Archive pour la Catégorie 'Action'

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Charlie Hebdo, la tristesse et la colère / Alternative libertaire

Le massacre perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo, aujourd’hui en fin de matinée, est un acte ignoble, à condamner sans réserve.

Le choc émotionnel est immense, et nous pensons en premier lieu aux proches des victimes.

Si ce carnage s’avère être l’œuvre de fascistes religieux, il faudra, une nouvelle fois, dénoncer les illusions mortifères des fanatiques qui rêvent d’assujettir la société à la religion. Nous continuerons à combattre tous les fascismes, qu’ils se drapent dans les religions juive, chrétienne, musulmane ou autres. Et, par avance, nous condamnons tout acte de violence islamophobe qui serait commis au titre de « représailles ».

La tristesse et la colère sont d’autant plus fortes que nous savons à qui va profiter ce crime. Cet événement effroyable va alourdir le climat raciste dans lequel baigne déjà la société française. Il apporte de l’eau au moulin des réactionnaires, politiciens ou littérateurs, qui dissertent sans fin sur le prétendu « choc des civilisations », et vomissent quotidiennement leur haine des musulman-es et des étranger-es.

Certes, Alternative libertaire est engagée dans la lutte contre toutes les forces rétrogrades. Mais cette lutte ne peut être menée dans le cadre d’une « unité nationale » factice, avec des responsables politiques qui, à droite comme à gauche, ont attisé la haine et sont en partie responsables du chaos actuel :
-  parce qu’ils ont soutenu le développement de forces islamistes armées pour divers motifs géostratégiques depuis les années 1980 ;
-  parce qu’ils ont mené ou soutenu des interventions militaires désastreuses en Afrique et au Moyen-Orient, pour des motifs impérialistes ;
-  parce qu’ils ferment les frontières à celles et ceux qui tentaient de fuir l’enfer en traversant la Méditerranée ;
-  parce qu’ils entretiennent la stigmatisation des travailleurs immigrés et de leurs enfants, en particulier lorsqu’ils sont supposés musulmans ;
-  parce qu’ils vont, profitant de l’émotion légitime dans la population, et sous couvert d’antiterrorisme, aggraver les lois liberticides.

Alternative libertaire, le 7 janvier 2015

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Ceci n’est pas une « bavure »

