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A propos de la polémique ouverte autour du propos de Michel Onfray / Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

En tant que soignants (psychiatres, éducateurs, psychologues, infirmiers…), certains, psychanalystes, d’autres non, mais tous engagés dans un mouvement contre une psychiatrie sécuritaire, normative et hygiéniste, nous ne pouvons que nous insurger contre le propos récent de Michel Onfray.

Pierre Delion, qui fait partie des fondateurs de notre mouvement a su dire tout ce que nous devons à la fondation freudienne pour l’invention d’une pratique de psychothérapie institutionnelle, forgée dans la résistance au nazisme et à l’indifférence devant les 40 000 malades mentaux morts de faim et d’abandon.

Ce qui compte pour nous c’est une politique de la folie et une éthique fondée sur une mise en acte d’un inconscient qu’il faut bien appeler freudien, ainsi qu’une méthode qu’il s’agit de réinventer sans cesse à partir d’une écoute et d’une « pratique de la folie » soutenant des soins psychiques relationnels.

A rebours de toute idolâtrie comme de tout dévoiement de la psychanalyse, la transmission d’une pratique de la psychiatrie en prise avec l’inconscient ne peut être qu’une refondation permanente d’un savoir clinique qui laisse aussi sa place aux savoirs, trouvailles et inventions de la psychose.

La pratique nous permet de vérifier chaque jour la pertinence d’une approche soignante qui accueille le délire comme tentative de guérison, et donne la possibilité au patient de s’ouvrir au monde en le reconstruisant.

Il est assez scandaleux que les attaques que nous subissons depuis ces vingt dernières années de la part des tenants de l’économie néolibérale, et qui visent à éradiquer la subversion d’un accueil de la parole folle, trouvent aujourd’hui un relais de la part de quelqu’un qui se prétend de notre bord et se présente sous le jour d’une posture pseudolibertaire. Se dévoile ainsi un discours prétendument démystificateur qui fait le jeu de la marée montante de tous les courants obscurantistes visant à faire taire le sujet, à le formater ou à l’enfermer.

Il nous semble donc essentiel de soutenir le socle fondateur de nos pratiques contre une prétention nihiliste à dire n’importe quoi au mépris de toute vérité historique. Cette imposture qui est un trait de notre époque est la même qui empêche la transmission et rejette notre engagement pour une psychiatrie orientée par l’hospitalité pour la folie.

Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire
30 avril 2010
www.collectifpsychiatrie.fr
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2 Réponses à “A propos de la polémique ouverte autour du propos de Michel Onfray / Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire”


  • Julien Soubielle

    Étrange argument qui revient régulièrement dans cette affaire. Critiquer la psychanalyse, ce serait faire le jeu des TCC et de la psychiatrie autoritaire et libérale. Qu’importe que Michel Onfray ne parle pratiquement pas des TCC dans son livre! Qu’importe qu’il appelle à une refondation de la psychanalyse sous l’inspiration de Sartre et de sa « psychanalyse existentielle ». Par la magie de la pensée binaire, nous voilà tenus de choisir : la psychanalyse ou la psychiatrie néolibérale. Pour l’internaute de gauche qui ne remarquerait pas que les ficelles sont grosses, le choix sera vite fait…

    Ne voit-on pas qu’il y a là un paralogisme grossier, un faux dilemme? « Si vous n’êtes pas pour Ségolène Royal, c’est que vous être sarkozyste. » (Ne puis-je pas être membre du PC, du NPA, ou du Front National?). « Si vous ne croyez pas en Jésus Christ, c’est que vous êtes athée. »(Ne puis-je pas être juif ou hindouiste?). Il en est de même avec la psychanalyse; nous pouvons la critiquer sans pour autant faire l’apologie des TCC et de la psychiatrie autoritaire.

  • On peut critiquer la psychanalyse. Certes.
    Deleuze et Guattari l’ont fait, mais en créant des concepts et en produisant une machine de guerre, l’Anti-OEdipe.
    Onfray fait parler les morts (Nietzsche, et Deleuze-Guattari entre autres) pour son compte mais ne crée aucun concept, ce qui est pourtant la moindre des choses pour un philosophe. Sa « pensée » reste au niveau infra des bruits de chiottes de la politique people.
    Son apport, si l’on peut dire, n’est qu’une production journalistique, une vulgate dont la fonction est réactionnaire et populiste. Lors de ses interventions télé, il ne s’est pas privé de citer abondamment le Livre noir. Et les psy comme des charlatans qui s’enrichissent sur les gogos et leurs souffrances. C’est son droit.
    Mais tout cela est très politique, et je ne peux pas croire un instant qu’Onfray (qui ne peut être seulement un imbécile) n’ait pas, ne serait-ce qu’une toute petite idée de la nature des vagues nauséabondes sur lesquelles il surfe, et dont il a fait le choix de faire ses petits fonds de commerce.

    (Au fait, il a bien appelé à voter Ségolène dès le 1er tour, non ? Et il a brillé de lucidité par ses « analyses » sur l’affaire Tarnac en se faisant force supplétive et morale du ministère de l’Intérieur, et de toute sa clique lèche-cul et décervelée médiatique… La gauche – et le Front de gauche ! – a décidément aujourd’hui de sacrés intellectuels !)

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