Abraham Segal Pour poursuivre un débat qui s’est amorcé entre toi et Jean-Claude Polack sur la modification de l’inconscient depuis l’apparition du cinéma, celui-ci a-t-il eu un impact sur les représentations de la folie, tant auprès du public que des professionnels de la psychiatrie ?
Félix Guattari La question n’est pas celle d’une interaction externe entre le cinéma et un certain nombre de problèmes psychiques, normaux ou pathologiques. Dans la perspective qui est la mienne, le cinéma, ou plus exactement la narrativité cinématographique telle qu’elle s’est instaurée dans l’histoire du cinéma, apparaît comme l’un des moyens majeurs de la production de subjectivité. Il s’agit de voir comment les conditions de cette production de subjectivité ont été radicalement changées par le cinéma. Corollaire immédiat : la subjectivité est une production. Cela ne se comprend que dans la mesure où les moyens de production sont de plus en plus socialisés, non pas mécanisés mais machinisés. Le cinéma s’inscrit dans ce que j’appelle un phylum machinique : il a des antécédents, qu’il faudrait chercher dans une certaine histoire des médias — la narrativité dans la presse, les grands romans populaires, les grands romans bourgeois… on pourrait y trouver toute une généalogie —, mais il a aussi des successeurs comme les productions vidéo ou les banques de données informatiques.
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Publié dans Chimères n°26
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