Archive pour le Tag 'Anticapitalisme'

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Le 12 avril : « Walk On The Wild Side » / Christian Salmon

Le 12 avril, il ne s’agit pas d’une manifestation de plus, il ne s’agit pas de protester seulement, mais de se mettre en mouvement… C’est aussi simple qu’une envie soudaine de se remuer, de se secouer,  aussi simple qu’une chanson de Lou Reed : Take a Walk On The Wild Side. Traduisez comme vous voudrez, « prendre la tangente », « suivre la mauvaise pente » ; surtout s’ensauvager !

C’est l’évidence qui s’impose à nous. Ces hommes et ces femmes que nous avons portés au pouvoir le 6 mai 2012 dans un remake essoufflé du scénario du 10 mai 1981 : eh bien tout simplement, ils ne sont pas de gauche. Ces hommes et ces femmes à qui nous avons confié nos espoirs de changement n’avaient ni l’idée, ni la capacité, ni même la volonté de changer quoi que ce soit.
Être de gauche c’est une affaire de perception, et la perception que nous avons de ces hommes et ces femmes c’est celle d’hommes et de femmes de pouvoir, prêts à tous les arrangements, à toutes les manipulations, pour y rester.
Sans doute pour les plus lucides, c’était prévisible.
Depuis 2002, les candidats au pouvoir ont continué à faire de la politique à l’ancienne, avec fiefs, régions et affidés, comptant seulement sur le retour de balancier que leur offrirait l’alternance sans même essayer de comprendre ce qui se passait: les uns louchant sur le vieux blairisme  que les mensonges sur la guerre en Irak ont pourtant démasqué, d’autres sur Gerhard Schröder et son « agenda 2010 » dont la date d’expiration est largement dépassée. Clinton, Blair, Zapatero, Obama leur ont servi successivement de modèles et les voilà qu’ils découvrent dans le communiquant Matteo Renzi leur maître et leur inspirateur.
Ils se sont leurrés et nous ont leurrés considérant que rien n’avait changé que, par exemple, ils pourraient compter à jamais sur l’Europe, à laquelle une majorité d’électeurs avait dit non il y a plus de dix ans, sans qu’ils ne changent rien politiquement à leur conception de l’Europe, à leur relation à l’Europe, sans se rendre compte que la crise des dettes souveraines creusait au sein de l’Europe un mur, non pas entre l’est et l’ouest mais entre le nord et le sud, et que ce mur traversait la France, la coupant en deux. Ils se sont leurrés à l’idée qu’ils pourraient continuer à compter sur une politique néolibérale à laquelle ils s’étaient abandonnés dès les années 1980 et dont la crise de 2008 avait pourtant montré les effets dévastateurs. Ils se sont leurrés en cédant à l’hypermédiatisation confiant aux médias corrupteurs leur survie dans les sondages, troquant la transformation réelle de la société contre la survie médiatique.
Ils ont eu l’illusion de pouvoir compter à jamais sur la police pour maintenir les graves inégalités dans les quartiers. Ils se sont laissés aller à stigmatiser les minorités, à pourchasser les étrangers, les Roms, pour rivaliser avec les politiques sécuritaires de la droite.
Ils ont cru pouvoir compter sur une armée nationale pour faire respecter, sous le masque des droits de l’homme, leurs intérêts économiques et stratégiques dans les ex-colonies, escomptant retrouver des couleurs régaliennes au prix d’interventions couteuses et déstabilisatrices. Ils ont cru pouvoir leurrer l’opinion en déclarant la guerre à la finance tout en signant un armistice avec le Medef. Ils ont cru pouvoir déplacer la bataille de la réindustrialisassions dans les rayons des supermarchés et faire de la carte bleue des consommateurs un substitut du bulletin de vote, transformant leur ministre de l’industrie en VRP tricolore alors que le pouvoir, qu’eux-mêmes continuaient à détenir et à gérer, continuait la même politique de l’offre, la même compression des soi disant coûts du travail, livrant l’industrie française à la concurrence déloyale.
Ils ont cru pouvoir retrouver une hégémonie culturelle en empruntant à la droite et à l’extrême droite son lexique et son imaginaire  sous le prétexte de ne pas lui laisser le monopole de la Nation… Et surtout ils se sont persuadés et ils nous ont persuadés que pour gouverner aujourd’hui il suffit de contrôler la perception des gouvernés. Ils se sont persuadés et ils nous ont persuadés qu’il n’y avait pas d’alternative à leur morne gouvernance… qu’il fallait abandonner nos espoirs, nos désirs, nos révoltes à leurs calculs de comptables, à leurs ajustements de technocrates, à leur vision myope de bureaucrates… Ils ont pris pour du courage ce qui n’était qu’un lâche abandon à l’air du temps.
Le 12 avril il ne s’agit pas d’une manifestation de plus, il ne s’agit pas de protester seulement, mais de se mettre en mouvement…
C’est aussi simple qu’une envie soudaine de se secouer,  aussi simple qu’une chanson de Lou Reed : Take a Walk On The Wild Side.
Traduisez comme vous le voulez, « prendre la tangente », « suivre la mauvaise pente » ; surtout s’ensauvager !
Contre l’assignation à résidence des politiques sécuritaires il  faut sortir de chez soi,
Contre l’occupation de l’espace public et médiatique par les religieux et les extrémistes, il faut aller dans les rues,
Contre l’injonction à la raison néolibérale, il faut se mettre en mouvement, chercher d’autres chemins,
Contre la préférence médiatique pour le FN, il faut changer de fréquence, prendre la tangente…
C’est pourquoi je me joindrai à la marche du 12 avril.
Devant l’immobilisme du pouvoir mais aussi pour conjurer notre propre immobilisme, il faut se mettre en mouvement :
Take a Walk On The Wild Side.
Christian Salmon
Le 12 avril : « Walk On The Wild Side » / 10 avril 2014
Publié sur le blog Mediapart de l’auteur

