Archive pour le Tag 'philosophie'

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Théâtre, performance, philosophie / colloque international 26-27-28 juin 2014 / Paris-Sorbonne / organisé par Flore Garcin-Marrou, Anna Street, Julien Alliot, Liza Kharoubi

Suite au succès du colloque « Images et fonctions du théâtre, dans la philosophie française contemporaine », qui s’est déroulé les 19-20 octobre, et 23-24 novembre 2012 à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, l’équipe du LAPS souhaite continuer en 2013-2014 d’explorer la relation Théâtre & Philosophie, mais cette fois-ci, à l’aune de la philosophie américaine.

En ces temps où les flux d’informations, la circulation de biens et de personnes s’envisagent à l’échelle mondiale, les frontières physiques, culturelles ou conceptuelles qui déterminent et délimitent certains domaines de recherche deviennent inexorablement dynamiques. Cela se vérifie dans la recherche académique, et notamment lorsque l’on s’intéresse à la relation entre la philosophie et les arts de la scène. Les distinctions entre ces disciplines sont bousculées, réévaluées. L’agir scénique acquiert une valeur philosophique. Le théâtre et la performance donnent alors l’idée d’une philosophie en acte.

Pensé dans la continuité du colloque international « Images et fonctions du théâtre dans la philosophie française contemporaine » (ENS Ulm, org. CIEPFC, Dimitra Panopoulos, Flore Garcin-Marrou, 10-11/2012), ce prochain événement se propose de continuer à questionner le lien problématique entre théâtre et philosophie, cette fois-ci à l’aune des perspectives anglo-américaines. De nouveaux croisements, de nouveaux transferts entre l’idée et la scène, l’abstrait et le concret impliquent un changement radical de perspective sur la philosophie et la performance. Le nouveau champ de recherche baptisé Performance Philosophy en anglais et Philo-Performance en français, met en valeur cette aspiration à incarner et dramatiser des idées.

Dans un premier temps, ce colloque vise à mettre au jour des corpus traitant de la question théâtrale encore peu étudiés en France. Dans un deuxième temps, cette prospection nous conduit à opérer un véritable tournant scénique. Au-delà du théâtre pensé comme référence littéraire ou comme concept opératoire, il s’agit de comprendre comment les philosophes anglo-américains peuvent nous communiquer une idée de la scène contemporaine, en tant que lieu physique, concret et vivant, théâtral et/ou performatif.

Le colloque est organisé dans le cadre du Labo LAPS, groupe de recherche indépendant dont les diverses activités (séminaire, résidences, laboratoires pratiques) portent sur le lien théâtre/philosophie. Il est soutenu par la Mairie de Paris, le FIR de l’Université Paris-Sorbonne, les laboratoires VALE et PRITEPS (Paris-Sorbonne), CERILAC axe EMOI (Paris-Diderot), ICTT (Avignon, Pays de Vaucluse), HARp (Paris-Ouest), CIEPFC (ENS Ulm), l’Institut des Amériques et Air France, en partenariat avec le réseau international Performance Philosophy.

→ Lire le programme

invités confirmés :
Judith Butler (University of California at Berkeley)
Alphonso Lingis (Pennsylvania State University)
Catherine Malabou (Kingston University)
Jon McKenzie (University of Wisconsin–Madison)
Martin Puchner (Harvard University)
Avital Ronell (New York University)

