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Archive mensuelle de septembre 2014

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Edward Saïd, les effets des mythologies coloniales / Colloque 26-27-28 septembre 2014

Edward Saïd, les effets des mythologies coloniales
Colloque 26-27-28 septembre 2014, Sétrogran, Nièvre.

L’érudition factice d’une large part de la tradition orientaliste, telle qu’elle est dénoncée par Edward Saïd, a manifestement une intention dominatrice, en même temps qu’un effet désorientant. Le mettre en évidence, c’est ouvrir l’espace à la possibilité d’une pensée critique commune au-delà même de l’œuvre de Saïd. Développée dans la mouvance post-coloniale, elle s’applique aux champs les plus diversifiés de la réflexion politique contemporaine.

Organisé en collaboration avec Orazio Irrera

VENDREDI 26 SEPTEMBRE

12h. Accueil. Déjeuner d’ouverture

14h30. Orazio Irrera
Edward Saïd et Michel Foucault : discours et contre-discours

16h30. Christiane Vollaire
L’affectation de scientificité et la question palestinienne
Lecture d’un texte de Mahmoud Darwich par Sylvie Parquet

19h. Apéro. Dîner

21h. Philippe Bazin
Sur Opus incertum de Pierre-Yves BrestProjection et conférence

SAMEDI 27 SEPTEMBRE

10h. Mohamed Amer-Meziane
Orientalisme et sécularisation : l’actualité du débat de Saïd aux USA
Lecture d’un texte de Mahmoud Darwich par Sylvie Parquet

12h. Déjeuner

14h. Marco Candore
Harem, sérail, gynécée : les sexes de l’Orient rêvé.
Conférence – Performance

16h. Balade.

19h. Buffet au cinéma « Le Sélect » de Saint-Honoré-les-Bains.

20h30. Projection au cinéma du film hispano-franco-mexicain de Iciar Bollain
Tambien la lluvia (Même la pluie) / 2011

DIMANCHE 28 SEPTEMBRE

10h. Maria-Benedita Basto
Saïd et Vico : sur l’histoire en défense des humanités

12h. Clemens Zobel
Mythologie de l’autre : le jeu de l’altérité
Lecture d’un texte de Mahmoud Darwich par Sylvie Parquet

13h30. Déjeuner de clôture

Ce colloque est le 4ème d’une série commencée il y a trois ans à Sétrogran, en partenariat avec Ici et ailleurs, autour de non philosophes qui ont fait quelque chose à la philosophie et aux arts :
- 2011 : Le Baudelaire des philosophes
- 2012 : Pasolini, à suivre ?
– 2013 : Orwell, les dissensus du sens commun.
Il fera l’objet, comme les trois précédents,
d’une publication coordonnée par Philippe Bazin.

Rencontres de « Sétrogran » (Nièvre)
03 86 50 58 89 Les Ourgneaux 58340 Montigny-sur-Canne

Télécharger le programme : fichier pdf SAÏD-PROGRAMME

À lire sur le Silence qui parle :
Albert Camus ou l’inconscient colonial / Edward Saïd
Bichon chez les Nègres / Roland Barthes

Également sur Mécanoscope

Bussière les papillons d'or

Présentation du livre Peut-on parler avec l’ennemi ? / Alain Brossat / Librairie Publico – éditions Noir et rouge / mercredi 10 septembre 2014

Peut-on parler avec l’ennemi s’interroge sur le statut de l’inimitié politique dans les sociétés contemporaines.
Le jeu de ce qui s’auto-désigne aujourd’hui comme la « démocratie » consiste à entretenir le déni du conflit et de la division en établissant un régime général de fluidité où toutes les aspérités seraient solubles dans une communication bien réglée. Il consiste à nous convaincre qu’il n’y a que des « partenaires sociaux » simplement séparés par des malentendus ou des divergences destinées à s’effacer devant le partage du sens de l’intérêt commun. Il consiste tout autant à accréditer la fable selon laquelle le cours de l’Histoire serait désormais réglé sur le principe de la démocratisation du monde, ce qui s’y oppose ayant vocation à être éliminé comme pure scorie de ce parachèvement de la Raison historique.
Contre ces fictions destinées à légitimer l’hégémonie exercée par le bloc de puissance qui a capté le nom de démocratie, cet essai s’efforce de montrer que, la vie politique continuant envers et contre tout d’être placée sous le signe d’une division et d’une conflictualité non moins vive qu’hier, le quelconque aux visages multiples ne saurait renoncer à concevoir qu’il a bel et biens des ennemis ; des ennmis qu’il importe de tenir à distance, avec lesquels le partage d’un monde commun est davantage un faux-semblant qu’une évidence.
En proposant une traversée de différentes figures dans lesquelles est posée la question de la relation avec l’ennemi, des pratiques de l’inimitié (un roman oublié de Maurice Barrès, le classique Silence de la mer de Vercors, les relations entre les États-Unis et le Japon après la fin de la seconde guerre mondiale…), Peut-on parler avec l’ennemi tente de faire revenir dans la réflexion politique contemporaine cette question lancinante : sous quelles conditions et à quelles fins pouvons-nous parler avec nos ennemis – ou devons-nous nous abstenir de le faire ?