Le 6 décembre 1986, les voltigeurs mis en service par Charles Pasqua, alors ministre de l’intérieur, tuaient Malik Oussekine à Paris. Quatre jours après l’assassinat du jeune étudiant, une manifestation avait lieu à Paris à laquelle auraient participé quelques 600 000 personnes.
Depuis, ce n’est pas que la police n’ait jamais plus tué, mais jamais plus à l’occasion d’une manifestation, et ce jusqu’au 26 octobre 2014. Ce jour-là, sur le site du chantier du barrage de Sivens, les gendarmes mobiles ont tué Rémi Fraisse, jeune militant écologiste. Sept jours après cet homicide, avaient lieu deux manifestations à Paris. L’une, dite « pacifiste », appelée par l’ONG France Nature Environnement (FNE) pour laquelle militait Rémi Fraisse, aurait rassemblé moins de 600 personnes devant le mur de la paix au Champ-de-Mars, l’autre, place Stalingrad, dite « illégale » car interdite par la préfecture de police, aurait rassemblé 300 personnes plus les quelque 70 personnes interpellées par les services de police avant même d’atteindre le lieu du rassemblement.
Comment interpréter cette étrange scission entre deux rassemblements opposés dans leurs formes ? Et surtout, que s’est-il passé entre 1986 et 2014 ? Au moins autant que la violence policière, c’est peut-être bien le changement d’échelle dans la réponse populaire qui a suivi ces deux événements qui interpelle.
On nous rétorquera que les modalités de ces deux homicides ne sont pas les mêmes. Malik Oussekine est mort sous les coups de matraque acharnés de deux policiers. C’était, nous dira-t-on, une « bavure », c’est-à-dire un accident sans implications quant à la logique globale de l’usage de la force publique. Rémi Fraisse a de son côté été tué par un jet de grenade offensive. D’ailleurs Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, s’est empressé de défendre les forces de l’ordre : non, ceci n’est pas une « bavure » ! Certes, on conviendra que lancer une grenade n’implique pas le sujet agissant de la même manière que lorsqu’il matraque avec acharnement. Dans le premier cas, il n’y a pas de corps à corps. Après tout, lorsqu’on lance une grenade, comment savoir où elle atterrira ? Qui plus est face à des manifestations, qui, si l’on en croit la plupart des médias, sont de plus en plus confuses, violentes, menées par des excités qui veulent en découdre avec les forces de l’ordre ?
Le ministre a raison, mais pour d’autres raisons que celles invoquées. En effet, Rémi Fraisse n’a pas été victime d’une bavure. Pas plus ne l’ont été toutes celles et ceux qui, lors d’une manifestation, d’une interpellation ou d’une reconduite à la frontière, ont été mutilé-e-s par un tir de flash-ball, électrocuté-e-s par un taser ou étouffé-e-s. Un lancer de grenade offensive, pas plus qu’un passage à tabac, n’est pas une erreur technique. La mort de Rémi Fraisse n’est pas une bavure, mais un événement qui doit être compris dans sa dimension politique. L’absence de mobilisation d’ampleur au lendemain de l’événement est un symptôme de la banalisation de la violence policière illégitime et de sa mise en acceptabilité croissante.
Les mouvements d’opposition aux grands projets inutiles témoignent de nouvelles pratiques politiques et d’un engagement nouveau des jeunes et des moins jeunes. Ils excèdent largement les cloisonnements binaires de leur traitement médiatique majoritaire. L’usage d’une violence démesurée par les forces de l’ordre n’est en ce sens que la conséquence inévitable de l’inutilité des projets imposés, de leur mise en œuvre douteuse et de leurs conflits d’intérêt. On y reconnaît les effets de la technocratie néolibérale qui nous tient lieu de « démocratie », et qui apparaît de plus en plus, dans tous les domaines de la vie sociale, comme un processus de « dé-démocratisation ».Une fois tout dialogue rompu, comment contester ces aménagements autoritaires sans un minimum d’obstruction physique ? Dans de telles conditions, être tué ou mutilé par les forces de l’ordre n’est pas une « bavure », mais renvoie à des responsabilités institutionnelles et à des niveaux qu’il est possible et nécessaire d’établir.
Toute relativisation de la violence policière est inacceptable. Face au ressassement médiatique des épouvantails, « casseurs », « black bloc » ou autre, rappelons que le « cassage de vitrine » ne justifie pas l’utilisation d’armes de guerre, qu’il n’y a pas d’équivalence entre un dégât matériel et un homicide ou une mutilation, et que dans les faits, les dits « casseurs » subissent en général des sanctions judiciaires autrement plus importantes que les responsables de la « violence légitime ».
La mort de Remi Fraisse, tué par une grenade offensive lancée sur un groupe de manifestants, a de quoi susciter une large mobilisation collective, à laquelle on peut à bon droit associer le souvenir de toutes celles et ceux qui sont mort-e-s des mains de la « violence légitime», en rappelant que les migrant-e-s et les habitant-e-s des quartiers populaires y payent, depuis longtemps déjà, un lourd tribut en servant de cible banalisée d’une violence désormais étendue aux personnes qui contestent et désobéissent. L’atonie, la banalisation ou la justification de l’inacceptable mettent en péril l’institution même de la démocratie. Non, ceci n’est pas une bavure, et il serait fort regrettable que les lycéen-n-es, qui ont commencé à briser cette atonie, ne soient pas suivis en grand nombre.
Françoise Blum, Jean-Philippe Cazier, Samuel Churin, Laurence de Cock, Dominique Collignon-Maurin, Antonella Corsani, François Deck, Florent Gabarron-Garcia, Nacira Guénif, Remi Hess, Thomas Hippler, Elias Jabre, François Matheron, Olivier Neveux, Pascal Nicolas-Le-Strat, Ugo Palheta, Valentin Schaepelynck, Cyprien Tasset, Emmanuel Valat, Viviane Vicente, Christiane Vollaire.
Publié sur Mediapart le 12 novembre 2014

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Les luttes des putes / Thierry Schaffauser

Pénaliser, abolir, verbaliser, réprimer : tel est le bruit de fond commun aux discours sur « les putes », qu’ils émanent de députés, de féministes ou de maniaques de l’ordre moral et urbain. À contre-courant, ce livre défend l’idée de travail du sexe, idée scandaleuse entre toutes car elle implique une alliance entre le combat féministe, le combat ouvrier et celui des pauvres et des exclus. Se fondant sur son savoir historique et sur son expérience personnelle, Schaffauser dénonce les violences, décrypte les sollicitudes hypocrites et raconte l’histoire des luttes, en particulier la création du STRASS (Syndicat du travail sexuel), et ses rapports souvent conflictuels avec une « extrême gauche » confite dans la vertu.
Un livre décapant et éclairant sur un sujet qu’il n’est plus possible d’éviter aujourd’hui. (note de l’éditeur)