lire les appels à manifester sur les sites d’Alternative libertaire et du NPA

dm

Collectif IDF de soutien à la lutte de Notre Dame des Landes contre l’aéroport et son monde / communiqué de presse 26 février 2014

Les opposants au projet d’aéroport de NDDL et de son monde ne sont pas dupes du changement de tactique de la part des défenseurs du projet: leur volonté de l’imposer en force est passée d’une logique frontale d’expulsions et d’occupation policière de la zone à défendre, à une logique moins spectaculaire mais tout aussi obstinée, aussi bien par le biais d’arguments pseudo-écologiques (déplacements des espèces, mesures dites « de compensation » etc) qu’à l’aide d’arsenal juridique et politique (arrêtés préfectoraux, arbitrage européen en faveur du Partenariat Public Privé etc). 

La manifestation du 22 février 2014 avait pour but de signifier au gouvernement, à Vinci et aux pro-aéroports que le projet ne saurait passer en force sans rencontrer une fois de plus une résistance déterminée des opposants; l’importance de la mobilisation de samedi l’a démontré : les différentes formes qu’a pu prendre cette manifestation, malgré les tentatives de division relayées par les médias, ont participé de sa force. 

Des tritons crêtés, des salamandres de feu et des masques à gaz, des clowns, des lunettes de ski, des enfants-arbres, des encapuché.es, des maquillages aux couleurs partisanes: différents masques marchaient côte à côte contre la même mascarade du Capital et de l’Etat.

Après deux mois de préparatifs, la manifestation n’a pu emprunter le parcours initialement prévu et a été accueillie par un vaste dispositif policier verrouillant tous les abords du centre-ville et donnant à celle-ci les apparences d’un « état de siège », tout en feignant de préserver la normalité d’un samedi après-midi commerçant à Nantes.  

Au niveau du Cours des 50 Otages, passage incontournable des manifestations nantaises, une large barrière anti-émeute était dressée face aux manifestants, avec des camions lances à eau et de nombreuses unités de gardes mobiles disposées derrière ainsi que sur les rues latérales. La préfecture aurait voulu aménager le lieu de l’affrontement qu’elle n’aurait pas agi autrement. Personne ne s’y est trompé : les tracteurs disposés en tampon au long de la barrière ont fini par la quitter sous les tirs de lacrymo et les jets délibérés de lances à eau à leur encontre. Des affrontements ont continué sur le cours Roosevelt et près du CHU, les manifestant.es essuyant des pluies de lacrymo et de grenades assourdissantes, pour certaines en tirs tendus. L’ »État de droit » doit-il s’affirmer au travers d’un usage disproportionné de la violence, dont il prétend avoir le monopole? 