La librairie Publico et les éditions Noir et rouge vous invitent à rencontrer Alain Brossat à l’occasion de la sortie de son dernier livre mercredi 10 septembre 2014 à partir de 18 heures
Librairie Publico 145 rue Amelot – Paris 11° – Métro République ou Oberkampf

À lire sur le Silence qui parle :
Extrait de Peut-on parler avec l’ennemi / Alain Brossat
Le silence des sirènes / Joachim Dupuis

Catégorie Brossat

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Fonds perdus / Thomas Pynchon

En raison très probablement d’un blocage lié au fait que c’est l’arme de 007, elle tâche habituellement d’éviter le Walther PPK avec viseur laser dans la poignée, pour se rabattre sur l’autre, le Beretta, qui, si les armes avaient conscience de faire carrière, pourrait considérer qu’il s’agit d’une promotion. Mais là c’est parti, elle prend l’escabeau, farfouille au fond du placard, tout en haut, et en sort le PPK. Au moins ce n’est pas le modèle pour dames, vendu avec la poignée rose perle. Vérification des piles, modulation cyclique du laser qu’elle allume et éteint. Sait jamais quand une nana peut avoir besoin d’un laser.
Dehors dans un de ces oppressants après-midi hivernaux, le ciel au-dessus du New Jersey est un pâle pavillon de guerre de l’ancienne nation de l’hiver, divisé horizontalement, bleu chardon hexadécimal au-dessus, jaune babeurre dessous, cap sur Broadway en quête d’un taxi, qui à cette heure de la journée a toutes les chances d’avoir terminé son service, retourne sur Long Island City, et n’a pas envie de charger un client supplémentaire. C’est effectivement le cas. Le temps qu’il y en ait un qui s’arrête enfin, les lueurs de la ville s’allument et la nuit tombe.
Arrivée à « la planque », elle sonne à l’interphone, attend, attend, pas de réponse, la porte est verrouillée, mais elle voir de la lumière le long du chambranle. Elle y regarde de plus près pour examiner le genre de serrure et constate que la porte n’est pas fermée à clé, pas de verrou. Après des années d’expérimentations avec diverses sortes de cartes de magasin et de crédit, elle a trouvé la combinaison idéale de robustesse et de flexibilité dans les cartes à jouer en plastique d’ESPN Zone, que les garçons n’arrêtent pas de rapporter à la maison. Elle prend à présent l’une d’elles, s’appuie brièvement sur un genou, et a crocheté la porte avant de pouvoir se demander si c’est un si bonne idée.
Présence de rongeurs, ombres furtives qui tremblotent sur son passage. Échos dans les cages d’escalier, hurleurs à d’autres étages, bruits non humains qu’elle ne parvient pas à identifier. Des ombres dans les coins, épaisses comme du graillon, qu’on ne peut transpercer du regard, quelle que soit la clarté de l’ampoule. Des couloirs éclairés par intermittence et de la chaleur, quand il y en a, dispensée uniquement par certains radiateurs, si bien qu’il y a des zones de froid, témoins de la présence de forces spirituelles malfaisantes, selon d’ex-New-Agers que connaît Maxine. Au bout d’un couloir, une alarme incendie dont les piles sont à l’agonie répète un strident gazouillis désespéré. Elle se souvient de Windust disant que c’est à la nuit tombée que les chiens sortaient.
La porte de l’appartement est ouverte. Elle sort le PPK, allume le laser, relève le cran de sureté, se glisse à l’intérieur. Les chiens sont là, trois, quatre, autour de quelque chose au sol entre ici et la cuisine. Il y a une odeur qu’on identifie sans avoir besoin d’être un chien. Maxine s’écarte de la porte au cas où l’un d’entre eux voudrait détaler. Sa voix, suffisamment ferme pour l’instant : « Très bien, Toto – pas un geste! »
Leurs têtes se redressent, leurs museaux sont d’un coloris plus foncé que nécessaire. Elle s’avance furtivement, en longeant le mur. L’objet n’a pas bougé. Il s’annonce lui-même, le centre de l’attention, même mort il essaye encore de raconter l’histoire à sa façon.
Un des chiens s’enfuit hors de la pièce, ils sont deux à s’approcher, la défiant d’un grognement, un autre demeure près du cadavre de Windust et attend qu’on ait réglé son compte à l’intruse. Fixant Maxine avec – pas véritablement un regard canin, Shawn s’il était ici confirmerait certainement – le visage avant le visage. « On ne s’est pas vus l’année dernière au concours de Westminster, dans la catégories Toutes Races Confondues ? »
Le chien le plus proche est un croisement de rottweiler et d’on ne sait quoi, et le petit point rouge vient se poser au centre de son front, non pas tremblotant mais, ce qui est encourageant, parfaitement stabilisé. Le collègue canin s’immobilise, comme pour voir ce qui va se passer.
« Viens donc », murmure-t-elle, tu sais ce que c’est, l’ami, ça transperce en plein dans ton troisième œil… approche donc… on n’est pas obligés que ça arrive… » Le grondement féroce cesse, les chiens, avec attention, s’approchent de la sortie, le chef de meute dans la cuisine s’éloigne finalement du cadavre et – hoche-t-il la tête en la regardant ? – se joint à eux. Ils attendent dehors dans le couloir.
Les chiens ont fait des dégâts qu’elle s’efforce de ne pas regarder, et puis il y a l’odeur. Elle se récite une comptine de sa lointaine enfance :

