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Travail sexuel, travail pour tous / Collectif Multitudes

Le travail sexuel rémunéré connaît aujourd’hui en France un nouvel épisode dans la longue histoire de sa répression capitaliste et pudibonde. Dès l’ère victorienne on a compris comment transférer vers le travail acharné l’énergie sexuelle cadenassée, comme le montre le film d’Elio Petri La classe ouvrière va au paradis (1971). La répression est aujourd’hui d’autant plus insidieuse qu’elle se présente sous le visage compatissant et protecteur de l’aide aux victimes de la violence sexuelle, en supprimant notamment le délit de racolage public au profit de mesures dissuasives et incitatives pour sortir de la prostitution. Parmi elles, le projet de pénalisation du client suscite une réaction machiste de la part d’autoproclamés « salauds » qui revendiquent leur droit naturel à aller aux putes impunément, volant ainsi leur lutte aux prostituées (« touche pas à ma pute », ont-ils l’impudence de dire).

Méphisto-valse des putes
Putes à talons hauts et à jupes courtes, sorcières à poil et à fourrures, putes théâtrales aux faux-cils et au maquillage outrancier, vamps et drags, putes à paillettes et à résilles, putes sculpturales parodiques aux mimiques surjouées. La nuit tombée, la rue périphérique devient la scène d’un grand marché sémiotique, un marché aux symboles sexuels. C’est une nouvelle nuit de Walpurgis, une nuit capitaliste, la nuit du capitalisme sémiotique. Le client au marché achète et consomme des signes en même temps que des corps. La rue ne fait ainsi qu’extérioriser une efflorescence de signes qui passent au quotidien dans nos murs : putes d’hôtels et de couloirs, putes putatives de Sofitel ou putes potentielles de bureau, putes occasionnelles, putes entre deux portes ou putes d’ascenseurs, néo-courtisanes hétaïriques du pouvoir, néo-Goulues et demi-mondaines. Entre celles qui le sont sans en avoir l’air, Jeunes et Jolies, et celles qui en ont l’air sans l’être, poupées siliconées et hyperféminisées, la frontière sémiotique entre les régimes de féminité est intrinsèquement trouble. On n’est pas pute, on fait la pute. On choisit un style.
La féminité stéréotypée et exacerbée des putes est passée de mode en même temps que la classe ouvrière, et aux jeux de rôles sémiotiques la formation laïque ne prépare pas. Misère du désir viril qui n’a plus accès qu’à des symboles de pacotille et les reporte dans ses réseaux numériques et son abstinence virtualisée. Un nouveau marché de la prostitution est en train d’apparaître, sur lequel ce qu’on pourchasse n’est que la relique du précédent. On va abolir la prostitution comme on a aboli sous la Révolution la Ferme générale des impôts. L’exemple de l’écotaxe montre bien qu’on abolit jamais rien pour de bon, il reste toujours des strates. Et les putes sont celles qui aiment en jouer le plus simplement du monde. Beaucoup de prostituées ont témoigné de l’empowerment sémiotique du déguisement, de l’« effet pute » qu’il produit. D’ailleurs quelle jeune fille de bonne famille ne s’est pas fait entendre dire « ne fais pas la pute » devant un rouge à lèvres trop rouge ou un costume d’hyperféminité ?
Mais la pute fière et libre ne doit pas exister (1). Médiatiquement et politiquement, la seule prostitution prise pour cible et emblème est la plus sordide. La bonne relique de pute est la pute étrangère, sans papiers et sans consentement, défoncée au crack, dressée par le viol, vouée à l’abattage. Comme l’a montré Gail Pheterson, le concept même de « prostituée » est une fabrication sociale qui assure une fonction de contrôle. En tant qu’injure publique, le « stigmate de la putain » peut être jeté sur chaque femme revendiquant la légitimité ou l’indépendance (2). En septembre 2013, la députée socialiste Maud Olivier a présenté à l’Assemblée Nationale un rapport d’information « sur le renforcement de la lutte contre le système prostitutionnel », au nom des droits des femmes. La réponse prototypique de la gauche socialiste à la situation précaire des prostituées a toujours été l’abolitionnisme. Comme dit Despentes, les prostituées constituent le seul prolétariat dont la condition émeut autant la société bourgeoise. Notre société tolère plus la misère économique, la mort dans les usines de confection du Bengladesh, la précarité du travail d’usine ou de la caisse de supermarché, que le travail sexuel. Les putes foutent la panique. C’est d’abord une panique féminine et conjugale défensive, la panique du contrat sexuel marital contre le contrat prostitutionnel qui lui révèle sa propre vérité : le risque de violence dont est porteuse la sexualité domestiquée. Le 18 Novembre 2013 avait lieu la journée mondiale contre les violences faites aux femmes, dans la rue certes, mais plus encore à la maison. En France une femme meurt tous les trois jours des suites de violences conjugales.

