Acte second : « La Vérité doit être dite, le monde dût-il en voler en éclats » (Fichte)
Pour autant, le geste de reconnaître l’oubli de l’Etre, et par là de sortir du nihilisme, n’est rien qui aille de soi, rien qui soit susceptible d’un fondement rationnel, il s’agit d’une décision morale. Non pas abstraitement, mais concrètement morale : car dans le monde de la marchandise autoritaire, où le renoncement à la pensée est la première condition « d’intégration sociale », la conscience est immédiatement un acte, et un acte pour lequel il est courant que l’on juge bon de vous affamer, soit directement, soit indirectement, par le gracieux office de ceux dont vous dépendez. Maintenant que toutes les instances répressives où la morale s’aliénait en moralité tombent en miettes, il nous est enfin donné de la connaître dans sa radicalité originaire qui la désigne comme l’unité des mœurs des hommes et de la conscience qu’ils en ont, et en tant que telle comme l’ennemi absolu de ce monde. Cela pourrait s’exprimer en termes plus tranchés de la façon suivante : on combat soit pour le Spectacle, soit pour le Parti Imaginaire; entre les deux, il n’y a rien. Tous ceux qui peuvent s’accommoder d’une société qui s’accommode si bien de l’inhumanité, tous ceux qui se trouvent déjà bien bons de faire à leur propre souffrance comme à celle de leurs semblables l’aumône de leur indifférence, tous ceux qui parlent du désastre comme s’il s’agissait d’un nouveau marché aux débouchés prometteurs – ne sont pas nos frères. Nous tenons leur mort pour un fait souhaitable. Nous ne leur faisons certes pas grief de ne pas s’adonner à la Métaphysique Critique, chose qui pourrait constituer, en tant que discours, un objet social déterminé, mais de refuser de voir son contenu de vérité qui, étant partout. excède toute détermination particulière. Nul alibi ne tient, face à un tel aveuglement ; l’aptitude métaphysique est la chose la mieux partagée au monde : « il n’y a pas besoin d’être cordonnier pour savoir si une chaussure vous va » (Hegel); refuser de l’exercer constitue, dans les conditions présentes, un crime permanent. Et ce crime. la dénégation du caractère métaphysique de ce qui est, a bénéficié d’une si durable et si générale complicité qu’il est devenu révolutionnaire de formuler les principes a priori sur lesquels se fonde toute expérience humaine. Il nous faut ici les rappeler, à la honte des temps.
1. Tout comme la maladie n’est manifestement pas la somme de ses symptômes, le monde n’est manifestement pas la somme de ses objets, de « ce qui est le cas », ou de ses phénomènes, mais bien plutôt un caractère de l’homme lui-même. Le monde n’existe en tant que monde que pour l’homme. Inversement, il n’y a pas d’homme sans monde, la situation du Bloom est une abstraction transitoire. Chacun se trouve toujours déjà projeté dans un monde dont il fait l’expérience comme d’une totalité dynamique et dont, partant, il a nécessairement une précompréhension, aussi rudimentaire fût-elle. Sa simple conservation l’exige.
2. Le monde est une métaphysique, c’est-à-dire que la façon dont il se donne de prime abord, sa prétendue neutralité objective, sa simple structure matérielle participent déjà d’une certaine interprétation métaphysique qui le constitue. Le monde est toujours le produit d’un mode de dévoilement qui fait entrer les choses dans la présence. Quelque chose comme le « sensible » n’existe pour l’homme qu’en rapport à une interprétation suprasensible de ce qui est. Evidemment, cette interprétation n’existe pas de façon séparée, elle ne se trouve nulle part hors du monde, puisque c’est elle qui le configure. Tout le visible repose sur l’invisibilité de cette représentation, qui fonde ce qui se donne à voir, et qui tout en dévoilant voile. L’essence du visible n’est donc rien de visible. Ce mode de dévoilement, pour imperceptible qu’il fût, est bien plus concret que toutes les abstractions colorées que l’on voudrait faire passer pour « la réalité ». Le donné est toujours le posé, il tient son être d’une affirmation originelle de l’Esprit : « le monde est ma représentation ». En leur fond, c’est-à-dire dans leur surgissement. l’homme et le monde coïncident.
3. Le sensible et le suprasensible sont fondamentalement le même, mais de façon différenciée. Oublier l’un des deux termes pour hypostasier l’autre a pour conséquence de les rendre tous deux abstraits : « destituer le suprasensible supprime également le purement sensible et par là la différence entre les deux » (Heidegger).