Les images des violences et surtout leur instrumentalisation politique et médiatique cherchent à impressionner et à noyer dans le sensationnalisme les enjeux réels de la lutte contre le projet d’aéroport de NDDL. Les tentatives de décrédibilisation du mouvement par la stigmatisation des actes de violence évacuent leur contenu politique. Elles masquent également la question des pratiques de lutte et de leur répression dès lors que celles-ci sortent du cadre de la contestation autorisée.

Quand on récolte la tempête, interrogeons-nous sur qui sème le vent.

Nous ne nous laisserons pas classer ni enfermer dans des catégories dans lesquelles nous refusons de nous reconnaître. Nous sommes tou.te.s des casseur.es- d’œuf, de pieds, de pipes, de briques, de dialectique, et de boutiques. Nous ne nous laisserons pas diviser par les polémiques qui tentent d’éclipser les raisons qui nous rassemblent : nous nous battons contre l’aéroport et son monde, contre la parodie de concertation et ses flics, contre l’enfumage politicien et médiatique, contre la violence capitaliste – pour le choix de nos formes de vie et le respect de l’environnement dans lequel elles s’inscrivent.

Collectif IDF de soutien à la lutte de Nddl contre l’aéroport et son monde

Communiqué de presse / 26 février 2014

http://www.nddl-idf.org

collectifnddlidf@riseup.net

contact presse : presse.nddl-paris@riseup.net

Télécharger :  fichier pdf CP Nddl IDF _ Manif du 22-02

À lire : http://paris-luttes.info/retours-sur-la-manifestation

cattelan

Compte-rendu très personnel de la manifestation du 22 février à Nantes et témoignage de Quentin qui a perdu un oeil‏

La manifestation était une des plus belles que j’ai faites. Des vrais gens  vivants, avec beaucoup d’énergie et de joie d’être là. De la musique, des banderoles et pancartes très « personnelles », des danses, chansons, déguisements (les masques de tritons étaient superbes) et même une cabane dans les arbres !
Nous sommes arrivés fatigués après un voyage dans un autocar pas vraiment ordinaire depuis Toulouse. Après avoir pris un petit déjeuner on est allé visiter le marché du centre-ville, avec nos pancartes qui indiquaient d’où nous venions. Un accueil très sympathique de beaucoup de gens, ce qui nous a tout de suite confirmés dans notre conviction que ce voyage en valait la peine.
Puis dans la rue on tombe sur l’arrivée de plusieurs dizaines de tracteurs, remplis d’individus souriants et plus ou moins déguisés. On s’est mis sur le trottoir en brandissant nos pancartes et là-aussi, nous avons senti que c’était important d’être-là. D’ailleurs, cela n’a pas cessé tout au long de notre périple : des « mercis » chaleureux de dizaines de personnes touchées que nous soyons venus de si loin. Beaucoup nous ont dit qu’ils nous rendraient la pareille, au cas où… Et nous en avons profité bien sûr pour leur parler de ce qui nous inquiète le plus : la menace toujours présente de l’exploitation des gaz de schiste  l’hallucinant projet du « Las Vegas » gardois, les « Golfs » de Saint Hilaire…
Nous avons fait une grande partie de la manif derrière la banderole des Montpelliérains « Gardarem la Terra ».  Tout au long du cortège, nous avons eu des contacts avec des gens qui ont eux-mêmes des problèmes dans leur région, on en reparlera.

