Jeudi 31 janvier avait lieu la soirée inaugurale du site internet consacré aux écrits de Daniel Bensaïd. Organisée par l’association Daniel-Bensaïd, la société Louise-Michel et la revue Contretemps, la réunion a permis un salutaire retour sur une pensée toujours vivante et précieuse.
Devant un public nombreux, intellectuel et militant, une première prise de parole de Philippe Pignarre de la société Louise-Michel a permis d’évoquer la sagacité et la pertinence du penseur de la discordance des temps. Francis Sitel a ensuite présenté l’activité de Daniel autour de la publication Contretemps à laquelle il était très attaché. Point d’orgue de la soirée, Sophie Bensaïd a dans le détail présenté le site internet et ses multiples possibilités.
Site multilingue, celui-ci est découpé en cinq départements : articles, livres, multimédias, biographie et échos. Compilant des articles écrits entre 1968 (forcément…) et 2010, chacun d’entre eux est accessible dans un classement chronologique mais aussi dans le cadre d’un moteur de recherche multicritères (thèmes, mots clés noms propres). Les articles peuvent aussi être affichés, envoyés ou imprimés au format PDF.
Dans le reste du site, on trouve une présentation exhaustive de tous les livres de Daniel, une série de documents multimédias (audio et vidéo) où il est toujours plaisant de se replonger, une notice biographique accompagnée de photographies et bien d’autres choses encore. Pour conclure cette rapide visite, la rubrique « écho » présente les livres et contributions consacrées à l’analyse des travaux de Daniel après sa disparition.
Loin de figer la pensée du philosophe militant, ce site internet est un outil indispensable pour penser et analyser le monde afin de le transformer. « Pour bâtir une nouvelle société, solidaire et réellement démocratique, nous sommes déterminés à ne plus subir, à nous regrouper et à prendre parti » écrivait-il avec notre camarade Olivier Besancenot dans leur livre Prendre parti !. Un engagement qu’il a su insufflé au NPA dès sa fondation et qui reste toujours d’actualité.
Manu Bichindaritz
Publié dans Tout est à nous ! / février 2013
Site internet : http://www.danielbensaid.org/
Adresse mail : assosdanielbensaid@gmail.com
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ChèrEs camarades féministes,
Nous apprenons que lors de votre prochain Congrès du 1er au 3 février 2013 portant sur les questions féministes un débat aura lieu sur la prostitution à l’issu duquel nous comprenons qu’un vote décidera si le NPA se revendique comme abolitionniste, et s’il défend la pénalisation des clients des travailleuSEs du sexe.
Notre collectif féministe est connu pour rassembler des femmes dites minoritaires habituellement exclues des autres organisations féministes, dont notamment des travailleuses du sexe. Nous voudrions donc vous interpeller sur les risques politiques d’un tel vote.
Dans l’article de Tout est à nous du 3 janvier 2013 qui présente votre Congrès, vous posez la question de la « place pour la parole des prostituées elles-mêmes dans la mesure où leur expression est très difficile ». Nous voudrions donc vous rappeler en tant que parti participant à notre collectif que cette parole existe belle et bien, que vous pouvez l’entendre par exemple pendant nos réunions, où lors des manifestations auxquelles vous participez avec nous.
Il est dommage d’oublier, ou d’ignorer, l’existence de cette parole dont la difficulté de s’exprimer ne tient pas au manque de capacité politique des travailleuSEs du sexe, mais au refus délibéré de leur donner un espace politique pour les entendre. Votre Congrès aurait pu être l’occasion d’accorder un tel espace en invitant des membres de notre collectif.Si tel n’était pas le cas, nous aimerions savoir pourquoi, dans la mesure où nous avons déjà l’habitude de travailler ensemble sur des actions féministes communes.