Avant-propos. Depuis fin 2011, les prostituées sont sous les projecteurs médiatiques. C’est en effet en décembre de la même année que Danielle Bousquet et Guy Geoffroy ont déposé une proposition de loi pour renforcer la lutte contre la prostitution. En guise de mesure phare, les parlementaires qui l’ont déposée et leurs soutiens au gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem en tête, ont mis en avant la « pénalisation des clients » de prostituées. Nous, putes, sommes dès lors au centre d’un débat public dans lequel s’affrontent des positions contradictoires. Les uns souhaitent voir notre activité disparaître en verbalisant nos clients, les autres proposent de rouvrir les maisons closes, beaucoup d’autres enfin, issus des élites politiques ou administratives, essayent surtout de nous chasser des rues ou des lieux où nous travaillons, voire d’expulser du pays ceux et celles d’entre nous qui n’ont pas de papiers. Dans cette ambiance franchement répressive, nous, travailleurs et travailleuses du sexe, opposons des revendications, qui se concentrent autour de la décriminalisation de notre activité. C’est une proposition souvent mal comprise, caricaturée mais, il faut le dire, c’est la seule qui puisse améliorer le sort des prostituées – si l’on s’accorde sur le fait qu’il s’agit bien là de la vocation véritable des politiques publiques.
Ce livre est une défense de cette revendication, qui est aujourd’hui l’horizon immédiat des luttes des putes : ni chasse aux prostituées sous le prétexte de lutter contre le « racolage passif » ou le « proxénétisme », ni pénalisation des clients qui est une forme déguisée d’exclusion et de marginalisation des travailleurs et travailleuses du sexe. Mais ce livre est plus que cela. C’est une tentative d’inscrire nos luttes dans deux traditions de la politique d’émancipation : le mouvement féministe et le mouvement ouvrier. Cette tentative peut sembler paradoxale, tant en France des acteurs variés, issus des partis politiques, de la société civile, mènent une lutte idéologique pour nous bannir des espaces et de la réflexion féministes et pour proscrire l’usage de l’expression « travailleurs et travailleuses du sexe » – qui nous permet de nous identifier au mouvement ouvrier. Ce livre n’a donc pas pour ambition de refléter le « point de vue des prostituées ». Il a pour but de proposer une perspective à nos luttes et à nos revendications qui s’inscrive dans une vision globale d’émancipation, un horizon égalitaire, une politique visant à étendre la sphère des droits sociaux de tous et toutes contre les attaques répressives, racistes et le renforcement de la précarité au sein du monde du travail. Notre réflexion se situe dans une militance bien précise, la construction active et l’animation d’un syndicat des travailleurs et travailleuses du sexe (STRASS).

DROITS DES TRAVAILLEURS DU SEXE

Cette idée d’une syndicalisation des prostituées est une étape décisive d’un itinéraire politique et militant, une trajectoire à la fois personnelle et collective. À 18 ans, j’entrais à Act Up et me dédiais au militantisme lié à la santé communautaire et à la lutte s-contre le sida ; à 20 ans, je commençais le travail sexuel sur le trottoir de l’avenue Bugeaud près de la porte Dauphine ; en 2005, je participais à la conférence internationale des sex workers à Bruxelles. Ces années furent le théâtre d’un renforcement de la répression – avec notamment en 2003 la Loi pour la sécurité intérieure instaurant le délit de « racolage passif » – mais aussi de luttes, de réappropriation d’un stigmate de pute à travers des élaborations liées à la défense de nos intérêts, pour finalement aboutir à l’idée d’une syndicalisation des travailleurs et travailleuses du sexe et à la constitution du STRASS en 2009.
Cet ouvrage s’inscrit dans un combat de longue haleine, dans une élaboration collective qui en est encore à son premier âge. C’est une contribution à cette réflexion et, je l’espère, un appui pour les luttes à venir, aussi bien du point de vue des argumentaires qu’il vise à déployer, qu’en vertu des alliances qu’il appelle de ses vœux – par la défense de cette ambition que la syndicalisation des putes soit désormais davantage un enjeu féministe et ouvrier. Ce livre est donc aussi là pour élargir les stratégies dans lesquelles la lutte des travailleurs et travailleuses du sexe évolue, car la meilleure manière de vaincre, c’est de pouvoir choisir ses alliés et ses ennemis. Ce livre cherche à diffuser des savoirs, mais aussi, peut-être, à poser les jalons des coalitions émancipatrices à venir.
Thierry Schaffauser
Les luttes des putes / 2014

Publié aux éditions La Fabrique

À lire sur le site du Strass :
APERO ANTI-PUTES A TOULOUSE : QUI SONT LES FASCISTES ?

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