« L’Italie pourrit dans un bien-être qui n’est qu’égoïsme, stupidité, inculture, ragots, moralisme, contrainte, conformisme : contribuer de quelque façon que ce soit à cette pourriture est, maintenant, le fascisme. »
Pier Paolo Pasolini / Vie Nuove n°36 / 1962
Les temps sont durs, et le scénario d’aujourd’hui s’avère bien pire que celui décrit par Pasolini. Maintenant qu’avec la crise économique le bien–être ne cesse de se dégrader, seuls demeurent la stupidité, l’inculture, le conformisme bien-pensant, l’arrogance et la grisaille quotidienne de la violence et de l’oppression. La marée du « développement » se retire, ne laissant derrière elle que déchets et détritus.
Dans ce contexte, le néofascisme emprunte des formes nouvelles, certaines évidentes, d’autres plus déguisées, mais toutes violentes et agressives. Le néofascisme cherche à se refaire une légitimité sociale en utilisant l’imaginaire et les slogans de l’idéologie politique institutionnelle de la « sécurité » qui simplifie, tantôt cache, tantôt amplifie, et propage les mythes racistes et pousse à la haine sociale.
L’incroyable montée en Italie des actes de violences à l’égard des militants politiques, des gays, des lesbiennes, des transsexuels, des immigrés, des Rom, des SDF, des mendiants et de tous qui ne se soumettent pas à la « norme », ne représente que la pointe émergée de l’iceberg d’une culture diffuse de l’intolérance. Ces actes trouvent un terreau fertile dans le fossé entre la politique et la société, qui fait de l’égoïsme, de l’arrogance et de la loi du plus fort les nouvelles valeurs culturelles de la « modernité ».
La réaction de la société civile face à cette situation devient plus difficile et complexe à articuler. Et dans ce nouveau panorama social, bien des formes connues d’action et de contestation antifascistes sont certainement dépassées.
Confronter les expériences, partager les ressources et les savoirs entre tous ceux qui veulent s’opposer à une des pires dérives racistes, xénophobes, sexistes dans la société politique italienne, devient une nécessité impérieuse.
Nous portons dans le cœur et dans l’esprit l’engagement et le sacrifice de nos frères et sœurs partisans d’hier, avec les valeurs de justice sociale, de liberté et d’égalité qui ont animé leur résistance.
D’où le désir de répondre avec les armes de la culture et de la critique à la violence prêchée et assénée par leurs discours, leurs lois, les barreaux des centres de rétention, avec les matraques des « rondes citoyennes » et les agressions de plus en plus fréquentes des groupes néo-fascistes. Dans ce climat général de démobilisation des valeurs de la Résistance, des droits fondamentaux de l’homme et des bases même de la coexistence civile, comment pourrions-nous nous taire ? Nous voulons réaffirmer le droit POUR TOUS sans distinction de sexe, de religion ou de nationalité, au logement, à la santé, la culture, à un environnement sain.
Nous pensons que déléguer l’avenir politique, social et culturel de notre vie serait une erreur grossière. L’autodétermination représente pour nous le meilleur outil pour forger une conscience commune forte capable d’indignation face à la domination, l’exclusion, l’injustice.
C’est pour cela que nous invitons dès maintenant individus, groupes, associations et mouvements à participer à la réalisation de ce festival social, pour en faire un grand moment d’exploration de voies diverses, de partage et d’échange d’idées, de propositions, de ressources. Que ce soit l’occasion aussi d’expérimenter de nouveaux langages, de redessiner des imaginaires collectifs, de favoriser la naissance de relations nouvelles et de nous doter d’une « boite à outils » qui nous permette d’analyser et d’agir contre le fascisme qui menace notre temps.
Ces 5 jours du festival seront traversés de débats thématiques, de séminaires, de workshop techniques, de présentations de livres, de vidéo, de projets ; ils seront animés de concerts et de spectacles de théâtre, d’expo de bandes dessinées et de photos, ainsi que de tout ce que nous parviendrons à créer grâce aux apports et à la disponibilité de tous.
Nous voulons tenter des méthodes nouvelles dans la construction même de l’événement, décentralisées et participatives, ouvertes à la contribution de tous ceux qui se reconnaissent dans la culture et les valeurs de l’Antifascisme.
La primauté de l’initiative sera donnée aux diverses expressions d’une culture que nous aimons définir comme antifasciste, profondément enracinée dans les concepts de justice, d’égalité et de solidarité.
Festival social de la culture antifasciste
Bologne /29-90-31 mai & 1er-2 juin 2009
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