Travailleuses et intermittentes, les putes emmerdent le capitalisme
Condamner la traite est une chose, condamner la prostitution est autre chose. De ce point de vue, la stratégie abolitionniste est la même que celle de la lutte anti-porno : elle consiste à assimiler le sexe tarifé à la violence, comme on assimile la pornographie à la violence. Les prostitué-e-s sont pourtant des travailleur-se-s comme les autres, comme l’a parfaitement rappelé Thierry Schaffauser du STRASS sur le site de Libération le 31 octobre 2013 (3). Vendre sa force de travail, c’est toujours engager son corps. Ouvriers, sportifs, mannequins, masseurs, secrétaires, ambassadeurs, soldats, tous engagent leurs corps. À chaque fois qu’il est au travail, le corps doit se donner tout entier derrière une certaine façade de lui-même. Le sexe féminin n’est pas un tiroir-caisse plus honteux que les fourneaux où se mutilent les mains du sidérurgiste, ou que la précision dans laquelle s’usent les yeux du tourneur-fraiseur. Les prostituées étaient d’abord solidaires des classes laborieuses dans leur ensemble, et n’ont été isolées des autres travailleurs et ostracisées que sous la pression constante de leur persécution policière depuis la fin du XIXe siècle. Le rejet des putes à la périphérie des villes, leur immigration, épouse les localisations du capital. L’allocation de transition à 2/3 de RSA que propose le rapport Olivier pour sortir de la prostitution ressemble aux primes de licenciement dans l’industrie et aux « reconversions ». Arrêtez de travailler et vous aurez votre aumône. Soyez assistées.
La pute est une travailleuse intermittente. Son rythme de travail, avec ses afflux soudains de liquidités et ses interruptions parfois prolongées, constitue une irrégularité insupportable à l’économie libidinale du capitalisme, qui entend contrôler et calculer les flux monétaires. Les escorts de plus en plus nombreuses sont pourtant là pour démontrer que le capitalisme financier a plus que tout autre besoin de faire valser le sexe, loin du contrôle de tout un chacun. Flux saccadés de sperme et d’argent, alternés de longues périodes réfractaires : ce qui emmerde souverainement le pouvoir, c’est cette idiorythmie de la travailleuse sexuelle. Ce rythme ne se calcule pas en nombre d’heures tarifées, hiérarchisées selon le style, mais profite des opportunités, comme tout le monde le fait.
La victimisation de la pute remplit plusieurs fonctions tactiques. Elle permet d’abord d’intimider les putes-travailleuses indépendantes en les faisant s’estimer heureuses d’avoir – pour l’instant – échappé aux proxénètes et aux réseaux mafieux. En même temps qu’elle infantilise les prostituées en prétendant les protéger contre elles-mêmes, elle construit une image de la sexualité masculine comme complice de la violence sociale. Double bind pervers d’une société qui tout à la fois exige et excite une virilité impérieuse dont elle frustre et humilie la satisfaction. Le capitalisme sémiotique est intrinsèquement castrateur. C’est une société où règne l’ « esthétique pute » qui veut abolir la prostitution. Il n’y a pas lieu pour autant de prendre pitié du sexe des hommes. On sait trop combien, quelles que soient les lois, les hommes les plus puissants continueront toujours de pouvoir jouir des corps-signes les plus disciplinés, comme l’ont fait jusqu’à présent en nombre les « salauds » qui entendent continuer.

