Ces dernières années, le monde capitaliste a traversé des bouleversements dont il est encore difficile d’estimer l’ampleur. Au rythme des effondrements financiers, des occupations des places, des révoltes et insurrections, les mécanismes de domination sociale et politique sont contraints de se transformer – et tentent de s’imposer avec plus de férocité encore. Les forces de transformation sociale doivent penser la nouveauté des défis contemporains et l’urgence d’une réponse politique en vue de l’émancipation humaine.
Face à une crise d’une gravité sans précédent, les classes dominantes s’efforcent d’intensifier l’exploitation du travail humain et des ressources naturelles, mais aussi de développer des mécanismes de prédation et d’oppression en partie nouveaux, qui, dans les pays du Sud, se traduisent par la réémergence de modalités de domination de type quasiment colonial, y compris sur le plan militaire. L’enjeu est alors de bien saisir le redéploiement en cours du capitalisme et de sa conquête des temporalités et des espaces, non seulement dans les domaines de la production de richesses nouvelles, mais aussi de la privatisation des communs et de la captation des ressources disponibles par un nombre toujours plus réduit de propriétaires et de décideurs.
À l’opposé, les expériences des mouvements d’émancipation du passé, mais aussi les réflexions originales qui accompagnent les luttes actuelles, contribuent à éclairer les contours d’une société radicalement différente. Un champ théorique dispersé tente aujourd’hui de repenser les combats pour l’émancipation sociale à partir d’une réflexion critique sur les dynamiques régressives dominantes ainsi que sur les expériences politiques et formes d’organisation sociale alternatives.
Chaque dimension du monde social, et des luttes qui le traversent, fait ainsi l’objet d’analyses renouvelées. A l’asservissement croissant du travail par le capitalisme répondent des tentatives de réappropriation collective de l’activité et un retour de la critique du salariat. La généralisation de la précarité, qui conduit au délitement des solidarités « traditionnelles », suppose ainsi de repenser la centralité du travail, de l’aliénation qu’il génère, mais aussi la place des acteurs-actrices qui luttent pour s’en émanciper. Face aux politiques racistes et à l’islamophobie, de nouvelles dynamiques émergent dans les mouvements de l’immigration et des quartiers populaires, ainsi que dans le champ des études postcoloniales et décoloniales. Les transformations de l’exploitation du travail féminin à l’échelle mondiale, les formes renouvelées d’oppressions sexuelles, et toutes les expressions recomposées du patriarcat, posent la question d’un agenda féministe, queer et LGBT pour le 21e siècle. L’urgence écologique suscite une réflexion globale pour comprendre les désordres systémiques et penser un métabolisme durable entre les sociétés humaines et la nature. La généralisation de politiques inégalitaires et autoritaires appelle la construction d’alliances radicalement démocratiques travaillant ensemble à redessiner les contours d’un horizon post-capitaliste.
Ce colloque international, qui aura lieu des 19 au 22 février 2014 à l’université Paris-Ouest Nanterre, est organisé par le réseau « Penser l’émancipation » et le laboratoire Sophiapol. Il fait suite à la première édition, à Lausanne en octobre 2012, d’une série de colloques et initiatives visant à développer, dans le monde francophone, un espace de réflexion et de discussion autour des élaborations théoriques et des pratiques sociales qui mettent en jeu l’émancipation humaine.
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