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Abécédaire Foucault / Alain Brossat

A – L’archive, les archives
Tous ceux qui, de près ou de loin, se sont intéressés à son travail s’accorderont pour dire que Foucault était un « passionné des archives ». Mais cette formule journalistique ne nous dit rien sur le statut de l’archive (au singulier) parmi la constellation des concepts autour desquels s’agence sa réflexion. Or, cette notion apparaît très tôt dans sa recherche, par exemple dans cette postface à l’édition allemande du conte de Flaubert  La Tentation de Saint-Antoine. Un texte de tonalité assez benjaminienne, dans lequel Foucault montre comment le XIX° siècle se constitue en empire des signes, l’imaginaire s’y formant non pas « contre le réel pour le nier ou le compenser », mais en s’étendant entre les signes, de livre à ligne, dans l’interstice des redites et des commentaires » (1). Car pour lui, La Tentation, c’est bien cela : un livre parmi les livres, qui « naît et se forme dans l’entre-deux des textes ». Un « phénomène de bibliothèque ». Ce que le XIX° siècle a découvert, donc, c’est un « imaginaire qui se loge entre le livre et la lampe », c’est-à-dire, « un espace d’imagination dont les âges précédents n’avaient sans doute pas soupçonné la puissance » et qui, tout entier renvoie à ce que Foucault va nommer ici, dans cette première acception,  l’archive. La Tentation est lovée au creux de l’archive formée par tous ces signes eux-mêmes rassemblés dans tous ces textes, tous ces livres, toute cette immense forêt de l’imprimé dans lesquels l’écrivain s’est immergé. Foucault : « Flaubert a écrit sans doute la première œuvre littéraire qui ait son lieu propre dans le seul espace des livres : après, Le Livre, Mallarmé deviendra possible, puis Joyce, Roussel, Kafka, Pound, Borges. La bibliothèque est en feu ». La Tentation, à ce titre, est « le rêve des autres livres », au même titre, dirais-je au prix d’un raccourci, qu’Emma Bovary est « le rêve » de toutes les épouses accablées par l’ennui et la banalité de leur existence et, pour cette raison même, tentées par l’adultère.
L’archive, selon cette première approche, ce serait en somme tout ce qui, de notre culture, s’est déposé dans l’espace de la bibliothèque et se trouve désormais, dans les termes de Jean-Louis Déotte, appareillé par celle-ci (2). Que Foucault soit, dans ce texte, un discret précurseur de la théorie des appareils, c’est ce que montre le rapprochement qu’il y opère entre l’art de Flaubert et celui de Manet : La Tentation, dit-il, est le premier roman de bibliothèque comme il « se peut bien que Le Déjeuner sur l’herbe et l’Olympia aient été les premières peintures ‘de musée’. Pour la première fois, dit-il, ces toiles ont été peintes « pour manifester l’existence des musées, et le mode d’être et de parenté qu’y acquièrent les tableaux ». En somme, donc, « Flaubert est à la bibliothèque ce que Manet est au musée » et ce qui les rapproche, c’est que « leur art s’édifie où se forme l’archive ».
La notion d’archive, dans ce premier emploi, sert ainsi à baliser une rupture ou, du moins, une discontinuité dans la culture occidentale, elle est disposée par Foucault sur le seuil de la modernité artistique : là où chaque œuvre, désormais, s’inscrit sur une surface peuplée et « quadrillée » par la totalité des œuvres antérieures, là où l’imagination de l’artiste est établie dans ce milieu infini, indéfini, que constitue le grouillement des signes enclos dans l’espace du musée et de la bibliothèque.
Avec Les mots et les choses et L’archéologie du savoir, ce motif  s’approfondit. L’archive, c’est ce qui inscrit une trace de tout ce dont est fait le savoir implicite d’une société, un savoir agencé autour d’un certain nombre d’invariants (3). Ces traces se présentent dans les formes les plus diverses, connaissances multiples, idées philosophiques, opinions de tous les jours, institutions, pratiques commerciales et policières, mœurs, etc. Le travail sur l’archive d’une époque va consister à identifier la façon dont ces pratiques et ces discours sont tributaires de conditions de possibilité et présentent des traits morphologiques communs. Travailler sur l’archive, c’est repérer des énoncés : la question que se pose alors Foucault et qui trouvera plus tard son débouché avec la problématisation des régimes de vérité est celle-ci : qu’est-ce qui est énonçable dans une époque ou un espace culturel donné et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Et, corrélativement, en quoi des discours et des pratiques d’apparence très hétérogènes voire disparates relèvent-ils de conditions d’énonciation homogènes – le fameux motif de l’epistémè ? C’est dans l’épaisseur de l’archive de l’époque que se révèlent ces congruences inattendues, là où se dévoile l’existence d’un champ  épistémique, là où, précisément, ne se donne à voir, en première approche, qu’un pur et simple espace de dispersion : « On a affaire, dit Foucault, à un champ qui ignorera les différences, les importances traditionnelles. Ce qui fait qu’on traitera dans la même foulée Don Quichotte, Descartes et un décret sur la création des maisons d’internement par Pomponne de Bellièvre » (4).
Le travail sur l’archive, c’est, dit-il encore, l’ « analyse de notre propre sous-sol », une archéologie qu’il prend le plus grand soin de distinguer de l’herméneutique qui est en quête d’un sens caché, aussi bien que de ce qu’il appelle « formalisation » qui, elle, est à la recherche des structures enfouies. L’objet de l’archéologie, c’est l’étude de la stratification des discours, de leur fonctionnement et de leurs conditions de transformation : ce qui rend possible la simultanéité de la grammaire générale, de l’histoire naturelle et de l’analyse des richesses et qui étudie comment tous ces discours vont se défaire lorsque basculera l’epistémè qui en constitue le socle. L’archive, en ce sens, c’est la base matérielle et la condition de cette histoire des discours dont Foucault se fait le promoteur dans cette topique de son travail. Le souci de l’archive prend congé ici de la généalogie au sens courant du terme : la quête de l’origine (arkhè), « des commencements et des suites » en est totalement absente. Le geste de l’archéologie, c’est la description de l’archive, pas l’explication par la remontée à la source première, la description des formes et des limites de dicibilité (de formation des énoncés) dans un espace-temps donné ; la présentation des conditions de durabilité des énoncés – quels sont ceux qui sont destinés à laisser une trace et ceux qui disparaîtront sans trace ? L’archive, en somme, c’est ce qui rend manifeste la façon dont les discours coexistent dans un champ donné, y demeurent puis s’y effacent.