4. L’intuition humaine primitive n’est que l’intuition de la représentation et de l’imagination. La prétendue immédiateté sensible lui est postérieure. « Les hommes commencent par voir les choses seulement telles qu’elles leur apparaissent et non telles qu’elles sont ; par voir dans les choses non pas elles-mêmes, mais l’idée qu’ils s’en font » (Feuerbach, Philosophie de l’avenir). L’idéologie du « concret » qui fétichise selon ses différentes versions le « réel », « l’authentique », le « quotidien », les « petits riens », le « naturel » et autres « tranches de vie », n’est que le degré zéro de la métaphysique, la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, sa sanction morale, son complément cérémoniel, son universel motif de consolation et de justification.
5. De toute évidence, « l’homme est un animal métaphysique » (Schopenhauer). Par cela, il ne faut pas seulement entendre qu’il est cet être pour lequel le monde fait sens jusque dans son insignifiance, ou dont l’inquiétude ne se laisse apaiser par rien de fini, mais éminemment que toute son expérience est tissée dans une étoffe qui n’existe pas. Voilà pourquoi les systèmes proprement matérialistes, de même que le scepticisme absolu, n’ont jamais pu exercer par eux-mêmes une bien profonde ni une bien durable influence. L’homme peut certes, durant de longues périodes, refuser de faire consciemment de la métaphysique, et c’est ainsi que le plus souvent il s’en arrange, mais il ne peut s’en passer tout à fait. « Rien n’est aussi portatif, si l’on veut, que la métaphysique. [...] Et ce qui serait difficile, et ce qui est même rigoureusement impossible, ce serait de n’avoir pas, ce serait que quelqu’un n’eût pas sa métaphysique ou du moins de la métaphysique… Seulement, non seulement tout le monde n’a pas la même, ce qui n’est que trop évident, mais tout le monde n’en a ni de la même sorte, ni du même degré. ni de la même nature, ni de la même qualité. » (Péguy, Situations).
6. La métaphysique n’est pas la simple négation du physique, mais symétriquement son fondement et son dépassement dialectique. Le préfixe méta-, qui signifie aussi bien « avec » qu’ « au-delà », n’a pas le sens d’une disjonction, mais d’une Aufhebung, au sens hégélien. Aussi la métaphysique n’est-elle rien d’abstrait, car elle est ce qui fonde toute concrétude ; c’est elle qui se tient derrière le physique et le rend possible. Elle « dépasse la nature pour atteindre à ce qui est caché en elle ou derrière elle, mais elle ne considère cet élément caché que comme apparaissant dans la nature et non indépendamment de tout phénomène » (Schopenhauer). La métaphysique désigne donc ce simple fait que le mode de dévoilement et l’objet dévoilé demeurent en un sens originel « la même chose ». Aussi n’est-elle, dans son ensemble, rien d’autre que l’expérience en tant qu’expérience et n’est possible qu’à partir d’une phénoménologie de la vie quotidienne.
7. Les défaites successives que la science mécaniste n’a, depuis un siècle, cessé d’essuyer et de refouler, sur le front de l’infiniment grand comme de l’infiniment petit ont définitivement condamné le projet d’établir une physique sans métaphysique. Et il faut à nouveau, après tant de prévisibles désastres, reconnaître avec Schopenhauer que l’explication physique qui refuse de voir qu’elle a « en tant que telle, besoin d’une explication métaphysique qui lui donne la clé de toutes ses suppositions […] vient partout se heurter à une explication métaphysique qui la supprime, c’est-à-dire lui enlève son caractère d’explication ». « Les naturalistes s’efforcent de montrer que tous les phénomènes même les phénomènes spirituels sont physiques, et en cela. ils ont raison : leur tort. c’est de ne pas voir que toute chose physique est également par un autre côté une chose métaphysique ». Et c’est comme une prophétie amère que nous lisons ces lignes : « plus les progrès de la physique seront grands, plus vivement ils feront sentir le besoin d’une métaphysique. En effet, si, d’une part, une connaissance plus exacte, plus étendue et plus profonde de la nature mine et finit par renverser les idées métaphysiques, en cours jusqu’alors, elle sert d’autre part à mettre plus nettement et plus complètement en relief le problème même de la métaphysique, à la dégager plus sévèrement de tout élément physique. »
8. La métaphysique marchande n’est pas une métaphysique parmi tant d’autres, elle est la métaphysique qui nie toute métaphysique et d’abord elle-même comme métaphysique. C’est pourquoi elle est aussi, d’entre toutes, la métaphysique la plus nulle, celle qui voudrait sincèrement se faire passer pour une simple physique. La contradiction, c’est-à-dire la fausseté, est son caractère le plus durable et le plus distinctif, elle qui affirme si catégoriquement ce qui n’est qu’une pure négation. Le nihilisme correspond à la période historique de l’explicitation de cette métaphysique, et de sa nullité. Mais cette explicitation doit elle-même encore être explicitée. Une fois pour toutes les autres : il n’y a pas de monde marchand, il n’y a qu’un point de vue marchand sur le monde.