Mort, a dit le doc-teurrr
Mort, a dit l’infirmière
Mort, a dit la dame avec
Le sac en al-liga-tor…

Elle se précipite comme elle peut aux toilettes, allume l’aérateur, et s’agenouille sur le carrelage froid sous le vacarme du ventilateur. Le contenu de la cuvette déclenche un haut-le-cœur léger mais reconnaissable, comme s’il essayait de communiquer. Elle vomit, saisie d’une vision de toutes les canalisations venant de chaque bureau lugubre et de chaque espace transitoire de la ville, toutes se déversant, via une gigantesque tubulure, dans un seul conduit, qui emporte en rugissant un flux constant de gaz anaux, de mauvaise haleine, et de tissus en décomposition, pour finir comme on s’y serait attendu quelque part dans le New Jersey… tandis que, pendant ce temps, derrière les grilles de ces millions d’orifices, du graillon s’accumule pour l’éternité dans les fentes et les lucarnes, et la poussière qui s’élève et retombe et retenue là, s’ammoncelle au fil des ans en un secret dépôt noirci, bruni… une lumière bleu pastel, un papier peint floral noir et blanc, son propre reflet instable dans la glace… Il y a du vomi sur la manche de son manteau, elle essaye de la faire partir à l’eau froide, rien n’y fait.
Elle rejoint le macchabée silencieux dans l’autre pièce. Dans le coin, la Dame au Sac en Alligator observe, silencieuse, nulle lueur dans les yeux, uniquement la courbe d’un sourire à peine visible dans l’ombre, le sac à main à l’épaule, au contenu à jamais inconnu car on se réveille toujours avant de le voir.
« Une perte de temps », chuchote la Dame, pas de manière désagréable.
Malgré cela, Maxine prend une minute pour observer celui qui fut naguère Nick Windust. C’était un tortionnaire, un multi-assassin, sa bite est entrée en elle, et sur le coup elle n’est pas sûre de savoir ce qu’elle ressent, tout ce sur quoi elle peut se concentrer ce sont ses bottines chukka faites sur mesure, d’un brun pâle souillé dans cette lumière. Que fabrique-t-telle ici ? Non mais putain de bordel, s’est-elle précipitée ici en pensant qu’elle pourrait empêcher ça ?… Ces pauvres chaussures idiotes…
Elle fait un rapide examen de ses poches – pas de portefeuille, pas d’argent, ni billets ni autre, pas de clés, pas de Filofax, pas de téléphone portable, ni clopes ni briquet, pas de médicaments, pas de lunettes, juste la série des poches vides. Pour une sortie propre et nette, c’en est une. Au moins est-il cohérent. Il n’a jamais été là-dedans pour l’argent. La malice néo-lib a dû exercer sur lui un attrait différent et désormais-impossible-à-connaître. Tout ce qu’il a eu à la fin, tandis que l’autre monde se rapprochait, c’est la liste de ses méfaits, et les types qui lui ont réglé son compte l’ont laissé à la merci de cette liste. Dans toute sa longueur, les années, le poids.
Mais alors à qui a-t-elle parlé, là-bas à l’oasis de DeepArcher ? Si Windust, à en juger par l’odeur, était déjà mort depuis longtemps à ce moment-là, elle est face à une alternative problématique – soit il s’adressait à elle depuis l’autre côté soit c’était un imposteur et le lien peut avoir été détourné par n’importe qui, pas nécessairement par quelqu’un de bien intentionné, un agent, Gabriel Ice… Un quelconque gamin de douze ans en Californie. Pourquoi y croire le moins du monde ?
Le téléphone sonne. Elle sursaute un peu. Les chiens s’approchent jusqu’au seuil, curieux. Décrocher ? Mauvaise idée. Au bout de cinq sonneries le répondeur sur le comptoir de la cuisine se déclenche, le volume est très fort, donc impossible de ne pas entendre le message. Ce n’est pas une voix qu’elle reconnaît, un chuchotement aigu et rauque. On sait que tu es là. Inutile de décrocher. C’est juste pour te rappeler qu’il y a école demain, et qu’on sait jamais quand vos enfants peuvent avoir besoin qu’on soit avec eux. »
Oh, merde. Oh, merde.
En sortant, elle passe devant une glace, y jette par réflexe un œil, aperçoit le flou d’une silhouette en mouvement, peut-être elle, probablement autre chose. La Dame à nouveau, entièrement dans l’ombre à l’exception de l’unique reflet de son alliance, dont la couleur, si l’on savait goûter la lumière, ce qu’un instant elle imagine pouvoir faire, pourrait être qualifiée de légèrement amère.
Thomas Pynchon
Fonds perdus / Bleeding Edge / 2014

De Bleeding Edge à Fonds perdus

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