Concernant les « incidents » , ils étaient déjà prévisibles  vue la gigantesque ampleur du déploiement policier, la disproportion des moyens utilisés par les forces dites de « l’ordre » et l’interdiction arbitraire d’emprunter un lieu qui avait été jusque-là un passage habituel des manifestations à Nantes.
Le plus impressionnant fut sans doute l’incendie d’appareils de forage situés sur une place.  Mais il faut noter surtout la tentative de plomber l’ambiance par le déploiement de gendarmes mobiles, puissamment harnachés, et qui interdisaient l’accès au centre. Dans le ciel, un hélicoptère de la police qui survolait le cortège en permanence, tel une menace latente, ajoutait à un sentiment d’insécurité. A la fin, le bruit de ce bourdon métallique se fit encore plus gênant, au point de rendre très difficile l’audition des « prises de parole », là où stationnaient les 500 tracteurs, au terme du trajet.
Au cours de celui-ci nous avons pu voir la devanture d’un siège de Vinci totalement dévastée, ce qui,  je crains de devoir le reconnaître, m’a plutôt mis en joie.
Mais nous n’avons pas assisté aux incidents ultérieurs. Il faut dire que la fatigue de la nuit sans sommeil et de la marche commençaient à devenir pesante. A la fin de la manifestation, on s’est réfugiés dans un café, histoire de récupérer. Et c’est en sortant que l’on a vu l’ampleur des dégâts, si l’on peut dire. Car loin d’être « dévasté », comme on l’a entendu dire ensuite sur France Inter, une partie du centre avait en effet subi quelques modifications dont on ne peut pas vraiment dire, à mon sens, qu’elles le desservaient. Ces modifications apportées au décor urbain étaient d’ailleurs très ciblées. Ainsi d’affreuses baraques de métal avaient été transformées en braseros et laissaient échapper flammes et fumée, évoquant irrésistiblement les tableaux de Turner. Quelques façades de banques et d’agence de voyages étaient détruites, ce qui, nonobstant les analyses politiques que l’on pourra faire des conséquences plus ou moins fâcheuses de ce genre d’action, n’est pas non plus un spectacle spécialement désagréable à regarder.
Parfois un trait d’humour taggé sur ce qui restait de vitrine venait souligner que cette réponse sinon véritablement citoyenne, du moins raisonnablement humaine, à l’agression à la fois morale et esthétique que nous subissons sans broncher de façon quotidienne dans les centres de nos villes n’était qu’une manière de prendre au mot l’incitation à venir fréquenter ce genre d’endroit. Ainsi, sur la vitrine d’une agence de voyage se côtoyaient ces deux inscriptions :  l’officielle prétendant de façon faussement amicale et pompeuse :  « Bienvenue chez nous ! », et celle, sobre et plus sincère, des visiteurs d’un soir, se contentant d’un laconique « Nous sommes passés ». Mais enfin, lorsque tant de façades affichent avec autant de vulgarité une passion si violente pour l’argent et la frime, leurs propriétaires ne prennent-ils pas le risque que l’on vienne en effet, un beau jour, ayant perdu toute patience, leur dire notre irritation ?
Bref, nous avons déduit de toutes ces observations qu’il y avait eu des « casseurs ». Mais que celles et ceux qui n’ont jamais eu envie de lancer dans ces fallacieuses façades vitrées le moindre pavé leur jettent la première grenade assourdissante…
Enfin, parcourant les rues de la ville pour regagner notre surprenant moyen de locomotion, nous avons dû respirer, avec les habitants de cette cité livrée aux caprices des escadrons de gendarmes, un air totalement pollué par les gaz lacrymogènes, lesquels furent répandus avec une absence irresponsable de sens de la mesure.
Manifestement, tout avait été fait pour créer des conditions propres à exciter la juste colère des manifestants et, en soumettant tout le centre à une occupation policière digne de Kiev,  à susciter dans la population des sentiments d’exaspération vis-à-vis de ceux-ci.
Mais de ce que j’ai vu et ressenti, je ne crois pas que cette dernière stratégie ait eu les résultats escomptés. Certes, les médias aux ordres ont mis en avant les « dégâts » provoqués par les « casseurs », et de ce point de vue, ces actions que l’on pourrait tout aussi bien considérer comme relevant de la salubrité publique pourraient nuire à la popularité du mouvement. Mais il y avait tant d’énergie et de conviction qui rayonnaient de ce défilé que ce qui restera sera la joie d’avoir été réunis pour une si belle cause, et cette joie est communicative…

P.S : Je viens de recevoir ce message :
Bonjour, on vient d’apprendre qu’un jeune homme de 28 ans a perdu un oeil suite à l’éclatement d’une des nombreuses grenades assourdissantes. Il n’avait rien à voir avec les violences générées en marge de la manifestation. C’est terrible ! Christian Grisollet / ACIPA
Il me semble que les vrais « casseurs », ce sont qui ordonnent l’usage de ces armes de guerre contre des individus qui soit sont loin d’avoir des armes équivalentes, soit sont totalement désarmés. Jusqu’à quand allons-nous accepter que leurs  grenades dites « assourdissantes » soient utilisées contre des manifestants ou même de simples passants ? Si manifester implique le risque de perdre un œil, que devient le prétendu droit de manifester ?