Ici se manifeste un léger flottement dans la pensée de Foucault, une hésitation intéressante pour nous, non pas tant du point de vue de l’érudition foucaldienne que des stimulations que produit, pour une pensée de l’actuel, cette approche de l’archive. D’une part, en effet, énonçant son programme et l’ambition de sa recherche, au temps de ces deux livres, il note : « Il faut avoir à sa disposition l’archive générale [je souligne, AB] d’une époque, à un moment donné. Et l’archéologie est, au sens strict, la science de cette archive » (5). « Archive générale » – cette expression semble bien exclure tout principe de sélection a priori et désigner la totalité du « dépôt » d’une époque, de ce qui s’est stratifié comme traces documentaires… Mais dans un autre commentaire, Foucault précise ceci : « J’appellerai archive non pas la totalité des textes qui ont été conservés par une civilisation ni l’ensemble des traces qu’on a pu sauver de son désastre, mais le jeu des règles qui déterminent dans une culture l’apparition et la disparition des énoncés, leur rémanence et leur effacement, leur existence paradoxale d’événements et de choses »(6).
Il semblerait donc bien, selon cette approche, que tout ce qui s’est stratifié d’une époque, sous forme de textes et de traces, n’a pas, pour l’archéologue foucaldien, la même qualité, ni la même valeur ; le critère, ce n’est pas le « désastre » du temps qui passe et efface (ce qui qui a pu en être sauvé), mais bien ce qui a une valeur indicative, un statut d’exemplarité concernant les conditions de formation et de disparition des énoncés…
Mais qui statue sur ces qualités ou leur absence, si ce n’est l’archéologue lui-même ? On voit bien que Foucault joue ici avec le feu et met en péril la doctrine qu’il a lui-même énoncée, en faisant revenir dans sa propre argumentation le motif du sens – certains textes, certaines traces déposés dans l’archive feraient davantage sens que d’autres aux conditions même de l’archéologie dont il a défini les règles… Ce glissement est confirmé par la distinction qu’il opère ici entre documents et monuments : ce que cherche à repérer l’archéologue, ce ne sont pas des documents mais des monuments (7). Mais ce qui distingue les seconds des premiers (qui, en principe, se valent tous en ce sens qu’ils ont tous le même statut), c’est qu’ils émergent dans la masse des traces pour être les opérateurs d’un sens qu’il reviendra à l’archéologue d’énoncer – ce que fait Foucault dans Les mots et les choses lorsque, précisément, il transfigure tel ensemble documentaire en monument destiné à baliser sa recherche – tel texte de Buffon, tel passage de la grammaire de Port-Royal, tel extrait de Ricardo, etc. Mais, en adoptant cette démarche, ne flirte-t-il pas dangereusement (du point de vue des conditions qu’il a lui-même énoncées) avec le jeu de la détection d’un sens sinon caché, du moins enfoui dans telle partie de l’archive plutôt que telle autre, un jeu dont il récuse le principe, lorsqu’il le décrit comme étant celui de l’herméneutique - « Je n’interroge pas les discours sur ce que, silencieusement, ils veulent dire, mais sur le fait et les conditions de leur apparition manifeste » ? (8)
La question que pose cette hésitation de Foucault dans la définition même de son approche de l’archive est d’une actualité qui ne se dément pas. Lorsque, à la fin du siècle dernier, l’URSS et le bloc soviétique se sont effondrés, les archives et les innombrables cadavres dans les placards qu’elles recelaient sont devenus un souci obsessionnel non seulement pour les historiens et les nouveaux gouvernants, mais plus généralement aussi pour les opinions publiques des pays concernés et au delà. Toutes sortes de livres dont les auteurs se livraient à l’exhumation des crimes et turpitudes des régimes déchus sont alors parues, agrémentés de titres et de bandeaux dont le motif constant et souvent publicitaire était : les archives parlent. Mais il s’est rapidement avéré que les choses n’étaient pas aussi simples : les archives ne « parlent pas », elles n’ont rien à avouer ni confesser, elles ne sont pas un tribunal, et ce sont bien des prélèvements sélectifs et orientés par la finalité même que s’assigne l’ « archéologue »  qui tendent à faire que tel document va acquérir le statut de monument – pour reprendre l’opposition proposée par Foucault. On en a eu une démonstration probante lorsque a été publié en France, dans la foulée du best-seller très idéologique intitulé Le livre noir du communisme, un ouvrage ainsi titré : Les aveux des archives (9). Un livre où ce qui s’avouait surtout était le parti pris politique de l’auteur, un ancien communisme retourné en propagandiste anti-totalitaire. On le voit donc, toute plongée dans les archives, toute exploration de ce « sous-sol » (culturel, historique…) dont elles conservent les traces, supposent une intention du chercheur et un programme de recherche. Lorsque les archives « parlent », ou même l’archive au sens que Foucault donne à ce terme, c’est toujours peu ou prou sur un mode ventriloque : ce qui s’y dévoile ou s’y révèle du passé est toujours tributaire d’une visée dont les conditions s’énoncent au présent.
Dans le cas du Foucault de L’archéologie du savoir, un livre que beaucoup trouvent obscur, cette visée est claire : il s’agit bien de conduire dans l’épaisseur de l’archive une investigation sur le mode d’existence des discours, des événements discursifs, des conditions d’apparition, de transformation et de disparition des discours. De conduire une enquête sur « le champ pratique dans lequel le discours se déploie », là où sont à l’oeuvre les énoncés autour desquels s’agencent pratiques discursives, jeux de pouvoir, déploiement des savoirs… (10)
Alain Brossat
Abécédaire Foucault / 2014
(extrait de : A – L’archive, les archives)