Devenir putes
Présenter la prostitution comme un « système » lui prête a priori une cohérence d’ensemble qui l’assimile tactiquement à la traite. En reprenant le terme de « système », le discours du pouvoir est pris dans le modèle stratégique des réseaux mafieux contre lesquels il veut lutter. Ce postulat de systématicité recouvre la diversité et la bigarrure des pratiques prostitutionnelles. Il est pourtant impossible de figer moralement la prostitution en recouvrant la diversité de la rue sous le visage monolithique de la femme migrante, misérable et exploitée.
L’augmentation de la proportion de migrantes en situation illégale dans la population des prostituées qui racolent en France ne saurait être purement et simplement mise sur le compte de « l’emprise croissante de la traite », comme le fait le rapport Olivier. En réalité, le chiffrage policier, exclusivement proportionné au délit de racolage, ne retient rien des tactiques de contournement et de dissimulation développées en majorité par les prostituées françaises : l’utilisation d’Internet a permis à la prostitution locale de quitter le trottoir pour se rendre moins visible de la police. La fracture entre migrantes et françaises traverse ainsi la prostitution elle-même, la divisant entre des modes d’exercice et des risques inégaux. La précarité de la prostituée migrante ne tient pas seulement à sa plus grande vulnérabilité à la traite, mais aussi à son incapacité à se rendre imperceptible aux contrôles. Sous couvert de lutte contre la prostitution, le contrôle du racolage constitue par conséquent un contrôle migratoire déguisé. Le surmoi de la gauche lui interdit de présenter la lutte contre l’immigration à visage découvert. C’est pourquoi elle a besoin de leurres politiquement corrects comme la prostitution pour viser cet objectif.
En réalité, la prostitution n’est pas un système, elle est un écheveau de lignes de vie qui sont autant de lignes de fuite. Le putatif « système prostitutionnel » ne cesse de fuir de toutes parts. Ces lignes sont certes très diverses, hétérogènes entre elles, non superposables : la ligne transmigratoire, la ligne transsexuelle, la ligne adolescente et étudiante comme rite de passage et émancipation, etc. Entre les lignes prostitutionnelles, toutes sortes de rivalités sont certes à l’œuvre, non seulement de territoire, mais de représentation symbolique, par déclassement mutuel. Mais la « condition prostituée », comme l’a appelée Lilian Mathieu, n’a de sens que par et dans ces lignes.
Forclos par le projet de loi, le ou la transsexuel-le est pourtant l’emblème de la prostitution contemporaine. Le projet de loi feint d’espérer que tous les prostitué-e-s voudront et pourront naturellement retrouver un autre emploi dès qu’on leur en aura donné les moyens. Mais la prostitution pour les transsexuel-le-s n’est pas seulement un destin contraint par leur marginalité sociale, c’est souvent un exercice ascétique dans une trajectoire presque initiatique, une manière de s’éprouver soi-même dans son identité, d’essayer son corps et ses charmes sur autrui pour se les approprier. La psychiatrisation de la transsexualité falsifie cette ascèse.
De manière générale, on ne se prostitue jamais qu’en transition, en étant trans-quelque chose, transsexuel ou transgenre, transmigrant, entre deux pays ou deux milieux sociaux, entre deux âges, entre deux vies, entre le jour et la nuit, transversal. À chaque fois, la prostitution est un passage dans une ligne de vie, par lequel quelqu’un prend le risque de se transformer lui-même sans retour possible. Devenir autre chose que ce qu’on est. Les prolétaires n’ont toujours eu que leur corps, leur force de travail, pour améliorer ou changer leur vie. La pute de métier dont Grisélidis Real a donné l’exemple, qui noue des rapports singuliers avec ses clients, est un des modèles déjà ancien de la prostitution contemporaine. Chaque prostitué-e cherche sa voix avec ses propres atouts, aussi misérable soit-elle, même dans les réseaux. La prostitution est un voyage, une migration, une recherche, même quand elle échoue (4).

Économie libidinale de la prostitution
La gauche morale a une vision salariée de l’argent et de l’économie : c’est subi, c’est indésirable. Françoise Héritier résume cette incompréhension : « dire que les femmes ont le droit de se vendre, c’est masquer que les hommes ont le droit de les acheter ». Comment confondre ce catéchisme néo-kantien ? La série de séquences porno Czech Streets présente une galerie de portraits où des femmes banales, d’âges et de profils variés, acceptent en échange de quelques billets de se dénuder devant une caméra, puis de pratiquer des actes sexuels dans les recoins de la ville, avant de retourner à la banalité quotidienne comme si de rien n’était. Authentique ou fake, cette série vise à démontrer le pouvoir de l’argent. En apparence, ces séquences de prostitution spontanée attestent d’une précarisation de masse, de la banalisation de la violence sociale et de sa porosité avec la violence sexuelle. Dis-moi le prix de ton consentement. La minable jouissance phallique qu’achète l’argent semble donner raison au féminisme victimaire. Mais de l’autre côté, cette spontanéité du service sexuel n’est possible que parce que la sexualité elle-même s’est transformée et que les femmes vivent potentiellement un nouveau type de rapport à leur corps. Il n’est plus confiné à la maison, circonscrit par le mariage ou le couvent. Il est potentiellement offert, et la ville est l’espace où se joue et se risque cette ouverture, où s’éprouvent les fantasmes qu’elle suscite. La caméra et l’argent fonctionnent ensemble comme des vecteurs de pure sexualisation : ils permettent de déréaliser les actes en les spectacularisant, de les désaffectiver en les absorbant dans les images stéréotypées qu’ils imitent et simulent. Le sexe n’est pas sans amour, il a développé son amour-propre, son amour multidirectionnel, pervers polymorphe. L’argent n’achète pas le corps comme une chose, il prolonge l’adolescence, libère le corps de toute obligation d’engagement autre que sexuel.
L’économie libidinale de la prostitution ne se réduit pas pour autant à la vision libérale de l’échange (donnant-donnant). Il est vrai que l’argent déculpabilise et solde la dette de corps. Dans le couple, la sexualité traîne toujours de vieilles dettes et paye en nature les frais de l’inégalité des époux. La chambre à coucher est un petit théâtre où se transposent et se rejouent les rapports sociaux à travers les rapports sexuels. Au contraire, l’argent comme médiation opère un rabattement sur la sexualité. Je t’en donne pour ton argent, je ne m’occupe que de te faire jouir comme tu le demandes, tant pis pour toi si tu ne demandes pas bien. Le client a besoin que la prostituée soit tenue, soit dominée par un ou des tiers, par l’État peut-être, pour que le rapport de force reste en sa faveur. Une prostituée trop libre devient une maîtresse, le rapport de force se renverse. Ce sont tous les jeux bourgeois de l’amour et du hasard qui se réinventent quand tombe le mur de l’argent entre ces deux figures siamoises.
Libérer le travail sexuel de l’opprobre est certainement la première condition. Mais libérer l’ensemble des activités économiques de la forme subordonnée est aussi essentiel : personne ne devrait être obligé pour vivre de soumettre son corps et son esprit au commandement d’un patron ou d’un client dont la position de patron ou de client est garantie par l’ensemble de la hiérarchie répressive. C’est à cette déhiérarchisation des relations sexuelles et de travail qu’une réforme devrait s’attacher, pas au renforcement de la répression.
Collectif Multitudes
Travail sexuel, travail pour tous
À paraître dans le numéro 55 de Multitudes
et en lecture sur le site www.multitudes.net

