Démontage d’un tour d’illusion.
L’assassinat dans une chambre fermée de l’intérieur, type même du crime parfait, décourage d’emblée toute enquête parce qu’il se présente comme impossible. Il en est de même, si l’on y songe, lorsque l’autre, de façon incompréhensible, par un mot, par un regard, nous tue. Or, il s’agit dans les deux cas d’un tour d’illusion. C’est ce que ce livre tentera de montrer.
Spinoza pensait que démasquer l’erreur ne suffit pas,encore faut-il dissiper l’illusion. « Pourvu que je puisse réfléchir à fond », écrivait ce clinicien de l’imaginaire. Et il jetait les bases d’une nouvelle rationalité. À la démarche spinozienne, ce livre propose d’associer la méthode freudienne de l’association libre.
La parole alors, parfois, livre ses secrets. Parler, en effet, c’est adapter son vocabulaire, sa mimique, ses intonations à l’autre en face de soi. Et puis, les mots que l’on prononce, les lester, en douce, de ses souvenirs, de ses émotions : leur donner du sens. C’est aussi, avouons-le, chercher à obtenir de l’interlocuteur une connivence que nous guettons dans son regard ; conforter notre image, dont la valeur à nos yeux fluctue sans cesse dangereusement. Cette finalité – être reconnu, réassuré –, nous la méconnaissons. De même ne pouvons-nous saisir le sens réel de nos paroles qu’après coup. Encore faudrait-il laisser venir, librement, nos associations.
Un front de libération des associations, tel est en effet l’enjeu de la lutte des rêves. Une résistance : celle de notre passé, de notre mémoire aux structurations plus ou moins appauvrissantes, aux montages plus ou moins angoissants, dans lesquels l’indispensable négociation avec l’autre, le passage par sa tonalité risqueraient de nous incarcérer. Car, appliquée aux rêves, la méthode de la libre association, la plus géniale de toutes les inventions freudiennes, fait de nous de véritables Houdini – magicien, roi de l’évasion –, capables de déjouer les faux huis clos, de démasquer le caractère illusoire de bien des enfermements.
« L’illusion joue un rôle capital dans toutes les branches du savoir humain ; innombrables sont les fausses vérités qui infestent nos connaissances et qui ne doivent leur existence qu’à l’illusion. J’attribue, pour une grande part, à l’étude des traités concernant l’illusionnisme, ses procédés, ses modes d’infiltration dans notre esprit, le fait que maintes fois, dans ma longue carrière, il m’est arrivé de redresser des notions classiques grâce aux disciplines que je dois à cette étude. »
Ce texte est d’Auguste Lumière qui, avec son frère Louis, invente le cinéma en 1895. L’année même où Freud, qui interprète pour la première fois l’un de ses rêves, entre par effraction dans l’histoire de la philosophie.
Max Dorra
Lutte des rêves et interprétation des classes / 2013
Écouter la discussion à propos du livre : les mardis de Chimères
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Je ne suis ni psychiatre, ni psychanalyste, ni philosophe.
Ah bon.Mais alors, qui êtes-vous Max DORRA ?
Je pense et vous me faîtes penser à un homme-orchestre, une personne qui cumulerait plusieurs métiers en un seul (celui que vous exercez actuellement et qui vous ouvre de larges horizons) qui a des talents d’écoute, d’ excellent orateur que l’on peut constater lors de discussions enregistrées et que l’on peut écouter. A vos heures, vous pouvez être également musicien puisque, en effet, vous savez, lors de vos consultations, que si le saut dans le regard n’a pas eu lieu au prime abord (pourtant celui-ci est essentiel) il vous faudra trouver l’ « ouverture » d’une symphonie… la brêche qui fera que chaque parole est un concert ; et trouver ainsi le chemin qui permettra d’avancer : allez vers l’autre sans se perdre soi-même. c’est bien cela n’est-ce-pas ?
En effet, gêne plus ou moins palpable de la part des deux interlocuteurs qui sont dans un premier temps des « étrangers » mais qui finiront par s’apprivoiser avec le temps.
J’en viens donc à l’objet de ce modeste commentaire. J’ai lu aux éditions l’Olivier Penser/rêver : Lutte des rêves et interprétation des classes ….. prémices d’une belle balade d’introspection pour Moi !
Je ne peux évidemment pas me permettre de disséquer cet oeuvre littéraire, je n’en ai pas la compétence, d’autres le font bien mieux et j’en tire de ce fait bien des profits sans pour autant être sous influence où, là aussi, le piège d’une manipulation pourrait se refermer pour une personne non avertie. C’est ce que vous nous laissez penser et entendre dans ce livre : ne pas se laisser incarcérer mais au contraire résister ne pas baisser la vigilance. JAMAIS.
Vous nous parlez également de transerelle et de miméton.
La transerelle dont il est question nous permet de nous retrouver quand on a tout oublié ….. peut-êre ainsi accéder de nouveau au chemin qui mène à repenser ce qui était enfoui au plus profond de nous et que nous avions oublié. Notre Enfance.
Le miméton est l’accessoire d’une tour d’illusion.
« Au secours, fuyons, ne nous laissons pas capturer par celui-ci » me dis-je.
Mais attention nous dit aussi l’auteur un miméton peut se transformer en transerelle ….. brrrr ça fait froid dans le dos. Méfiance donc et être toujours sur ses gardes afin de ne jamais se laisser endoctriner quel qu’en soit l’aspect, la forme, le but final.
Ne nous laissons pas angoisser, culpabiliser, mieux encore : relevons la tête, bravons ceux qui voudraient nous enfermer dans des messages réducteurs et nous les connaissons ces messages.
Pour finir peut-être dire en ce qui me concerne que les mots PEUR et ANGOISSE, deux mots bien différents dans leur signification me semble être un facteur de résistance et non de crainte voire même être des mots alliés. J’explique : un jour où j’étais agressée verbalement j’ai su résister, regard contre regard, (deux enfances face à face .. enfin je dirais plutôt des adultes) à celui qui m’agressait. J’ai réussi à ne surtout pas montrer ma peur, mon angoisse, mais au contraire à soutenir ce regard sans jamais baisser le mien et pourtant j’avais les « fesses serrées » (ce n’est pas phylosophiquement correct je l’avoue bien humblement) mais il n’y a que moi pour le savoir et ….. vous aussi maintenant (sic).
« Associer » c’est laisser venir tout ce qui vous passe par la tête sans chercher à être intelligent, sans faire le malin. (J’aime beaucoup cette « formule »
Voilà ce que j’ai essayé de faire je n’ai cherché ni à être intelligente ni à faire la maligne.
J’ai emprunté grâce à vous le chemin qui m’a permis de retrouver le chemin de la liberté, de la résistance, du rêve ……
Merci Max DORRA pour tout cela.
A-L.