tpp2014.com

labo-laps.com

floreblog.com

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photo : le Corps collectif

Lutte des rêves et interprétation des classes / Max Dorra

Démontage d’un tour d’illusion.
L’assassinat dans une chambre fermée de l’intérieur, type même du crime parfait, décourage d’emblée toute enquête parce qu’il se présente comme impossible. Il en est de même, si l’on y songe, lorsque l’autre, de façon incompréhensible, par un mot, par un regard, nous tue. Or, il s’agit dans les deux cas d’un tour d’illusion. C’est ce que ce livre tentera de montrer.
Spinoza pensait que démasquer l’erreur ne suffit pas,encore faut-il dissiper l’illusion. « Pourvu que je puisse réfléchir à fond », écrivait ce clinicien de l’imaginaire. Et il jetait les bases d’une nouvelle rationalité. À la démarche spinozienne, ce livre propose d’associer la méthode freudienne de l’association libre.
La parole alors, parfois, livre ses secrets. Parler, en effet, c’est adapter son vocabulaire, sa mimique, ses intonations à l’autre en face de soi. Et puis, les mots que l’on prononce, les lester, en douce, de ses souvenirs, de ses émotions : leur donner du sens. C’est aussi, avouons-le, chercher à obtenir de l’interlocuteur une connivence que nous guettons dans son regard ; conforter notre image, dont la valeur à nos yeux fluctue sans cesse dangereusement. Cette finalité – être reconnu, réassuré –, nous la méconnaissons. De même ne pouvons-nous saisir le sens réel de nos paroles qu’après coup. Encore faudrait-il laisser venir, librement, nos associations.
Un front de libération des associations, tel est en effet l’enjeu de la lutte des rêves. Une résistance : celle de notre passé, de notre mémoire aux structurations plus ou moins appauvrissantes, aux montages plus ou moins angoissants, dans lesquels l’indispensable négociation avec l’autre, le passage par sa tonalité risqueraient de nous incarcérer. Car, appliquée aux rêves, la méthode de la libre association, la plus géniale de toutes les inventions freudiennes, fait de nous de véritables Houdini – magicien, roi de l’évasion –, capables de déjouer les faux huis clos, de démasquer le caractère illusoire de bien des enfermements.
« L’illusion joue un rôle capital dans toutes les branches du savoir humain ; innombrables sont les fausses vérités qui infestent nos connaissances et qui ne doivent leur existence qu’à l’illusion. J’attribue, pour une grande part, à l’étude des traités concernant l’illusionnisme, ses procédés, ses modes d’infiltration dans notre esprit, le fait que maintes fois, dans ma longue carrière, il m’est arrivé de redresser des notions classiques grâce aux disciplines que je dois à cette étude. »
Ce texte est d’Auguste Lumière qui, avec son frère Louis, invente le cinéma en 1895. L’année même où Freud, qui interprète pour la première fois l’un de ses rêves, entre par effraction dans l’histoire de la philosophie.
Max Dorra
Lutte des rêves et interprétation des classes / 2013
Écouter la discussion à propos du livre : les mardis de Chimères
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horloge neons

Des voix en faveur des animaux – Une fantaisie sur la représentation des animaux / Peter Sloterdijk (texte inédit) / Chimères n°81 / Bêt(is)es