Vous devriez savoir que les travailleuses et travailleurs du sexe s’organisent politiquement en France depuis 1975, qu’elles et ils militent dans de nombreuses associations que ce soit pour leur santé, la reconnaissance de leur travail ou contre leur criminalisation. La plus ancienne organisation encore existante a été fondée en 1989, il s’agit des Amis du bus des femmes. Qu’en est-il par exemple de leur parole ? Qu’en est-il aussi de celle du Syndicat du travail sexuel dit STRASS qui pourtant porte des revendications similaires au reste de la classe ouvrière ?
Ces paroles sont aujourd’hui multiples et incluent celles de femmes, d’hommes et de trans, celles de personnes françaises et migrantes, travaillant dans la rue, dans les industries du porno, du strip-tease, et d’autres secteurs. Qu’y a-t-il de si « difficile » à entendre dans leur expression ?
Cet oubli est politique. Il nous rappelle celui de la LCR sur d’autres questions de société au début des années 1970 quand les mouvements féministes et homosexuels l’interpellaient déjà. En tant que féministes nous ne devons pas reproduire envers les travailleuses et travailleurs du sexe ce que nous avons-nous-mêmes subi.
Nous sommes inquiètes car jusqu’à présent le NPA était un des rares partis à ne pas soutenir de politiques répressives à l’égard de la prostitution. Nous sommes même en accord avec l’ensemble des mesures d’urgence proposées afin que les personnes qui désirent arrêter le travail sexuel puissent le faire.
Nous déplorons cependant que rien ne soit proposé pour améliorer les conditions de travail des personnes qui désirent continuer d’exercer le travail sexuel hormis la fin de leur criminalisation qui n’est pour nous qu’un minimum requis.
En discutant d’une possible pénalisation des clients, vous vous rangez du côté des partis de gouvernement qui ont l’habitude d’utiliser l’appareil de la police et de l’Etat afin de régler des questions sociales. Cela nous surprend et nous fait peur.
Une telle politique ne serait en effet pas sans conséquences sur les travailleuses et travailleurs du sexe elles/eux-mêmes. La pénalisation des clients ne fera en rien disparaitre la prostitution. Les systèmes capitaliste et patriarcal continueront d’exister et de créer les conditions qui poussent de nombreuses personnes à préférer le travail sexuel à un autre travail.
Cette pénalisation risque au contraire d’empirer leur situation, la précarité, la clandestinité, le manque d’accès aux soins et à la prévention, les violences, les discriminations et le stigma.
La pénalisation des clients induit que les travailleuses et travailleurs du sexe ne seraient pas capables d’exprimer leur consentement face à un client et qu’il faudrait les protéger contre leur gré, en les empêchant de se prostituer. C’est pour nous une position éloignée du féminisme, car elle les essentialise en tant que victimes sans espoir au lieu de leur donner les moyens de leur émancipation.
Nous croyons dans le fait que la libération des travailleuSEs sera l’œuvre des travailleuSEs elles et eux-mêmes. Nous ne pensons pas qu’une intervention policière de l’Etat protègera les travailleuses et travailleurs du sexe mais au contraire risque de renforcer l’arbitraire du pouvoir policier, en particulier envers les personnes étrangères.
La pénalisation des clients nous semble également une mesure éloignée de l’abolitionnisme originel de Joséphine Butler qui si elle espérait un monde sans prostitution, avait toujours mis en garde contre la pénalisation de la prostitution. Nous pensons donc qu’il est possible d’être abolitionniste sur une base non répressive, et espérons que les militantEs de votre parti qui se positionnent comme telLEs ne choisiront pas sa tendance dite moderne et pro-pénalisation.
Nous vous demandons donc de rejeter toute pénalisation des clients et de favoriser plutôt des espaces où la parole ET l’écoute des travailleuSEs du sexe ne sera pas difficile. Nous vous invitons par exemple à participer à la manifestation du samedi 16 mars 2013 pour l’abrogation de la loi de sécurité intérieure (LSI), pendant laquelle vous pourrez rencontrer de nombreuSEs travailleuSEs du sexe.
Solidarités féministes,
Le collectif « 8 mars pour touTEs »
23 janvier 2013
Publié sur le site de STRASS
http://www.facebook.com/events/206934059431277/