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1 Voir Maîtresse Nikita et Thierry Schaffauser, Fières d’être putes, L’Altiplano, 2007.
2 Gail Pheterson, Le prisme de la prostitution, Paris, L’Harmattan, 2001.
3 Libération, 31 octobre 2013, 12h30, « Je suis une pute. Imaginez… ».
4 C’est ce que montrent les témoignages rassemblés par Alain Tarrius et Dominique Sistach dans le dossier « Transmigrants » de Multitudes n° 49.

Droit de réponse à « contre le STRASS et son monde » paru sur IndyMedia Paris / Morgane Merteuil

Suite à la parution de ce texte sur IndyMedia Paris, j’ai souhaité faire valoir mon droit de réponse, lequel a été refusé car « Le but d’indymedia n’est pas de prendre parti pour le petit patronnat libéral bien incarné dans moult positions du strass  »
Je publie donc ma réponse ici, et vous laisse juge de mes penchants pour la défense du petit patronat libéral …

Cher « amoureux de vivre à en mourir »,

J’avais commencé à rédiger une longue réponse analysant ton texte, ses angles morts, ses amalgames, mais en fait… j’ai pas envie, parce que finalement dans le fond on est profondément d’accord.
Malgré ce que tu sembles croire, ma posture n’est en rien libérale. Si je me bats pour la décriminalisation du travail sexuel, c’est justement parce que l’illégalité, est, elle, le meilleur terrain de libéralisme, et d’exploitation. Parce que nous sommes dans l’illégalité, on ne peut pas se battre contre nos exploiteurs sans risques de tout simplement perdre nos boulots. Je vais te donner un exemple, tiré de mon vécu : j’ai bossé en bordel clandestin (officiellement un bar, en vrai un bordel). Même si les conditions de travail y étaient pas trop mal, qu’on étaient pas trop exploitées comparé à d’autres lieux du même genre, y aurait quand même eu des trucs à améliorer. Sauf que, on fait quoi quand déjà on sait qu’au moindre problème le bar va fermer et donc qu’on n’aura plus de boulot ? rien. on accepte les conditions posées par le patron car c’est toujours mieux que de pas avoir de boulot du tout. (Tu es contre le travail ? moi aussi. Mais je ne sais pas toi, mais moi j’ai un loyer à payer, un frigo à remplir. Le squat et la récup, j’ai connu : bouffer les déchets du capitalisme, je trouve finalement pas ça beaucoup plus subversif que de travailler dans un système capitaliste, en fait.) Pareil pour les logements : comme c’est presque impossible de louer légalement un appart en tant que pute (déjà française, donc pour une migrante en situation irrégulière, je te laisse imaginer), parce que nos proprios sont considérés comme proxénètes. Alors on fait quoi ? on rentre dans les réseaux de location clandestin. Avec les surcouts et la précarité (au sens où tu peux te faire virer du jour au lendemain) que ça engendre : déjà en contexte légal, le proprio peut t’expulser, et abuser de toi sous diverses formes, etc, il n’en reste pas moins qu’un locataire légal reste plus protégé face aux abus des proprios qu’unE locataire illégal. Sauf que à aussi, quand c’est ça ou rien, tu prends « ça ». Pareil pour les sites internet : considérés comme proxénètes, ceux qui nous permettent de déposer des annonces sont basés à l’étranger, et nous demander des mille et des cents : c’est ça ou rien. Comme tu le vois, c’est justement l’illégalité du travail sexuel qui en fait le terrain le plus favorable au pire libéralisme qui soit, et c’est pourquoi je me bats pour la décriminalisation du travail sexuel. Alors attention, je ne dis pas qu’en contexte légal, tout serait rose. je n’ai jamais dit ça. Mais au moins, on pourrait se battre contre l’exploitation. Là, la seule bataille qu’on peut mener, c’est quitter notre activité pour aller nous faire exploiter légalement ailleurs. Quand on peut, ce qui est loin d’être toujours le cas. Et quand on veut, ce qui n’est également pas toujours le cas. Ma position est donc loin d’être libérale que ce soit face aux exploiteurs (= ceux qui se font du fric sur nous) ou aux clients : si je me bats pour la fin de la répression, c’est aussi et justement pour avoir plus de pouvoir FACE A EUX. pour qu’on puisse toujours mieux poser NOS conditions. Cela va à l’encontre de l’idée selon laquelle les hommes peuvent disposer des corps des femmes, justement. Puisqu’il s’agit de donner aux femmes le pouvoir de poser LEURS conditions, et non pas de laisser celles-ci fluctuer au gré de leur précarité et vulnérabilité.
