Nous voudrions rire de ce qui n’est pas, de l’invisible, de choses si subtiles qu’on ne peut pas les nommer. Nous voudrions nous propulser dans le haut genre où réside la vraie comédie, celle aujourd’hui absente, qu’a décrite Aristote dans son tractat perdu.
Voilà ce qu’on y aurait lu : la comédie, c’est ce qui définit le niveau de notre évolution, notre degré de conscience. Ce dont on rit constitue ce que nous sommes. Rire signifie surmonter, rire signifie se libérer.
Ivan Viripaev
Notes de répétitions / 2010
Sept pièces en un acte composent Danse « Delhi », chorégraphie poétique avec un thème et ses variations. Le lieu de l’action et les personnages restent les mêmes. Dans une salle d’attente d’hôpital, au nombre de six, ils perdent ou retrouvent un proche, pleurent, rient, s’aiment, se trahissent, se disputent, se réconcilient. Comme sur un échiquier, il y a un nombre défini de pièces et de combinaisons possibles, avec un champ d’expérimentation qui donne littéralement – et métaphoriquement – le vertige. Voyage passionnant à l’intérieur d’un réseau de réincarnations sans fin, l’histoire chaque fois commence par l’annonce d’une mort, finit par la signature de l’acte de décès. Images d’un kaléidoscope en perpétuel mouvement, les personnages ont de multiples visages, les situations chaque fois se redistribuent. Au coeur de l’histoire, une danse mystérieuse marque à jamais quiconque l’a un jour admirée. L’art de la pièce est de nous faire graduellement entrer dans la danse que nous ne verrons jamais. Par ses allers-retours constants entre mélodrame et vaudeville, art et réalité, elle embrasse toutes les contradictions irréconciliables de la vie, et du théâtre. Avec humour et tendresse, elle conduit le spectateur au-delà de tout dualisme. Ce théâtre avant tout nous parle de libération.
Galin Stoev
Danse « Delhi » de Ivan Viripaev / mise en scène Galin Stoev
Au Théâtre de la Colline, Paris, jusqu’au 1er juin 2011
avec Fabrice Adde / Caroline Chaniolleau / Océane Mozas / Marie-Christine Orry / et en alternance Anna Cervinka et Valentine Gérard
Extraits de la pièce : 1 et 2
(Traduction du texte en français : Gilles Morel et Tania Moguilevskaia)
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