À lire et à voir sur le Silence qui parle :
Abécédaire d’un mort-vivant / Joachim Dupuis

document INA 1966 / l’Homme est-il mort ?

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Présentation d’Abécédaire Foucault vendredi 27 juin à la librairie Texture
94 Avenue Jean Jaurès
Paris 19°- métro Laumière
texture@texture-librairie.fr – 01 42 01 25 12

F9495B
1 « Sans titre », texte 20, Dits et Écrits 1, p.293 sqq. (édition en 4 volumes que je citerai désormais, Gallimard, 1994).
2 Jean-Louis Déotte : L’Époque des appareils, Lignes/Léo Scheer, 2004.
3 Les mots et les choses, une archéologie des sciences humaines, Gallimard « Bibliothèque des sciences humaines », 1966. L’archéologie du savoir, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 1969.
4 Dits et Écrits, texte 34 « Michel Foucault,  « Les Mots et les Choses »», p. 499.
5 Ibidem.
6 Texte 59 : « Sur l’archéologie des sciences. Réponse au Cercle d’épistémogie », p. 708.
7 Ibidem.
8 Texte 58 : « Réponse à une question », p. 682.
9 Le livre noir du communisme, collectif, 1996, Robert Laffont. Karel Bartosek, Les aveux des archives, Le Seuil, 2004.
10 Voir sur ce point, Michel Foucault, texte 59 cité supra.