Le pré-monde dans le monde
Il est une séparation des pouvoirs (Gewalten) dont la philosophie politique ne sait rien. Nous devons à la mythologie grecque d’inoubliables intuitions (Intuitonen) quant aux drames primitifs qui se jouent dans les profondeurs entièrement voilées de l’Être bien avant qu’un quelconque monde ordonné puisse émerger. Si les êtres et les choses qui adviennent au monde (Welt-Geschehen) ne se laissent pas encore d’eux-mêmes représenter (darstellt) – comme voudra nous le faire croire par la suite une philosophie plus édifiante – au sein des cercles paisibles de l’ordonnancement de l’Être, mais déterminent bien plutôt une position (Stellung) dans l’affrontement des puissances (Mächte) cosmogoniques, alors chaque état du monde (Welt-Zustand), dans son actualité, ne peut être compris que comme une « posture » (Lage), au sens stratégique que ce mot revêt. Les âges du monde (Weltalter) et le canon des divinités portent l’empreinte de cet affrontement initial. Mêmes les formes politiques selon lesquelles s’organise la vie des hommes, leur existence au sein d’empires et de cités, reposent sur les fondements éphémères d’un ordonnancement de l’Être, lequel n’est que le résultat provisoire de l’affrontement formidable qui se joue dans les profondeurs entre les puissances (Mächte). Il est dans la nature des choses que les puissances colossales – celles-là mêmes que les Grecs attribuaient aux Titans – préparent leur percée, telle une source trop longtemps comprimée dans le sous-sol dont la puissance s’accumule pour jaillir brutalement. Les conteurs de mythes de la période classique étaient bien conscients que le règne des dieux olympiens sous le commandement de Zeus ne constituait rien d’autre qu’un compromis historique. Le monde antérieur au règne des dieux de l’Olympe, situé dans les profondeurs, où bouillonnent les éléments premiers et le titanesque, le surpuissant et le monstrueux, a été momentanément mis en sommeil, mais il peut à tout instant se réveiller ; il est recouvert par le vernis des images (Bilder) de la représentation du monde (Welt-Anschauung) qui a pris forme au-dessus de lui ; les abstractions (Abstraktionen) olympiennes le rendent difficilement perceptible.
Mais dans la mesure où les inventions techniques des dieux de l’Olympe sont utilisées par les hommes pour la commodité de la vie civilisée, en leur apportant stabilité et sécurité, la victoire des nouveaux dieux sur les anciens trouve dans l’établissement du monde des hommes une sorte de prolongement. Les hommes jouissent du statu quo en recueillant les fruits de la domestication du monstrueux. Ils mettent dans leurs fourneaux l’élément volcanique – le feu ; ils transportent la mer dans leurs cruches ; ils laissent la tempête se déchaîner dans leurs voiles ; ils offrent l’occasion à la Terre mère d’exercer ses pouvoirs de croissance dans leurs champs ; ils domestiquent les forces élémentaires de la reproduction pour mieux sélectionner les espèces animales.
Les conteurs de mythes n’ignoraient pas que l’ordre paisible du règne olympien n’était qu’un simple cessez-le-feu, conquis de haute lutte aux temps préhistoriques de la guerre des dieux, qu’un nouveau soulèvement des puissances (Mächte) pré-olympiennes pouvait rompre à tout instant. La séparation des pouvoirs (Gewalten) n’est jamais achevée une bonne fois pour toutes, parce qu’elle est elle-même la bataille de formation du monde (weltbidende Streit). Il en va dans cette guerre mondiale de l’indemnisation des sans-part, de ceux dont l’existence est toujours ramenée au simple paraître (Schein) – il en va de la représentation (Repräsentation) du pré-monde dans le monde. Ce que l’on appelle la civilisation n’est jamais rien d’autre qu’une pause dans la bataille interminable qui oppose la puissance (Gewalt) des éléments au pouvoir (Macht) configuré.
La civilisation ne s’est-elle pas vue par là prescrire une tâche qu’il ne lui est pas possible d’accomplir ? Car si les éléments, comme forces pures et irréfléchies de la nature, précèdent toute représentation (Repräsentation), alors comment l’irreprésentable (Unrepräsentierbaren) peut-il se voir attribuer un lieu, une place, une voix, dans l’ordre représentatif (repräsentativen Ordnung) ? L’archaïque peut-il trouver une représentation (Vertretung) dans le monde contemporain, qui ne soit pas une manière de reconduire par d’autres moyens la mise sous tutelle initiale dont il a fait l’objet ?
Peter Sloterdijk
Des voix en faveur des animaux
Une fantaisie sur la représentation des animaux
/ 2014
Extrait du texte publié dans Chimères n°81 / Bêt(is)es

P. Sloterdijk / « Stimmen für Tiere. Phantasie über animalische Repräsentation ». Cet article a été initialement écrit pour accompagner le catalogue de l’exposition Herausforderung Tier : Von Beuys bis Kabakov qui s’est tenue entre le 15 avril et le 30 juillet 2000 à la Städtische Galerie de Karlsruhe. Il a été publié dans le volume éponyme dirigé par Regina Haslinger aux éditions Prestel (Munich-Londres- New York, 2000, p. 128-133).
Nous remercions Peter Sloterdijk de nous avoir gracieusement autorisés à en publier une traduction. / Comité de rédaction de la revue Chimères

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