P.S n°2 : Je viens de recevoir le témoignage de Quentin, le jeune homme qui a perdu l’oeil gauche :
Retranscription du témoignage de Quentin, gravement blessé le 22 février à Nantes23 février 2014, 15:33
Ça a démarré vraiment quand on s’est retrouvés vers Commerce, au moment où on devait remonter normalement le cours des 50 otages, ce qui était censé être le parcours de la manif. Là, il y avait des cars de CRS et des barrières qui bloquaient tout. Nous quand on est arrivés, direct on s’est fait gazer. Il y a eu tout de suite des gaz lacrymo qui ont été jetés sur les gamins, sur tous les gens qui étaient là.
c’était la manifestation paisible, normale ?

mg

C’était la manifestation paisible mais il y avait quand même déjà des gens un peu excités déjà avant, depuis le début de la manif. Donc nous on est restés un petit peu dans la zone, voir un peu ce qui se passait, et puis après, sur les conseils des organisateurs et tout, on a continué à marcher, à aller vers le point de ralliement, l’endroit où c’était fini, pour qu’il y ait un mouvement et que ça s’essoufle un peu.
Après, il y a eu plusieurs salves d’affrontement, des lacrymos qui perpétuellement revenaient, lancés par les flics. Et moi, ce qui m’est arrivé, c’est à la fin, on était vers la place Gloriette, entre Gloriette et l’autre là, là où il y a le café plage, ce rond-point là en fait, près du CHU justement. Et nous on allait pour se replier, on rentrait, les CRS avançaient eux, avec les camions et tout le truc, et moi je reculais avec tout un tas d’autres gens. Je reculais en les regardant pour pas être pris à revers et pouvoir voir les projectiles qui arrivaient. Et là, à un moment, j’ai senti un choc, une grosse explosion et là je me suis retrouvé à terre et, comme ils continuaient à nous gazer, ils continuaient à envoyer des bombes assourdissantes alors que j’étais au sol, des gens ont essayé de me sortir le plus vite possible, de m’emmener plus loin aussi. Et puis après  je sais pas trop, on m’a mis dans une… les pompiers m’ont emmené quoi.
Et donc, on dit que tu as reçu une grenade assourdissante qui, au lieu d’être tirée en l’air, a été tirée de façon horizontale, dans ton œil ?
Je l’ai prise directement dans le visage. Elle a explosé dans mon visage. Vu ce que ça a fait… Elle a explosé là et c’est comme ça que moi je l’ai ressenti, quoi. Le choc, ça a été un bruit et une douleur extrêmement vive sur le coup, puis bon moi je me suis écroulé. C’est vrai que c’était assez violent j’ai trouvé. Il y avait, de la part des manifestants, des gens qui voulaient absolument lancer des trucs sur les CRS mais les CRS, eux, gazaient n’importe qui. Et ils visaient, au flash ball, ils étaient cachés, on les voyait viser, suivre des gens qui marchaient ou qui couraient en face pour aller se mettre à l’abri. Ils les visaient, les suivaient et shootaient, quoi. et ils visaient pas les pieds. On a vu la façon dont ils tiraient, c’était très… c’était ciblé.
Et toi tu étais là, en manifestant paisible, tu n’étais pas armé, tu n’avais rien dans les mains ?
J’étais pas armé, j’avais pas de masque à gaz, j’avais pas de lunettes de protection. On était là pour une manifestation familiale, festive, on était là pour faire masse, pour faire du nombre. Et après, c’est vrai que je suis resté même s’il y avait les lacrymos, parce que je trouvais ça injuste et qu’il fallait rester. Y’avait des gens, y’avait des pères de famille, y’avait des anciens, y’avait un petit peu de tout et voilà, moi je voulais rester aussi avec les gens pour montrer qu’on était là mais sans…
(Quentin n’a plus d’œil gauche)
Jyhel, du Collectif NDDL de Nîmes

nouvelles du front et des blessés : http://27novembre2007.blogspot.fr/

http://dormirajamais.org/nddl

http://nantes.indymedia.org/articles/28990

http://www.rennestv.fr/catalogue/info/un-journaliste-de-rennestv-blesse-par-des-eclats-de-grenade-assourdissante-a-nantes.html

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