Lucie, une militante de l’Organisation Communiste Futur Rouge, investie dans un groupe antifasciste, a été violée par un fasciste le 9 août 2013 aux abords d’une soirée. Comme l’explique Lucie, elle ne souhaite pas porter plainte, choix que nous respectons. Pour protéger son intimité, son anonymat est conservé.
le viol c’est politique
Ce viol était une attaque sexiste.
Ce viol visait Lucie et, avec elle, toutes les femmes : en violer une, c’est rappeler à toutes ce qu’elles risquent si elles ne restent pas à la maison ou discrètes, dans l’ombre et au chevet des hommes.
Les 150 000 viols qui ont lieu tous les ans ne sont pas des faits divers : le viol est l’arme ultime utilisée par les hommes pour nous terroriser, c’est une arme politique dont usent les hommes de tout bord (pas que les fascistes !) contre les femmes.
ce viol est un crime fasciste
Tout viol est politique et, celui de Lucie l’est par deux aspects. « Salope de gauchiste, pute d’antifa », voilà ce qu’il lui a dit pendant qu’il la violait. C’est donc parce qu’elle est militante antifasciste que Lucie a été violée. Pour la stopper, l’empêcher de continuer à lutter.
Ce viol a été commis pour défier l’ensemble des militants antifascistes. Dans une logique similaire aux viols de guerre, son agresseur a réduit son corps à un champ de bataille, une propriété à prendre ou à défendre, en faisant un objet et un terrain d’affrontement entre hommes.
la peur doit changer de camp
Nous, femmes, meufs, trans, gouines, dans la rue comme dans nos vies privées, subissons des violences insupportables, de la part de nos ennemis comme de ceux qui nous sont proches.
VIOLENCES sexistes, policières, racistes, islamophobes, fascistes, transphobes, lesbophobes, de l’exploitation au travail, de l’Etat et de ses administrations, voilà notre quotidien.
La police comme la justice, non seulement ne s’affrontent pas à ces violences mais, souvent même, les perpétuent et/ou les encouragent en ne punissant pas les agresseurs.
Nous, femmes, meufs, trans, gouines, sommes habituées à devoir les affronter car ces violences sont quotidiennes : collectivement, nous pouvons faire naître la force d’y mettre fin.
tête haute et colère au coeur
Lucie n’a jamais cessé de se battre : la violence sexiste et fasciste ne l’a pas brisée. Avec elle, nous voulons tenir tête et faire comprendre à tous les agresseurs que les femmes ne sont pas des victimes mais des combattantes, qu’unies et solidaires elles sont capables de riposter.
Nous saluons la détermination de Lucie, son courage de parler et de continuer à se battre. Comme Lucie, nous sommes en colère et déterminé-e-s : c’est à une riposte unie, antifasciste et féministe, que nous appelons.
Notre corps n’est pas un champ de bataille et d’affrontements entre hommes.
C’est lorsque nous sommes isolées les unes des autres que nous sommes vulnérables à toutes ces violences.
C’est pourquoi nous pensons qu’il est essentiel que ce soient les femmes, meufs, trans, gouines qui organisent la riposte face à ce viol. C’est ainsi qu’elles pourront s’organiser par et pour elles-mêmes et, commencer à briser, ensemble, leur isolement.
Nous invitons toutes celles et tous ceux qui partagent cette colère à rejoindre la mobilisation et à manifester à Paris le 11 octobre, à 15h à Ménilmontant.
Manifestation soutenue par 8 mars pour toutes – AFA Paris Banlieue – CAPAB – Collectif du 8 Avril – CGA – Fédération Solidaires étudiant-e-s syndicat de lutte – Femmes en lutte du 93 – ICAD – NPA 75 – OC-FR – STRASS – OCML-VP
Publié sur Paris-luttes.info le 1er octobre 2014
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