9. Le langage n’est pas un système de signes, mais la promesse d’une réconciliation des mots et des choses. « Ses universaux sont les éléments premiers de l’expérience, ils ne sont pas tant des concepts philosophiques, que des qualités réelles du monde tel que nous l’affrontons tous les jours […]. Chaque universel substantiel tend à exprimer des qualités qui dépassent toute expérience particulière, mais qui persistent dans l’esprit, non pas sous la forme d’une fiction de l’imagination ni sous la forme de possibilités logiques, mais comme la substance, la matière dont notre monde est fait ». D’où il suit que l’opération par laquelle un concept désigne une réalité désigne à la fois une négation et la réalisation de celui-ci. « Le concept de beauté comprend toute la beauté qui n’est pas encore réalisée ; le concept de liberté, toute la liberté qui n’est pas encore atteinte » (Marcuse, l’Homme unidimensionnel). Les universaux ont un caractère normatif, c’est pourquoi le nihilisme leur a déclaré la guerre. « L’ens perfectissum est en même temps l’ens realissimum. Plus une chose est parfaite, plus elle est. » (Lukacs, l’Ame et les formes). L’excellent est plus réel, plus général que le médiocre, car il réalise plus pleinement son essence : le concept unifie bien une variété, mais il l’unifie en l’aristocratisant. La pensée critique est celle qui effectue la sortie du nihilisme à partir de la transcendance profane du monde et du langage. Pour elle le transcendant, c’est que le monde est, et l’indicible qu’il y a le langage. Une faculté de conflagration peu commune s’attache à la conscience qui parcourt son temps penchée au bord d’un tel néant. A chaque fois qu’elle trouva la langue pour se communiquer, l’histoire en conserva la marque. Il importe essentiellement de faire des efforts dans cette direction. Le langage constitue l’enjeu comme le théâtre de la partie décisive. « Il s’agira toujours uniquement de savoir si l’on peut réconcilier la parole et la vie, et comment. » (Brice Parain, Sur la dialectique).
10. « L’impératif catégorique de bouleverser toutes les conditions où l’homme est un être humilié, asservi, abandonné, méprisable » (Marx), cela, seul une définition de l’homme comme être métaphysique, c’est-à-dire ouvert à l’expérience du sens, peut le fonder. Il n’y a pas jusqu’à ce lombric de l’intelligence que demeura Hans Jonas, tout au long de son existence qui n’ait manqué de le reconnaître : « philosophiquement la métaphysique est tombée de nos jours en disgrâce, mais nous ne saurions nous en passer ; aussi nous faut-il nous y risquer à nouveau. Car elle seule est capable de nous dire pourquoi l’homme doit être, et n’a donc pas le droit de provoquer sa disparition du monde ou de la permettre par simple négligence ; et aussi comment l’homme doit être afin d’honorer et non pas trahir la raison en vertu de laquelle il doit être… D’où la nécessité renouvelée de la métaphysique, qui doit par sa vision, nous armer contre la cécité. » (Sur le fondement ontologique d’une éthique du futur.)
11. Soit dit en passant, la réalité est l’unité du sens et de la vie.
12. Tout ce qui est séparé se souvient qu’il a été uni, mais l’objet de ce souvenir se tient dans le futur. « L’esprit est ce qui se trouve, et donc ce qui s’est perdu » (Hegel).
13. La liberté de l’homme n’a jamais consisté à pouvoir aller, venir et s’occuper comme il lui plaît – cela convient plutôt à l’animal, que l’on dit alors, fort significativement, « en liberté » – mais à se donner forme, à réaliser la figure qu’il contient, ou qu’il veut. Etre signifie tenir sa parole. Toute la vie humaine n’est qu’un pari sur la transcendance.
