Un jour,
Un jour, bientôt peut-être,
Un jour j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers
Avec la sorte de courage qu’il faut pour être rien et rien que rien.
Je lâcherai ce qui paraissait m’être indissolublement proche.
Je le trancherai, je le renverserai, je le romprai, je le ferai dégringoler.
D’un coup dégorgeant ma misérable pudeur, mes misérables combinaisons et enchaînements « de fil en aiguille »
Vide de l’abcès d’être quelqu’un, je boirai à nouveau l’espace nourricier.
A coups de ridicule, de déchéances (qu’est-ce que la déchéance ?), par éclatement.
Par vide, par une totale dissipation-dérision-purgation, j’expulserai de moi la forme qu’on croyait si bien attachée, composée, coordonnée, assortie à mon entourage
Et à mes semblables, si dignes, si dignes mes semblables.
Réduit à une humilité de catastrophe, à un nivellement parfait comme après une immense trouille.
Ramené au-dessous de toute mesure à mon rang réel, au rang infime que je ne sais quelle idée-ambition m’avait fait déserter.
Anéanti quant à la hauteur, quant à l’estime.
Perdu en un endroit lointain (ou même pas), sans nom, sans identité.
CLOWN, abattant dans la risée, dans l’esclaffement, dans le grotesque, le sens que toute lumière je m’étais fait de mon importance.
Je plongerai.
Sans bourse dans l’infini-esprit sous-jacent ouvert à tous, ouvert moi-même à une nouvelle et incroyable rosée.
A force d’être nul
Et ras
Et risible…