusion de l’espace public de femmes en majorité non blanches et précaires, sous prétexte qu’elles sont trop ou pas assez vêtues, ce féminisme ne sert qu’une politique réactionnaire et nationaliste à l’opposé de l’émancipation collective qu’il nous promet.
Morgane Merteuil et Rokhaya Diallo
Un tournant réactionnaire et nationaliste / 2013
Publié dans le Monde le 28 novembre 2013
Morgane Merteuil est travailleuse du sexe et militante, porte-parole du STRASS
Rokhaya Diallo est Journaliste et auteure

À lire sur STRASS :
Les prohibitionnistes en rêvaient, les « abolitionnistes » l’ont fait !
Une commission spécialement putophobe
et sur le Silence qui parle :
Nous ne sommes pas vos putes
Le viol des putes, et leur parole
Lettre ouverte du Collectif « 8 mars pour toutes » au NPA
NudeRevolutionary_Calendar_2012-13

Dimanche 16 décembre – Marche pour l’égalité : rejoignez le Pink Block !

Osons une lutte qui en soit une… car nous en sommes !
Rejoignez le bloc contre l’instrumentalisation de nos identités et de nos combats !

Nous, féministes, gouines, trans, bi-e-s, pédés, antifascistes, psychiatrisé-e-s, séropos, asexuel-le-s, queers, anormaux-ales, masochistes, poly(in)fidèles, hystériques, avortante-s, intersexes, enculé-e-s, putes, travs, pornographes, et autres combattantes dénonçons le regain de respectabilité des discours des droites extrêmes, leur diffusion dans les médias et leur influence sur les prises de décision politiques.

Plusieurs semaines que des groupes réactionnaires manifestent contre l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples LGBT et déversent leur homo-lesbo-transpho- bie dans plus de 70 villes en France.
Plusieurs semaines que des personnalités religieuses comme politiques invoquent la sacrosainte « différence des sexes » pour refuser aux couples LGBT, aux familles homoparentales et/ou transparentales la reconnaissance juridique de leur existence.
Plusieurs semaines que le gouvernement dit «socialiste » se mure dans un silence complice quand il ne ménage pas explicitement la susceptibilité des opposant-e-s à l’égalité des droits. Ce n’est que lorsqu’ils émanent d’une organisation musulmane (Union des Organisations Islamiques de France) que ce gouvernement se prononce contre des propos homophobes, dans la droite ligne étatique islamophobe en vigueur depuis des années.
Nous n’oublions pas que si nous nous battons encore aujourd’hui pour l’égalité des droits c’est aussi parce que le P«S» au pouvoir il y a 13 ans, déjà trop couard pour défendre réellement le PaCS en 1999, était surtout trop homophobe pour ouvrir le mariage et la filiation aux couples LGBT. Ces atermoiements du gouvernement ne peuvent que nous rappeler toutes les trahisons d’un parti qui se situe dans la continuité du gouvernement de Nicolas Sarkozy. Nous n’oublierons pas :
- l’enterrement du droit de vote des étrangers aux élections locales
- la limitation du nombre de régularisations alors que le gouvernement se gargarise d’avoir élargi les critères ouvrant le droit au séjour
- l’abandon du récépissé après contrôle d’identité
- les expulsions de Rroms plus effrénées encore qu’il y a deux ans
Nous vomissons également le tout-répressif gouvernemental qui maintient les lois sarkozystes sécuritaires et racistes, de l’interdiction de porter le voile intégral au délit de racolage passif.
Nous dénonçons l’attitude du P«S» face au militantisme radical, qui à Notre-Dame-des-Landes comme face à un groupe d’activistes transpédégouines à Besançon, ne consiste plus qu’en des invectives et des fantasmes sur un supposé « terrorisme ».
Si tant est que nous imaginions échapper au pire avec l’élection de François Hollande, nous n’avons aujourd’hui plus aucune illusion.
À l’heure où, comme à son habitude, le P«S» tâtonne, recule et rame, les principales organisations LGBT font preuve d’une naïveté complaisante et consternante, incapables de s’insurger contre ces méthodes réchauffées.
Permettre aux plus respectables des gays et des lesbiennes de gravir un échelon sur l’escalier de l’hétéronation constitue pour le P«S» un moyen de masquer les effets de ses politiques racistes, islamophobes, sécuritaires et libérales, y compris au sein de nos communautés.
Ne soyons pas dupes: les discours intégrationnistes portés par ces associations, et inlassablement répétés par une InterLGBT rêvant de nous endormir, promeuvent un modèle de « citoyenneté » vichyste et un idéal de vie ultra- normé. Leur combat pour le mariage et l’adoption s’adresse en réalité aux homocitoyen-ne-s français-e-s, en couple, fidèles, porteur-euse-s d’un projet de parentalité à deux, et payant des impôts.
En faire l’alpha et l’oméga de la lutte contre l’homophobie
et contre toutes les inégalités dans le monde, c’est se désolidariser complètement des autres minorisé-e-s, sans- droits, précarisé-e-s et criminalisé-e-s.
Nous constatons que les associations LGBT mainstream se targuent aujourd’hui d’avoir toujours lutté contre les « discriminations», alors même que :
- elles puisent dans l’imagerie nationaliste la plus vomitive, cherchant à draper la « fierté LGBT » dans les plus beaux atours du patriotisme franco-citoyen (1)
- elles gardent un silence complice depuis toutes ces années sur les dégâts des politiques de répression des travailleur-euse-s du sexe
- elles cautionnent le racisme et l’islamophobie d’Etat, comme a pu le démontrer le refus de l’interLGBT d’intégrer HM2F (Homosexuel-le-s musulman-es de France) sous des prétextes fallacieux
- elles font preuve d’une transphobie et d’un cis-sexisme brutaux et ordinaires, en refusant systématiquement d’inclure des questions trans et bi dans leur agenda exclusivement centré sur les doléances gays et lesbiennes
- elles refusent d’inclure la lutte contre le sida dans leurs revendications, arguant que se montrer solidaires des trans, gouines, bi-e-s et pédés séropositif-ve-s serait trop «stigmatisant».
Nous ne débattrons plus pour obtenir des droits qui nous reviennent. Nous ne cautionnerons pas un discours homonationaliste et autocentré. Nous ne laisserons plus le P«S» nous faire miroiter une loi a minima. Nous refusons de voir ces droits se négocier sur fond de politiques droitières et de dis- cours faisant la part belle à la «citoyenneté» et au nationalisme.

Rejoignez-nous pour former un bloc inclusif dans la marche pour l’égalité le dimanche 16 décembre départ à 14H à l’angle des boulevards Richard-Lenoir et Beaumarchais

1 En 2011, l’affiche choisie par l’InterLGBT pour représenter la Marche des Fiertés LGBT de Paris représentait un coq entouré d’un boa. Le mot d’ordre était « Pour l’égalité, en 2011 je marche, en 2012 je vote ».
fichier pdf affiche16decembre
Dimanche 16 décembre - Marche pour l’égalité  : rejoignez le Pink Block ! dans Action 16-decembre-pink-block

12



boumboumjames |
femmeavenirhomme |
Toute une vie... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Warhol l'avait dit...un qua...
| juliette66
| les bonnes "occaz" de Murielle