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Etat espagnol : face à la réforme de la loi sur l’avortement / Izquierda anticapitalista

L’Église et les secteurs les plus réactionnaires se dressent à nouveau contre celles d’entre nous qui exerçons notre liberté et pour nous criminaliser. Il ne s’agit pas de savoir quand commence la vie. Pour ce faire, la science a plus à nous dire que l’Église.
Ils ne défendent pas la vie. Ils ne se préoccupent pas des femmes qui meurent en pratiquant un avortement clandestin, ni des femmes qui ne peuvent se permettre de tomber enceinte parce qu’elles sont sans emploi. Ils ne se préoccupent pas du droit à l’éducation, à la santé, à un logement, à une vie digne pour ceux qui sont déjà au monde. Et ils se taisent face aux politiques d’austérité et de démantèlement des conquêtes sociales.
Car ce n’est pas la vie qui les intéresse : c’est le contrôle du corps des femmes, de leur capacité de reproduction. Il s’agit pour eux de remettre en question la capacité de décision des femmes sur leur propre corps et leur sexualité ; de réinstaurer les rôles traditionnels dans lesquels la femme doit être soumise ; d’imposer un modèle de sexualité lié à la reproduction et de réduire la sexualité au seul modèle hétérosexuel.

Nous ne voulons ni revenir en arrière ni continuer comme maintenant
Le PP nous menace avec une nouvelle loi – proposée par le Ministère de la Justice et non par celui de la Santé – qui éliminera les 14 semaines d’avortement libre et établira un système de pré-requis plus restrictif que la loi actuelle datant de 1985. Mais dans la situation actuelle, l’avortement n’est déjà que partiellement dépénalisé. Le PSOE avait fait quelques pas en avant mais il n’a pas osé s’opposer frontalement à l’Église, ni rompre avec la logique de privatisation.
- 98% des avortements sont réalisés en dehors du secteur de la santé publique, dans des cliniques privées et concertées. Certaines Communautés Autonomes n’en pratiquent pas, dans d’autres il faut payer mais avorter dans un autre centre de santé, dans une autre ville, en cachette, comme s’il s’agissait d’un crime.
- Dès que tu as prévenu ton médecin, tu as trois jours pour réfléchir, avec un document d’information dont le contenu est loin d’être impartial (avantages fiscaux, adoption…). On remet constamment en question le choix de la femme, comme si nous étions des hystériques et des impulsives, incapables de prendre toutes seules une décision.
- Il n’y a pas d’accès gratuits aux contraceptifs. Or, la prévention est fondamentale ; c’est un droit élémentaire.
- Il n’existe pas non plus d’éducation sexuelle et affective qui apporte des réponses à la réalité. L’unique information donnée concerne les maladies sexuellement transmissibles et les aspects biologiques de la reproduction. Or, la sexualité fait partie de notre identité et cela va bien plus loin que la reproduction.
- Beaucoup de médecin qui se déclarent publiquement « objecteurs de conscience » pratiquent des avortements en privé. La morale passe au second plan quand on peut faire de bonnes affaires, mais eux seuls en bénéficient. Pour les autres, on nous impose une moralité absurde qui punit ce qui ne cadre pas dans leurs définitions réductionnistes de la sexualité, de la famille, etc.
- Les coupes dans les aides éducatives, l’assistance sociale, aux personnes dépendantes, les licenciements, les expulsions de logement, etc. limitent nos droits dans tous les domaines. Des coupes et des mesures qui frappent bien plus les femmes parce qu’elles partent d’une situation déjà désavantageuse et parce qu’elles sont les principales bénéficiaires des services publics.

Nouvelle loi du PP, nouveau tour de vis
Le PP menace de convertir à nouveau en délit le choix des femmes sur leur maternité, en nous forçant à devenir mères, sauf si nous pouvons démontrer que nous avons été violées ou si nous courrons un risque grave. Cette loi peut condamner à la mort des femmes qui ne peuvent pas voyager jusqu’à Londres pour avorter. Elle place les mineures sous tutelle en les considérant comme capables de devenir mères, mais pas pour décider de ne pas l’être, alors qu’elles peuvent avoir ce choix lorsqu’il s’agit d’une autre opération chirurgicale.
Cette nouvelle attaque n’est pas isolée des autres mesures que nous subissons : les coupes, les licenciements et la précarité font partie de la même logique. Le capitalisme a besoin de contrôler nos corps pour survivre et sortir de cette crise, pour tirer profit de la situation de la femme sur le marché du travail, pour générer plus de précarité du travail en l’élargissant à toute la classe travailleuse, en chargeant sur le dos des femmes le travail domestique, l’éducation des enfants, les soins aux personnes malades et dépendantes. Pendant ce temps, on coupe dans les budgets publics et on précarise encore plus les conditions de vie des femmes et des autres catégories sociales.
La nouvelle loi est un nouveau tour de vis. Le droit de décider fait partie des droits et des conquêtes sociales et politiques qui entravent les profits du capital et c’est pour cela qu’ils veulent les démanteler. Nous qui luttons au quotidien pour défendre notre dignité, nous devons prendre conscience de ce qui est en jeu. C’est en descendant dans la rue que nous devons faire notre la lutte féministe pour le droit de décider.
Izquierda anticapitalista
Etat espagnol : face à la réforme de la loi sur l’avortement / décembre 2013
Texte intégral en français sur le site du NPA
Texte intégral original sur le site d’Izquierda anticapitalista

IA Panfleto Aborto 2013

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