Et tu as beau dire que les dominants défendent la prostitution, en fait c’est très peu le cas : ils défendent le droit à avoir leur pute à la maison (et la plupart des dominants les préfèrent en réalité lorsqu’elles sont gratuites), mais ce sont les mêmes qui vont appeler les flics pour virer les putes pauvres de leurs trottoirs… donc ne mélangeons pas tout, et ne prenons pas pour agent comptant l’hypocrisie des dominants, de grâce.
Je suis comme toi, je préfèrerais un monde où on aurait pas besoin de bosser. Je préfèrerais un monde où les femmes auraient autant de pouvoir que les hommes dans la société (pouvoir sur elles-mêmes, sur leur vie, j’entends), seraient aussi libres, auraient autant de possibilités de choix. Ce n’est pas le cas. Alors oui, on se bat pour que ça le devienne. Mais en attendant on fait quoi ? On se bat pour les droits des femmes, des trans, des migrantes, oui. SCOOP : c’est ce qu’on fait entre autres au STRASS.
Et on se bat aussi pour qu’au moins, les personnes qui exercent cette activité, peu en importent les raisons, n’aient pas en plus à subir la répression, et pour qu’elles aient un maximum d’outils pour se défendre face à l’exploitation. On se bat pour qu’elles n’aient plus, en plus, à subir la stigmatisation. Car oui, quand on me dit « je suis triste que tu vendes ton corps, je vais t’aider à ne plus le vendre » mais que ce qu’on propose, c’est juste de le vendre d’une manière qu’on estime plus « digne », c’est de la stigmatisation, c’est du mépris. Faire de la prostitution une question spécifique, c’est forcément mépriser les putes, puisque dans la mesure où tout ce que vous avez à nous offrir, c’est un autre boulot qui participera tout autant au capitalisme et au patriarcat que le nôtre, votre position ne peut être que celle de personnes qui se croient, non pas à égal avec nous, mais supérieures à nous. Qui pensent que leur position est forcément plus « enviable » que la nôtre. Elle peut l’être. De certains points de vue. Mais il n’y a pas de vérité universelle sur cette question je pense. Entre être pute et cadre chez Bouygues, mon choix est vite fait. c’est mon point de vue. Si une femme veut bosser chez Bouygues, alors elle doit en avoir la possibilité ; en attendant au moins d’avoir démoli Bouygues, et toute la société capitaliste de sorte qu’on aura plus à se demander où c’est préférable d’aller bosser. En attendant, je vois beaucoup moins de personnes motivéEs pour aller sauver les travailleurSEs de Bouygues, ou à mépriser celles et ceux qui luttent à l’intérieur d’entreprises pourries pour, au moins, y améliorer leurs conditions de travail.
Alors tu peux mépriser cette démarche, et nous dire que ce qu’on aurait de mieux à faire ce serait juste de quitter l’industrie du sexe, et d’aller travailler dans quelque chose de « mieux », ou, enfin, de nous « arracher une vie qui mérite d’être vécue, sans capitalisme, sans riches, sans pauvres, sans machos, sans clients, sans Etat et sans argent. »
Très bien, mais en attendant tout ton discours ne consiste qu’à dire : « vous n’avez pas de pain ? mangez donc de la brioche »
Comme quoi, la mentalité bourgeoise est souvent cachée où on ne l’attend pas.
Morgane Merteuil
Droit de réponse à « contre le STRASS et son monde » paru sur IndyMedia Paris
Publié sur Langues de putes le 2 novembre 2013

Sur la place des travailleurSEs indépendantEs dans la lutte des classes,
je vous incite également à lire cet excellente analyse de Tanxxx
ICI
(sur le blog la Soupe à l’herbe)
toilet-paper-Maurizio-Cattelan-Pierpaolo-Ferrari-29

Le viol des putes, et leur parole – Réflexions sur l’affaire DSK / Thierry Schaffauser