On a pu, par le passé, traiter de semblables énoncés avec le mépris spécial et amusé que le philistin a toujours réservé aux considérations apparemment dépourvues de toute effectivité. Mais entre-temps, les métamorphoses de la domination leur ont conféré une concrétude désagréablement quotidienne. L’effondrement définitif et historique, en 1914, du libéralisme réellement existant a acculé la société marchande, pour maintenir la fiction de son évidence, pour se défendre des assauts révolutionnaires qui manifestaient dans tous les pays occidentaux l’incapacité du point de vue économique à saisir le tout de l’homme, et enfin pour assurer la reproduction abstraite de ses rapports, à coloniser dans l’urgence puis avec méthode toute la sphère du sens, tout le territoire de l’apparence et finalement, aussi, tout le champ de la création imaginaire. En un mot, elle a dû investir la totalité du continent métaphysique à la seule fin d’assurer son hégémonie terrestre. Certes, le simple fait que le moment même de son apogée, le XlXème siècle, ait été dominé non par l’harmonie, mais par l’hostilité absolue, et absolument fausse, des figures de l’Artiste et du Bourgeois, constituait en soi une preuve suffisante de son impossibilité, mais seuls les grands désastres dans lesquels ont baigné les premières décennies de ce siècle ont chargé son absurdité d’assez de douleurs pour que l’édifice entier de la civilisation en paraisse vaciller. La domination marchande apprit alors de ceux qui la contestaient qu’elle ne pouvait plus se borner à considérer l’homme comme un simple travailleur, comme un facteur de production inerte, mais qu’elle devait plutôt, pour qu’il demeure tel, organiser tout ce qui s’étendait à l’extérieur de la sphère stricte de la production matérielle. Quelle qu’ait été, à ce point, sa répugnance à cela, elle a dû imposer un brusque accelerando au processus de socialisation de la société et prendre en main tout ce dont elle avait jusque-là nié l’existence, tout ce qu’elle avait dédaigneusement laissé à « l’activité improductive », à la ‘ »fantaisie privée », à l’art et à la « métaphysique ». Dans l’espace de quelques années et sans résistance notable d’abord, la Publicité est entièrement passée sous l’arbitraire du protectorat spectaculaire – c’est un fait général que la poursuite d’offensives anciennes est rarement reconnue lorsqu’elles s’arment de moyens totalement nouveaux . L’interprétation marchande du monde ayant été démentie par les faits comme insensée, on entreprit donc de la faire rentrer dans les faits. La mystique marchande, qui postulait formellement et extérieurement l’équivalence générale de toutes choses, et l’échangeabilité universelle de tout, ayant été percée à jour comme pure négation, comme arraisonnement morbide, on résolut de rendre les choses réellement équivalentes, et les êtres intérieurement échangeables. La liquidation systématique de tout ce qui, dans l’immédiateté, recelait une transcendance (communautés, ethos, valeurs, langage, histoire) ayant dangereusement placé les hommes face à l’exigence de la liberté, on décida de produire industriellement des transcendances de pacotille, et de les trafiquer à prix d’or. Nous nous tenons à l’autre extrémité de cette longue veille de l’aberration. Car de même que c’est son échec qui a, par le passé, jeté les bases de l’extension à l’infini du monde de l’économie, de même l’accomplissement contemporain de cette extension universelle porte l’annonce de son effondrement prochain.
Ce processus critique de réalisation de l’indigente métaphysique marchande a été diversement désigné par les concepts de « Mobilisation Totale » (Jünger), de « Grande Transformation » (Polanyi) ou de « Spectacle » (Debord) – pour l’heure, nous aurons plus volontiers recours à ce dernier concept, qui demeure indiscutablement, en tant que figure qui pénètre de façon transversale toutes les sphères de l’activité sociale et où l’objet dévoilé se confond avec son mode de dévoilement, de ces machines de guerre dont il nous plaît d’user -. Si la Figure ne se laisse pas déduire simplement de ses manifestations, étant elle-même ce qui les fonde, il n’est néanmoins pas inutile d’en noter au moins les plus superficielles. C’est ainsi que la réclame s’avisa, dès les années 20, et dans les termes mêmes de ses premiers idéologues, Walter Pitkin et Edward Filene, d’inculquer aux Bloom « une nouvelle philosophie de l’existence », de leur présenter la société de consommation comme « le monde des faits », dans le dessein affiché de contrecarrer l’offensive communiste. La production calibrée de marchandises culturelles et leur écoulement massif – le déploiement fulgurant de l’industrie cinématographique a sur ce point valeur d’exemple – se chargea de resserrer dans l’allégresse le contrôle des comportements, de diffuser les modes de vie adaptés aux exigences nouvelles du capitalisme et surtout de répandre l’illusion de leur viabilité. L’urbanisme se mit en devoir d’édifier l’environnement physique commandé par la Weltanschauung marchande. Le formidable développement des moyens de communication et de transport dans ces années-là commença à abolir concrètement l’espace et le temps, qui opposaient une fâcheuse résistance à la mise en équivalence universelle. Les média de masse amorcèrent dès alors le processus par lequel ils devaient peu à peu concentrer en un monopole autonome la production du sens. Ils devaient par la suite et comme en retour, étendre à la totalité du visible un mode de dévoilement particulier, dont l’essence est de conférer à l’état de choses en vigueur une inébranlable objectivité, et par là de modeler à l’échelle du genre un rapport au monde fondé sur l’assentiment postulé à ce qui est. Il faut encore noter que se multiplient à cette époque précise les premières mentions littéraires de la fonction répressive de la Jeune-Fille, chez Proust, Kraus ou Gombrowicz. C’est enfin de façon contemporaine qu’apparaît dans les productions de l’esprit la figure du Bloom, si reconnaissable chez Valéry, Kafka, Musil, Michaux ou Heidegger.
Tiqqun / 1999
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