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Premières mesures révolutionnaires / Eric Hazan et Kamo

Pour ne pas nous trouver englués dans l’une ou l’autre des versions de la guerre menée par le capitalisme démocratique pour sa survie, la première idée est de s’organiser. Si le bouillonnement actuel reste éclaté, si les foyers de révolte n’ont entre eux d’autre lien que la sympathie réciproque, l’appareil d’État continuera à tenir même si c’est seulement par la rouille. Mais le mot « organisation » prend parfois un caractère magique en recouvrant des pratiques qui relèvent largement de l’imaginaire.
Reconstituer sur les ruines du passé une organisation révolutionnaire classique n’est ni possible ni souhaitable. Pas possible parce qu’au fond personne n’en a envie, sauf les militants des groupuscules néotrotskistes, néoléninistes ou néomaoïstes qui proposent sur le trajet des cortèges syndicaux leurs journaux écrits dans une langue d’un autre temps. Pas souhaitable car son but implicite ne saurait être que la confrontation directe avec l’appareil d’État, confrontation qui n’aura jamais lieu car les « conditions objectives » ne seront jamais réunies. Une telle organisation ne peut donc mener ses troupes qu’à un attentisme bavard – voire un jour à une action suicidaire.
C’est de ce que nous avons sous les yeux qu’il faut partir, et non de quelque projection fantasmatique. Chacun peut  voir autour de lui des groupes – de salariés et de chômeurs, d’abonnés à la soupe populaire, de prisonniers, de mères de familles – qui ne supportent plus la vie qu’on les contraint à mener. Chacun peut entendre la colère dans les usines, les banlieues et les ports, chez les caissières des grandes surfaces et les employés d’Orange, dans les banques, les journaux et jusque chez les pilotes de ligne. S’organiser, c’est faire évoluer ces groupes en constellations subversives par le jeu des amitiés, des espoirs partagés, des luttes menées en commun, de proche en proche. C’est tracer entre eux des chemins qui les amène à se retrouver par affinités de ville à village, de quartier à quartier, de centre à banlieue. Tout le contraire, donc, de l’abstraite « convergence des luttes », toujours invoquée mais jamais réalisée par les militants professionnels. La seule convergence des luttes imaginable est territoriale : une lutte dans une usine de pneus – Continental à Clairoix par exemple – peut emmener avec elle tout le territoire et toutes les vies qui seront affectées par sa victoire ou sa défaite. Au lieu de se vivre comme inscrite dans un secteur donné de l’économie, au lieu de se vivre comme inscrite dans un secteur donné de l’économie, au lieu de chercher à converger avec les luttes du même secteur aux quatre coins du pays, voire du continent, une usine peut aussi se penser immergée dans tout un ensemble de liens sociaux, que le conflit a toutes les chances de politiser car il les touche directement.
De la même manière, expliquer aux dominés pourquoi ils le sont et comment en sortir, ce n’est pas notre affaire à nous. La révolution qui vient n’aura pas d’avant-garde, seulement des agents de liaisons qui travaillent à éveiller et faire circuler des devenirs révolutionnaires. Pessimisme de la raison, disait Gramsci, et l’on a vu le résultat : dans un monde qui craque de toutes parts, le pessimisme ne fait que redoubler la mort en cours.
Donc, voilà, puisque le temps presse, pressons le pas, mesurons notre puissance, rencontrons-nous.
Eric Hazan et Kamo
Premières mesures révolutionnaires / 2013

À lire sur le Silence qui parle :
Vivre et lutter au matin du 21e siècle / Collectif Mauvaise troupe / Constellations
Devenirs révolutionnaires, revue Chimères n°83

Télécharger le catalogue La Fabrique automne 2014 :

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