Je ne sais pas ce qui s’est exactement passé dans la chambre d’hôtel du Sofitel de New York. Mais nous savons que le stigmate de putain est devenu une arme de la défense dans le procès qui s’en suit. La plaignante nie le fait d’être prostituée, or malgré tout, c’est un des arguments entendus pour disqualifier sa parole.
Le message est clair : une prostituée ne peut être crédible car elle serait prête à faire n’importe quoi pour de l’argent. Si elle est prête à « vendre son corps », elle est sans doute prête à accuser faussement un homme de viol pour en récupérer un avantage financier.
Lors des procès pour viol, la réputation de la victime est toujours utilisée contre elle. Dans Carnal Knowledge, Rape on Trial, Sue Lees démontre comment la crédibilité du défendant et de la plaignante est genrée. L’absence de casier judiciaire de la plaignante n’est pas importante pour sa crédibilité, mais sa réputation sexuelle l’est. En revanche, si elle a un passé judiciaire cela devient important. Pour un homme, son occupation et l’absence d’antécédents judiciaires sont les deux principaux facteurs pour évaluer sa crédibilité. Lees Sue, Carnal Knowledge, Rape on Trial, Penguin Books, 1997, chapter 5.

Qu’est ce qu’une bonne réputation ?
« La menace du stigmate de putain agit comme un fouet qui maintient l’humanité femelle dans un état de pure subordination. Tant que durera la brûlure de ce fouet, la libération des femmes sera en échec. » (1)
Par cette phrase, la psychologue et féministe Gail Pheterson affirme que le « stigmate de putain » est utilisé contre toutes les femmes afin de limiter leurs libertés. Elle donne également l’exemple d’un procès pour viol que la victime a perdu parce que son témoin principal était une prostituée. Le simple fait d’être pute suffit pour qualifier la mauvaise réputation. Le déni de Justice dont beaucoup de femmes souffrent en cas de violences de genre est en fait généralisé pour les travailleuSEs du sexe qui incarnent l’image traditionnelle de la « mauvaise femme », celle de la pute.

La force de la loi
L’effet des lois contre la prostitution est que chaque prostituée est regardée comme criminelle quand bien même elle serait victime de crime. La loi permet ainsi de légitimer les violences contre les travailleuSEs du sexe. Dans les années 1970, à la suite des meurtres du criminel en série Peter Sutcliffe surnommé le Yorkshire Ripper, la police britannique n’a commencé son enquête qu’après avoir identifié une victime (la quatrième identifiée) comme « innocente » car jeune vierge de 16 ans et surtout, non prostituée. Mais encore lors du procès, l’Attorney General déclara que le plus triste dans cette affaire fut que le tueur en série s’en soit pris aussi à des femmes « respectables ». Les travailleuses du sexe assassinées ne méritaient donc pas le respect. Plus récemment en 2002 et 2003, sept gendarmes de Deuil la Barre dans le Val d’Oise ont violé une travailleuse du sexe albanaise en la menaçant d’expulsion du territoire à cause de son statut de sans-papière. Elle fut la seule à porter plainte et fut en effet, en conséquence, éloignée du territoire français.
Il est très rare que les travailleuSEs du sexe portent plainte surtout quand les actes criminels sont commis par la police ou des hommes de pouvoir. Nous savons tres bien que la parole d’une pute ne compte rien ou si peu surtout face à celle d’un homme puissant ou représentant l’Etat.
L’une des plus grandes activistes pour les droits des travailleuSEs du sexe, Griselidis Real, était dans une situation similaire voire pire à celle de Nafissatou Diallo. Elle a eu aussi un amant noir en prison, elle fut sans papier pendant des années en Allemagne et a été incarcérée pour trafic de drogues car elle revendait de l’herbe aux GI américains. En revanche, elle n’a jamais porté plainte pour les nombreux viols qu’elle a subis, sachant sans doute le sort qui lui aurait été réservé.
Lorsque je travaillais dans la rue Place de la Porte Dauphine à Paris, je n’ai jamais cherché à porter plainte contre mes agresseurs. J’avais en effet été prévenu par un policier que si mon corps était retrouvé en sang dans le caniveau, il en rirait, car il nous aurait assez prévenu de ne pas rester dans la rue, et que Sarkozy ne voulait pas de nous ici… Lorsqu’une amie a souhaité dénoncer auprès de la police un homme qui a arnaqué plus d’une centaine d’escortes (2), et pourtant bien connu de tous, y compris des forces de police depuis des années, elle s’est vu répondre : « T’as qu’à arrêter tes conneries ».
Le message ici est donc que pour toute violence subie, les travailleuSEs du sexe en sont toujours responsables et n’ont donc pas à s’en plaindre. C’est le même discours que peuvent tenir certains militants anti-prostitution contre les travailleuSEs du sexe activistes qui refusent d’arrêter un métier considéré comme dangereux par nature, et qui en choisissant de l’exercer malgré tout, contribueraient à son maintien. Peut être la violence dans ce cas serait même méritée. C’est en tout cas cette logique qui a poussé par exemple à renforcer la loi contre le racolage sous prétexte de lutter contre le proxénétisme, considérant que c’est en pénalisant les travailleuSEs du sexe, que l’on pouvait atteindre les proxénètes, qu’elles protégeaient soit disant.

