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Archive journalière du 30 août 2011

Partant des Nuits du 4 août : ce fut donc à Peyrelevade !

Ce fut donc à Peyrelevade…
Plus de 2000 personnes, venues de toutes parts, ont fait le chemin de Peyrelevade les 4, 5 et 6 août, en dépit des messages de panique répandus dans l’espoir d’empêcher que cette fête n’ait lieu.
La fête a donc bien eu lieu, dans une de ces rares communes françaises où des représentants élus mettent encore un point d’honneur à ne pas se contenter de fleurir les ronds-points et d’accueillir les vide-greniers.
Le nombre des participants dépassa même quelque peu les espérances des organisateurs. Deux jours, deux nuits, de liesse lucide pour une foule que tout parvenait à convaincre qu’elle vivait là un de ces moments réputés impossibles, un moment d’où s’étaient effacés la barrière de l’argent, le soi-disant fossé des générations, et tous ces messages de désespérance que les pouvoirs, médiatiquement appuyés, s’attachent, chaque instant que la vie fait, à envoyer aux populations pour nourrir le sentiment d’impuissance collective.
Deux jours, deux nuits, où tout n’était que rencontres, écoute attentive, intelligence, don et gratuité, portés par une centaine de musiciens, comédiens, acrobates, conteurs, poètes, cinéastes, conférenciers et autres combattants venus témoigner de leurs guerres contre l’actuel système de domination.

Une curieuse alchimie…
Organiser une fête, c’est viser ce point où l’organisation s’efface devant ce qui y advient. Ce point d’évanouissement de la logistique, de la séparation entre organisateurs et organisés, on peut dire que nous l’avons vécu assez continûment durant ces deux jours, et ce fut une grâce ! Si la fête a été réussie, c’est que, plus qu’une fête, elle fut une promesse vivante projetée sur l’avenir, l’ouverture délibérée d’une brèche dans le cours programmé des défaites et des renoncements.
Un des moments les plus magiques fut celui du banquet le vendredi soir, qui rassembla à la même table plus de 600 convives. Est-il si courant en ce bas monde, qu’un groupe de cinquante personnes sans moyens particuliers, s’offrent la compagnie de tant d’invités, illustres ou anonymes, sans devoir les faire passer à la caisse ?
Est-il si courant par ailleurs que se tienne un événement procédant d’autant de talents conjugués, réunissant tant d’intervenants, d’efforts cumulés, de concours spontanés et d’aides matérielles gracieuses, sans que personne ne songe à en tirer un euro ?

Retour du politique…
Les Nuits du 4 août, ce fut aussi tellement d’heures de prises de parole et de discussions passionnées, qu’il est presque impossible d’en faire la synthèse. Retenons seulement quelques points :
- Des centaines de personnes ont réussi à parler et débattre politiquement, deux jours durant, sans se référer à aucun des partis existants, fût-ce pour les conchier. Cela est signe qu’une vie politique arrive à maturité, qui ne doit rien au théâtre des institutions : la scène politique n’est à l’évidence plus le lieu du politique, mais de son occultation.
- Il semble qu’à mesure que le politique déserte la scène, ce soit à même les territoires, donc localement, que le conflit resurgisse, avec une vigueur et une résolution inédites. Comme actuellement dans le Val de Suse en Italie.
- L’exemple tunisien nous enseigne que le principal piège qui est tendu aux révolutionnaires de ce temps, quand ils parviennent à faire trébucher le régime, est l’illusion, issue de la Révolution Française, d’un « processus constituant ». C’est-à-dire l’idée que l’on pourrait à nouveau déléguer à une assemblée élue, à une « Constituante », le soin de fixer les conditions modernisées de l’usurpation du pouvoir du peuple par un nouveau régime. Ces processus constituants ont pour principal effet de désarmer le peuple en redivisant ce qui avait réussi à s’unir au moment de la révolte, effaçant jusqu’aux traces de celle-ci.
- Sous toutes sortes de formes, ce qui revient au centre des combats de l’époque est la question de la « démocratie », c’est-à-dire de son caractère problématique.
- Devant la démonstration assénée par Fukushima, le mouvement anti-nucléaire est à la veille d’une renaissance. La France ne sera pas épargnée.
- Au terme de ces deux jours de discussion, la confusion reste grande sous le ciel et dans les esprits. De futures initiatives devraient contribuer à la résorber.

S’organiser contre les « organisations »…
Par leur déroulement même, les Nuits du 4 août ont au moins prouvé ceci :
- Un collectif, en s’organisant pratiquement, parvient à faire de la pluralité des sensibilités une source de richesse, et non de paralysie et de querelles.
- L’époque est bien notre condition commune. Il est possible de se ressaisir de l’époque localement sans que ce qui se passe au loin, dans le temps ou dans l’espace, ne soit traité comme une chose exotique, comme simple objet de curiosité.
En dépit de l’extrême séparation régnant dans cette société, notre aptitude à nous organiser collectivement est à peu près intacte, comme restent bouleversantes les joies qui en découlent.
- Au prix d’un peu d’entêtement, et malgré l’hostilité des autorités, on peut organiser de grandes choses à quelques-uns, sans rien attendre de personne. La satisfaction est alors à la mesure des risques pris.

Faire mentir les bonimenteurs…
Si les Nuits du 4 août sont parvenues à démontrer quelque chose, c’est avant tout que « la guerre de tous contre tous » n’est qu’une chimère dans l’imaginaire ravagé des Pouvoirs. Si nous sommes parvenus à rassembler 2000 personnes au fin fond du plateau de Millevaches, à partir d’une plateforme de révolte et d’exhortation au combat – en restant par ailleurs convaincus que nous aurions pu en faire dix fois, voire cent fois plus, si nos forces l’avaient permis – c’est simplement que le peuple réel diffère fondamentalement de ce qu’en reflètent les télévisions.
Le peuple réel est tout autre chose que ces visions de foules hagardes que l’organisation dominante convoque dans ses espaces sous contrôle : pour un rallye, un match de foot, un bain de soleil sur une plage, une quelconque grand-messe du showbiz ou de la culture, ou dans la galerie marchande du samedi après-midi.

Quand l’impossible ne peut qu’advenir…
Non, la détermination populaire et la vie qui résistent n’ont pas été éradiquées. Elles restent entières, contrairement à ce que martèlent, toujours prompts à vendre la peau de l’ours, tenants et valets d’un système dont ils sont les seuls à s’éblouir.
Si, au fond, les Nuits du 4 août ont pu s’envisager et se dérouler avec cette texture si singulière, c’est que « el imposible no puede que ocurrir ». Ce qui était perceptible là, c’était non le caractère exceptionnel des organisateurs, mais bien celui des circonstances historiques dans lesquelles nous vivons.
Tout reste donc à faire !
Des membres du collectif « les Nuits du 4 août »
http://www.nuitsdu4aout.com/
nuitsdu4aoutcameraobscura.jpg
A lire sur le Silence qui parle :
Contrôle et devenir / Gilles Deleuze, entretien avec Toni Negri
Trois problèmes de groupe / Gilles Deleuze, 1 et 2




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