Archive pour le Tag 'littérature'

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La petite Borde / Emmanuelle Guattari

Les enfants de La Borde
Nous nous déplacions comme une nuée de passereaux, dans une nébuleuse hardie et bavarde.
Nous allions au château.
Nous traversions le Grand Salon, enfilions la Salle à manger vers la Cuisine (ou en sens inverse) dans de grandes effiloches d’enfants. Nous allions voir René, le cuisinier (mon oncle) ; nous lui demandions toujours quelque chose.
On demandait à aider pour porter les grosses poubelles, celles avec les restes que l’on triait à la fin des repas et les épluchures (et parfois, par hasard, d’autres choses) aux cochons. ils avaient de terribles petits yeux bleus. Ils mangeaient les mains qui traînaient et écrasaient leurs petits dans la bousculade qui poussaient des cris suraigus.
Quand un pensionnaire ne l’avait pas encore fait, on portait le seau de pain dur trempé aux canards de la Mare.
On allait pêcher de la friture aux étangs.
Nous glissions les plus minces par les soupiraux du Château sous la cuisine, pour remonter de la Cave les boîtes collectivité de fruits au sirop (prunes ou oreillons d’abricots) ou celle de crème de marron et nous allions nous cacher.
il y avait le cimetière de voitures, au parking à l’entrée de la Clinique, sur le chemin du Poulailler. Quand il pleuvait, on s’installait sur les banquettes et on conduisait tout l’après-midi les volants crantés et les boîtes de vitesse des vieilles Tractions noires, des 403 et des Dauphines, des DS. Ça sentait le moisi et l’huile de vidange.
À l’automne, au moment des batailles de marrons, nous prenions les couvercles des poubelles en métal pour faire des boucliers. Nous faisions de grandes batailles rangées avec des cocards et des larmes ; nous ne remettions pas toujours les couvercles.
Nous fumions en cachette les mégots que ne finissaient pas les Pensionnaires.
Nous allions au Poulailler gober les œufs, foulant la paille que nous avions escaladée.
Nous avions le droit d’aller dans les ateliers. Nous faisions de la poterie à la grande Serre ; de la couture avec Lala, quand elle installait une table dehors, sous le grand Cèdre près de la Chapelle. Nous faisions des guirlandes pour les fêtes ; nous allions à l’atelier Théâtre.
Nous allions voir nos parents, à l’Infirmerie du Château ou du Parc, ou à la Vaisselle.
Nous allions dire bonjour aux pensionnaires ; certains donnaient parfois des pièces de 1 franc pour aller boire un verre de soda au Bar ou acheter des bonbons.
On nous costumait pour les Kermesses. Nous allions jouer dans les kiosques et les cabanes vides qui avaient été construites et qui restaient ensuite.
À Noël, il y avait un grand sapin dans le Grand Salon et les enfants assis du personnel recevaient un cadeau.
On allait voir l’âne, Tintin, près de la scierie. C’est comme ça qu’on s’est approchés de la fosse.
Emmanuelle Guattari
La petite Borde / 2012

© Mercure de France, 2012

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The Beat Generation (Notes, sans partition) / G. Mar

Sur le Hors-Temps et la résistance par la littérature aux logiques dominantes – sur la contextualisation d’un certain rapport de la littérature aux événements historiques :  la chute du mur de Berlin et les attentats du World Trade Center, « L’Histoire est un cauchemar dont j’essaie de m’éveiller » – sur l’écriture comme activité séparée et dé-maîtrise à l’œuvre – sur un certain Cruor qui appartient à l’enfance, persiste et signe dans le texte – sur une hypothétique spécificité de la littérature française –  « Politique, drôle et violent » – sur le travail de composition à l’œuvre en l’absence supposée de modèle – sur l’emprise des voix qui hantent tout autant le lecteur que celui qui écrit et la puissance subversive des œuvres de fiction – sur l’accointance entre l’espace littéraire et le crime, le temps propre à l’écriture et la Révolution avec, en post-scriptum, un J’accuse contre la mauvaise équation établie par Richard Millet entre la littérature et le mal – sur ce qui dans la littérature peut être envisagé comme une guerre de droit qui fasse place à l’humour, l’inconvenance et l’esprit de déréliction envers les tenants du Grand Jeu – sur l’impossibilité d’en jamais finir avec l’écriture… « S’il s’agissait de musique, ces Notes, sans partition ne pourraient se poser ni sur les lignes ni trouver place dans les interlignes de la portée. Il faudrait pour elles chercher une graphie, un espace comme en conçoivent certains compositeurs. Pour emprunter au jeune René Char, c’est d’«artisanat furieux » qu’il convient de parler. » (Préface de Michel Enaudeau). 

G. Mar / The Beat Generation / 2014
Paru aux éditions D-Fiction
Voir aussi :
La part du Mythe

Copie de Copie de NOTES SANS PARTITION COUV La guerre

Orwell, les dissensus du sens commun / Publication des actes du colloque

couv orwell

George Orwell, comme chroniqueur, essayiste ou romancier, tente de faire valoir, à travers l’expérience fondatrice de la guerre d’Espagne, du vécu colonial ou du travail en terrain d’exclusion sociale, une logique vitale du sens commun, à l’encontre des totalisations du consensus.
Comment cette intention de dissensus politique résonne-t-elle dans la pensée contemporaine ?

Alain Brossat / George Orwell ou de l’inconvénient d’être l’inventeur d’un couteau suisse conceptuel

Manola Antonioli / Obsolescence(s) de l’homme : Le Meilleur des mondes, 1984, Matrix

Marco Candore / Les Machines sadiennes : Simulacres, langage, désir de soumission d’Animal Farm à 1984

Corinne Le Neün / Le cochon, un animal politique : généalogie d’une représentation

Philippe Bazin / First and last : de l’influence du document social à l’incidence sur la photo politique

Christiane Vollaire / Hommage à la Catalogne : l’exercice documentaire comme modèle d’une pensée critique de terrain

Jean-Marc Victor / « Comment j’ai tué un éléphant » ou la menace de la netteté

Ce colloque est le 3ème d’une série commencée il y a deux ans à Sétrogran, en partenariat avec Ici et ailleurs :
- 2011 : Le Baudelaire des philosophes
- 2012 : Pasolini, à suivre ?
Il fait l’objet, comme les deux précédents, d’une publication coordonnée par Philippe Bazin.

Colloque Orwell, les dissensus du sens commun
Pour commander les actes, c’est ICI

Pour aller plus loin : Centro de investigación mejorada

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