D’où vient cette idée que les putes sont menteuses, vénales et qu’elles ne peuvent être violées ?
Parce que les mots sont importants, voyons comment le stigmate de putain (ou la putophobie, selon comment on veut l’appeler) opère, et avec plusieurs sens, parfois contradictoires, mais la contradiction n’est pas un problème lorsqu’il s’agit de discriminer. Plusieurs courants s’entremêlent dans ce qui fait le système putophobe.
Commençons par les courants les plus prohibitionnistes de la pensée abolitionniste qui ont produit de nombreux discours sur la prostituée en tant que représentation mais ce ne sont pas les seuls. Certaines représentations abolitionnistes de la prostituée comme « victime » par essence renforcent l’idée qu’elle serait désespérée au point de faire n’importe quoi, tel « vendre son propre corps » et donc ne plus se respecter elle-même, devoir se mentir à elle-même et aux autres, et en particulier sur sa propre condition. Les tenants de cet abolitionnisme nous expliquent souvent que la parole des putes en exercice doit être prise avec précaution.
C’est le cas de la députée PS Danielle Bousquet qui justifie par exemple :
« Aucune personne prostituée pendant qu’elle exerce la prostitution ne dira jamais qu’elle est contrainte, jamais. Tout le monde effectivement dit que « je le fais volontairement ». Ce n’est qu’au moment où la prostitution s’arrête que les personnes disent : en fait ce n’était pas ce que je disais. » (3)
C’est seulement après que la « personne prostituée » (comme ils nous appellent) a été réhabilitée qu’elle commencerait à parler vrai sur elle-même.
Un autre aspect plus conservateur du discours putophobe (qui peut aussi être une frange de l’abolitionnisme) décrit la prostituée comme n’ayant aucune éthique, aucun sens moral, aucune dignité, aucun honneur. La prostituée est décrite dans le moralisme empreint de christianisme comme une femme déchue (fallen woman), qui est tombée dans le péché, et dont l’identité entière est marquée par le fait de commettre des actes immoraux. La réhabilitation des travaillleuSEs du sexe toujours prônée de nos jours par l’Etat et financée par nos impôts, vient de cette idée que la pécheresse peut se repentir de ses actes, telle Marie Madeleine rencontrant le Christ. Les origines chrétiennes d’un certain abolitionnisme sont plus évidentes lorsqu’on sait que cette philosophie provient de philantropistes et missionnaires de l’Angleterre Victorienne ou que l’expression de « vente du corps » utilisée en opposition à la vente de sa force de travail, se rapproche étrangement de l’idée de « vente de son âme », concept manifestement religieux.
Le discours putophobe s’appuie enfin sur des principes sexistes. Etre pute est décrit dans le discours machiste comme le fait d’être une voleuse (pour ceux qui s’attendent à ce que les femmes leur fournissent des services sexuels gratuitement), une menteuse manipulatrice, par définition infidèle et poussant les hommes mariés à l’adultère, qui coucherait avec n’importe qui, y compris l’ennemi en tant de guerre, séduisant les hommes (qui ne sauraient résister) pour son profit personnel égoïste, par paresse et/ou manque d’intelligence, transmettant des maladies vénériennes (aux hommes, puis indirectement à leur épouse ou femme légitime), donc une menace pour la famille, et une humiliation pour la nation entière qui exigerait ainsi de la tondre en représailles. C’est dans ce contexte que soit le contrôle par la réglementation, soit la punition par la criminalisation sont adoptées contre les travailleuSEs du sexe.
L’ensemble de ces courants justifie un système putophobe dans le cadre duquel, le viol des putes devient soit improbable soit insignifiant. Les plaintes au commissariat sont rarement enregistrées et encore moins suivies d’enquête. Quand bien même la crédibilité de la victime parviendrait à être établie malgré son statut de pute, il apparait que le crime serait « moins grave » car les putes auraient l’habitude de se faire baiser, et que ce ne serait pour nous qu’une « passe gratuite ». Les conséquences seraient donc moins sérieuses et certains juges ont pu considérer qu’il suffisait à l’accusé de payer une amende correspondant au prix de la passe afin de réparer l’acte commis.

