Devenirs révolutionnaires, nos machines de désir
Appel pour le n°83 de la revue Chimères
Pour Deleuze et Guattari, s’éloigner de « l’Histoire » et de la « Révolution » pour développer des « devenirs révolutionnaires » a consisté en une tentative de soustraire l’analyse au sempiternel « échec de la révolution » afin de porter l’attention au présent vivant des luttes en train de se faire. Face aux modalités d’englobement de l’ultralibéralisme, et au-delà des « désenchantements », il s’agit de dégager, à partir des pratiques concrètes d’aujourd’hui, dans tous les domaines de nos existences sociales, les agencements complexes du désir, afin d’en dégager des ouvertures stratégiques. La percée d’un horizon post-capitaliste passe par une remise en cause, au quotidien, des hiérarchies implicites qui affectent nos modes de subjectivation. Par des formes de contre-conduites dont ce numéro vise à ressaisir, au niveau micropolitique, les multiplicités agissantes.
Numéro coordonné par Christiane Vollaire, Jean-Philippe Cazier,
Valentin Schaepelynck, Florent Gabarron-Garcia et Marco Candore
« Conspirer, c’est respirer ensemble » / Radio Alice / 1977
Parution en octobre 2014
CONTACT : chimeres83@gmail.com
Je me faisais la réflexion suivante : pourquoi, au delà des morales réactionnaires, les minorités sont elles exclues ? Pourquoi la politique est ce qu’elle est ? Et je faisais cette métaphore :
Imaginons métaphoriquement notre système (le capitalisme). C’est quoi ? Une grosse machine qui doit tourner pour produire, et vite, et beaucoup. Pour qu’elle produise vite et beaucoup, il faut de l’uniformité. Mais aussi le contrôle des grains de sables. L’uniformité, c’est la masse. Elle est fabriquée (conditionnement social) avec des normes.
Les grains de sable, c’est les minorités, cad tout ceux et celles qui sortent de la norme. Si nous mettons un grain de sable dans la grosse machine, elle tourne moins vite, produit moins, et peut même s’arrêter de tourner.
La grosse machine tourne grâce à une masse. A chaque fois qu’il y a des luttes, la machine ralentit. Le système veut bien intégrer des minorités si celles ci se conforment au système, si elle peut les y conduire, pour la servir (l’asservir) économiquement.
Prenons les personnes dites « handicapées ». Elles sont appelées ainsi car elles handicapent le système.. Elles handicapent le mieux possible, peut être, l’uniformité. Elles sont donc régies par un contrôle institutionnalisé.
L’exemple des personnes sourdes est très révélateur. Pas ou peu d’ accessibilité en langue des signes, mais oraliser pour intégrer.. appareiller ou implanter les sourd.es, uniformiser pour exploiter.. (Ce qui par ailleurs nourrit très grassement quelques lobbys), ou « accompagner vers l’autonomie »…
Bien sûr, l’accessibilité est prioritaire, primordiale. Car la non accessibilité (langue, papiers, droits, etc…) est ce qui permet de maintenir les individus, les grains de sables, sous contrôle ..
On nous parle du vivre ensemble. Qu’est ce qu’il y a derrière ce paradigme ? Politiquement, il y a tout autre chose que le vivre ensemble. Il y a l’idéologie de l’uniformité pour servir un système. Car si vivre ensembles est un idéal auquel nous pouvons aspirer en tant que s’accepter avec nos différences identitaires, et en tant que possibilité de circuler librement, disposer de son corps/esprit et en faire de la richesse, humainement parlant, c’est aussi les identités plurielles qui produisent les grains de sables qui peuvent enrayer le système capitaliste. Si des communautés se développent avec leurs propres identités culturelles, elles peuvent produire des modes de vie différents qui seront autant de barrières à un système qui veut tout uniformiser … Sauf l’accessibilité (dans son sens large). Du moins, lorsque celle ci se déploie, c’est dans un cadre extrêmement réglementé…qui ne doit pas déborder des cadres du système.
Ps. Dans un article de Jean Zin qui cite Chimère n•33 – Le désir ne chôme pas -
que sont les minorités ?
« Selon Deleuze-Guattari, qui en donnent la définition la plus rigoureuse, les minorités et les majorités ne se définissent pas par le nombre, car une minorité (les femmes) peut être plus nombreuse qu’une majorité (les hommes). « Ce qui définit la majorité c’est un modèle auquel il faut être conforme. Tandis qu’une minorité n’a pas de modèles, c’est un devenir, un processus. Lorsqu’une minorité crée des modèles, c’est qu’elle veut devenir majoritaire ou qu’elle est contrainte de se doter d’un « modèle » nécessaire à sa survie (pour être reconnue, imposer ses droits, avoir un statut). »
http://jeanzin.fr/ecorevo/politic/revenus/minorite.htm
Merci pour toutes ces réflexions que nous avons en partage.
L’article est de l’ami Maurizio Lazzarato, pas de Jean Zin !
« Conspirer, c’est respirer ensemble »
Oui pardon ! C’est qu’il est je crois sur un blog de Jean Zin (il me semble).
Un dernier commentaire :
Lorsque l’accessibilité se déploie, c’est dans un cadre strictement réglementé par l’état. Une accessibilité sous contrôle.
Quand à « l’accompagnement vers l’autonomie », cela consiste à t’apprendre comment etre autonome dans le système qui t’asservit .. C’est fort hein ?!