La bêtise est sans nom / René Major / Chimères n°81 / Bêt(is)es

« La bêtise, cette marque indélébile de la modernité, est notre symptôme. »
Avital Ronell / Stupidity / 2006

En acceptant de parler de la bêtise, vous prenez beaucoup de risques.
Vous pensez sans doute à Flaubert qui a pu écrire : « Bouvard et Pécuchet m’emplissent à tel point que je suis devenu eux ! Leur bêtise est mienne et j’en crève. (1) » Cette plainte inquiétante de Flaubert donne à penser que la fréquentation de la bêtise serait contagieuse, qu’il suffit de ne parler pour devenir bête ou qu’on ne parle toujours de la bêtise d’autrui qu’à partir de la sienne propre.
Ce qui est plus inquiétant encore, c’est que, bêtes par contrat, Bouvard et Pécuchet, comme le souligne Derrida, font de la bêtise leur objet de savoir, de réflexion, d’archivation, de collection (2). L’intelligence de la bêtise serait donc elle-même bête puisque c’est en développant cette intelligence de l’intelligence de ses protagonistes à connaître la bêtise que Flaubert devient bête à son tour et que cela lui est insupportable. Rien n’atteindrait la bêtise sans se trouver enveloppé par elle, jusqu’à ce que Derrida appelle « le devenir-chose du nom propre » – comme dans le cas d’un certain Thompson qui, sur la colonne de Pompée à Alexandrie, a écrit son nom en lettres de six pieds de haut : « ce crétin, dit Flaubert, s’est incorporé au monument et se perpétue avec lui ». On voit se répandre aujourd’hui la manie de chosifier son nom en mettant des cadenas avec inscriptions personnalisées sur les ponts enjambant les fleuves des grandes villes.
Sans parler de la quasi-nécessité pour tant de gens d’avoir un compte facebook ou twitter pour faire savoir à tous ce qui leur passe par la tête à propos de tout et de n’importe quoi. C’est Barthes qui disait : « Ce qui vient à l’esprit est d’abord bête » et parlant de lui à la troisième personne : « Il est curieux qu’un auteur, ayant à parler de lui, soit à ce point obsédé par la Bêtise, comme si c’était la chose interne dont il avait peur : menaçante, toujours prête à fuser, à revendiquer son droit à parler (pourquoi n’aurai-je pas le droit d’être bête ?) : bref, la Chose (3). »Selon lui, la bêtise fonctionne comme la Chose. Qu’est-ce-à-dire ? Cela signifie qu’elle évite la symbolisation et c’est précisément dans cette mesure qu’elle est devenue, si nous en croyons Ronell, un signe des temps qui courent. Mais l’évitement laisse des traces et comporte toujours dans le même temps une fonction d’appel, un appel à la symbolisation. Notre symptôme traduirait ce conflit dont le compromis est le maintien d’une « énergie de basse intensité » qu’autorise le droit à dire ce qui nous vient à l’esprit, fût-ce d’abord et avant tout ce qui est bête. Mais cette dévalorisation subjective constitue un véritable traumatisme quotidien car, comme le souligne Musil, « il n’est pas une seule pensée importante dont la bêtise ne sache aussitôt faire usage (4) ».
Vous laissez entendre que la bêtise est indissociable de la liberté de pensée et pour Deleuze cette expérience de la liberté est proprement humaine. Pour lui l’animal ne peut pas être bête parce qu’il n’est pas libre. La bêtise serait le propre de l’homme : « La bêtise n’est pas l’animalité. L’animal est garanti par des formes spécifiques qui l’empêchent d’être bête (5). » Je ne sais si nous pouvons dénier toute liberté à l’animal, mais ce qui peut retenir aussi notre attention dans le texte de Deleuze est que cette expérience de la liberté qu’est la bêtise proprement humaine soit liée à trois motifs, la souveraineté, la cruauté et la pensée : « Le tyran {comme figure de la souveraineté} institutionnalise la bêtise mais il est le premier servant de son système et le premier institué ». Et « comment le concept d’erreur rendrait-il compte de cette unité de bêtise et de cruauté, de grotesque et de terrifiant, qui double le cours du monde ? La lâcheté, la cruauté, la bassesse, la bêtise ne sont pas simplement des puissances corporelles, ou des faits de caractère et de société, mais des structures de la pensée comme telle (6). » Le paragraphe cité se termine par une question « proprement transcendantale » que la philosophie aurait dû se poser : Comment la bêtise (et non l’erreur) est-elle possible ? »
René Major
La bêtise est sans nom / 2014
Extrait du texte publié dans Chimères n°81 / Bêt(is)es

bickett

Photo : la chèvre Manuelle Bickett
sur son barbarisme contemporain in InveMejor

1 Gustave Flaubert, Lettre à Edma, dans Correspondance, IV, janvier 1869 – décembre 1875, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1998, p. 920
2 Jacques Derrida, Séminaire La bête et le souverain, Paris, Galilée, 2008, p. 217
3 Roland Barthes, « Barthes puissance trois », dans Œuvres complètes, T. III, Paris, Seuil, 1995, p. 253
4 Robert Musil, Uber die Dummheit (1937), tr. fr. de Philippe Jaccottet, De la bêtise, Ed.Seuil, 1984 et Ed. Allia, 2000
5 Gilles Deleuze, Différence et répétition, Paris, PUF, 1968, p. 196
6 Ibidem. Mots soulignés par nous.

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