Réactions féministes
Prenons à part la question des mouvements féministes qui ne peuvent être confondus avec la fabrique idéologique de la putophobie issue du partiarcat. Ce ne sont que certains de ses groupes, certes encore majoritaires en France, qui influencés par un certain abolitionnisme tendant vers le prohibitionnisme, entretiennent un discours putophobe, et paradoxalement à travers lui, une forme de sexisme contre les femmes travailleuses du sexe. Aussi, ses intentions ne sont clairement pas les mêmes que celles de la putophobie machiste. Il est cependant important de mentionner le rôle de ces mouvements ou personnalités féministes – ou se prétendant à l’occasion féministes – car ils contribuent eux aussi souvent aux mêmes effets d’essentialisation et de mise sous silence de la parole des putes, parfois même de sa confiscation, en instrumentalisant la question du viol dans ce but.
En réaction à l’affaire dite DSK, des organisations féministes ont justement dénoncé le sexisme qui l’entourait et en particulier les commentaires des uns et des autres. Osez Le Féminisme (OLF) et la Barbe ont rédigé un manifeste et organisé un rassemblement commun en invitant les organisations féministes à y prendre part. Or manifestement, les travailleuSEs du sexe n’ont pas été considéréEs comme féministes car jamais invitéEs ou mentionnéEs en tant qu’actRICEs politiques ayant potentiellement une analyse sur le viol en général et le leur en particulier.
Aussi, leur texte mettait en parallèle le sexisme et le racisme en disant qu’on ne traite que les femmes de cette façon (et pas les minorités racialisées, vues par implicite comme hommes). Or, précisément dans le cas Diallo, il ne s’agit pas que de sexisme. Il y a bien sûr du racisme et du classisme à prendre en compte, mais aussi de la putophobie dont personne ne parle mais qui est pourtant flagrante dans cette affaire, que Diallo soit effectivement travailleuse du sexe ou non.
La question du viol des putes est souvent mal analysée par certains mouvements féministes du fait de la domination d’une partie de la pensée abolitionniste. En parlant parfois de viols dans l’enfance et autres traumatismes pour expliquer que certaines femmes soient putes parce que cela semble inimaginable pour elles mêmes, certaines féministes ne font en fait rien pour lutter contre ces violences, mais trouvent une excuse pour justifier la négation de la parole des putes en la décrivant comme aliénée. C’est un mauvais service rendu également à toutes les victimes de viol, qui si on pousse cette logique, se verraient ainsi moins capables que les autres de faire les bons choix pour elles-mêmes.
Certaines féministes en viennent à penser que la prostitution est l’acte de payer afin d’obtenir le consentement des femmes à être violées. Pourtant être travailleuSE du sexe n’empêche pas de savoir faire la différence entre un viol et un rapport sexuel consenti ou de dire non à un client. Vendre du sexe ne veut pas dire que nous sommes prêtEs à tout accepter ou jamais capable d’imposer nos conditions que ce soit sur les tarifs, les pratiques sexuelles ou la prévention.
Le principal problème auquel les travailleuSEs du sexe font face est le manque de confiance dans les forces de police et les autorités publiques. Les lois contre le travail sexuel empêchent des pratiques efficaces afin d’arrêter les violences et sont en totale contradiction avec les approches de réduction des risques et de santé communautaire. Comment en effet la police pourrait enquêter contre les crimes subis par les travailleuSEs du sexe quand ils sont si occupés à nous arrêter ?
Il faut donc être plus prudent quand on parle de travail sexuel. Cela peut être un travail difficile et avec forte exploitation, en particulier lorsque la criminalisation de différentes parties de l’industrie du sexe augmente les actes de violence, mais définir le travail sexuel comme intrinsèquement du viol en soi ou une violence contre les femmes ajoute à la confusion plutôt que n’aide. Les arguments anti-travail sexuel qui définissent les travailleuSEs sexuelLEs comme des objets et qui prétendent que l’industrie du sexe normalise le viol placent les travailleuSEs du sexe dans une position injuste, parce que si nous ne rejetons pas notre travail et que nous continuons de travailler, on nous accuse ensuite d’être complices de viol ou bien d’être « l’armée de réserve du patriarcat. » (4)
L’absence de désir n’est pas l’absence de consentement, et le désir n’est pas toujours absent non plus avec un client. Le désir peut se manifester de différentes manières et pas toujours dépendant de la personne en face de soi.
Pour finir, à ces personnes qui veulent criminaliser nos clients sous prétexte qu’ils seraient des violeurs, et puisque leurs luttes se concentrent contre l’exercice du travail sexuel et non contre les violences subies par les travailleuSEs du sexe en exercice, je voudrais leur demander : « Pourquoi voulez vous arrêter les hommes qui paient et qui donc respectent le contrat quand rien n’est fait pour arrêter ceux qui nous violent pour de vrai ? »
Thierry Schaffauser
le Viol des putes, et leur parole – Réflexions sur l’affaire DSK / 22 septembre 2011
Texte publié sur le site les Mots sont importants
Thierry Schaffauser est travailleur du sexe et membre du STRASS.
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1 Pheterson Gail, The Prostitution Prism, Amsterdam University Press, 1996
2 http://www.niamodel3.com/AlertEscorts.php
3 http://site.strass-syndicat.org/2011/04/debat-sur-lcp-la-chaine-parlementaire/
4 Expression entendue lors d’une réunion publique d’Osez Le Féminisme.

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