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Si nous le voulons / Mahmoud Darwich / Indiens de Palestine / Gilles Deleuze

Si nous le voulons
Nous serons un peuple, si nous le voulons, lorsque nous saurons que nous ne sommes pas des anges et que le mal n’est pas l’apanage des autres.
Nous serons un peuple lorsque nous ne dirons pas une prière d’action de grâces à la patrie sacrée chaque fois que le pauvre aura trouvé de quoi dîner.
Nous serons un peuple lorsque nous insulterons le sultan et le chambellan du sultan sans être jugés.
Nous serons un peuple lorsque le poète pourra faire une description érotique du ventre de la danseuse.
Nous serons un peuple lorsque nous oublierons ce que nous dit la tribu, que l’individu s’attachera aux petits détails.
Nous serons un peuple lorsque l’écrivain regardera les étoiles sans dire : notre patrie est encore plus élevée… et plus belle !
Nous serons un peuple lorsque la police des mœurs protégera la prostituée et la femme adultère contre les bastonnades dans les rues.
Nous serons un peuple lorsque le Palestinien ne se souviendra de son drapeau que sur les stades, dans les concours de beauté et lors des commémorations de la Nakba. Seulement.
Nous serons un peuple lorsque le chanteur sera autorisé à psalmodier un verset de la sourate du Rahmân dans un mariage mixte.
Nous serons un peuple lorsque nous respecterons la justesse et que nous respecterons l’erreur.

Mahmoud Darwich

D’un bout à l’autre, il s’agira de faire comme si le peuple palestinien, non seulement ne devait plus être, mais n’avait jamais été. Les conquérants étaient de ceux qui avaient subi eux-mêmes le plus grand génocide de l’histoire. De ce génocide, les sionistes avaient fait un mal absolu. Mais transformer le plus grand génocide de l’histoire en mal absolu, c’est une vision religieuse et mystique, ce n’est pas une vision historique. Elle n’arrête pas le mal ; au contraire, elle le propage, elle le fait retomber sur d’autres innocents, elle exige une réparation qui fait subir à ces autres une partie de ce que les juifs ont subi (l’expulsion, la mise en ghetto, la disparition comme peuple). Avec des moyens plus « froids » que le génocide, on veut aboutir au même résultat.
Les USA et l’Europe devaient réparation aux juifs. Et cette réparation, ils la firent payer par un peuple dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y était pour rien, singulièrement innocent de tout holocauste et n’en ayant même pas entendu parler. C’est là que le grotesque commence, aussi bien que la violence. Le sionisme, puis l’Etat d’Israël exigeront que les Palestiniens les reconnaissent en droit. Mais lui, l’Etat d’Israël, il ne cessera de nier le fait même d’un peuple palestinien. On ne parlera jamais de Palestiniens, mais d’Arabes de Palestine, comme s’ils s’étaient trouvés là par hasard ou par erreur. Et plus tard, on fera comme si les Palestiniens expulsés venaient du dehors, on ne parlera pas de la première guerre de résistance qu’ils ont menée tout seuls. On en fera les descendants d’Hitler, puisqu’ils ne reconnaissaient pas le droit d’Israël. Mais Israël se réserve le droit de nier leur existence de fait. C’est là que commence une fiction qui devait s’étendre de plus en plus, et peser sur tous ceux qui défendaient la cause palestinienne. Cette fiction, ce pari d’Israël, c’était de faire passer pour antisémites tous ceux qui contesteraient les conditions de fait et les actions de l’Etat sioniste. Cette opération trouve sa source dans la froide politique d’Israël à l’égard des Palestiniens.
Israël n’a jamais caché son but, dès le début : faire le vide dans le territoire palestinien. Et bien mieux, faire comme si le territoire palestinien était vide, destiné depuis toujours aux sionistes. Il s’agissait bien de colonisation, mais pas au sens européen du XIX° siècle : on n’exploiterait pas les habitants du pays, on les ferait partir. Ceux qui resteraient, on n’en ferait pas une main-d’oeuvre dépendant du territoire, mais plutôt une main-d’oeuvre volante et détachée, comme si c’étaient des immigrés mis en ghetto. Dès le début, c’est l’achat des terres sous la condition qu’elles soient vides d’occupants, ou vidables. C’est un génocide, mais où l’extermination physique reste subordonnée à l’évacuation géographique : n’étant que des Arabes en général, les Palestiniens survivants doivent aller se fondre avec les autres Arabes. L’extermination physique, qu’elle soit ou non confiée à des mercenaires, est parfaitement présente. Mais ce n’est pas un génocide, dit-on, puisqu’elle n’est pas le « but final » : en effet, c’est un moyen parmi d’autres.
La complicité des Etats-Unis avec Israël ne vient pas seulement de la puissance d’un lobby sioniste. Elias Sanbar a bien montré comment les Etats-Unis retrouvaient dans Israël un aspect de leur histoire : l’extermination des Indiens, qui, là aussi, ne fut qu’en partie directement physique. il s’agissait de faire le vide, et comme s’il n’y avait jamais eu d’Indiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant d’immigrés du dedans. A beaucoup d’égards, les Palestiniens sont les nouveaux Indiens, les Indiens d’Israël. L’analyse marxiste indique les deux mouvements complémentaires du capitalisme : s’imposer constamment des limites, à l’intérieur desquelles il aménage et exploite son propre système ; repousser toujours plus loin ces limites, les dépasser pour recommencer en plus grand ou en plus intense sa propre fondation. Repousser les limites, c’était l’acte du capitalisme américain, du rêve américain, repris par Israël et le rêve du Grand Israël sur territoire arabe, sur le dos des Arabes.
Gilles Deleuze
Deux régimes de fous / 1983
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4 Réponses à “Si nous le voulons / Mahmoud Darwich / Indiens de Palestine / Gilles Deleuze”


  • Cyclone Katarina sur Gaza

    Par le Pentapone dirigé, le cyclone Katrina,
    Le cyclone de déraison, de la paranoïa,
    Poussé par les vents de haine,
    Par la déchéance humaine,
    Pour accomplir la basse besogne.
    Sans vergogne, à faire le vide,
    Autour d’un peuple stupide,
    Qui avec le bluff, veut s’en sortir,
    Pour une poule, il tue un bœuf.
    Il tourne, il tourne, le cyclone de la mort,
    Il enveloppe et contourne, sans remords,
    Avec son œil de cyclope, fixe entre les yeux,
    Les enfants de Gaza, les femmes et les vieux.
    Il tourne, il tourne, le cyclone des tyrans,
    Au dessus des écoles, au dessus des maisons,
    Comme un hombre de la mort, Satan,
    Arrache à la vie, femmes et enfants.
    Il tourne le cyclone au dessus de Gaza,
    Arrose la cité de son distillé poison,
    Souffle les hôpitaux en ciblant le croissant.
    Mais comme Katerina, le cyclone Palastina,
    Poursuivra les tueurs jusqu’au bout du chemin,
    Pour que justice soit faite, et la paix intervient.
    Et le cyclone Palastina restera toujours actif,
    Bouillonnant au dessus du peuple juif.
    Le cyclone Palastina, est désormais, composé,
    De citoyens de part le monde engagés,
    A former un mur contre les génocides,
    Contre le militarisme humanicide.

    Lihidheb mohsen
    Eco artiste Zarzis 17.01.09

  • Dieu, refuse l’acte de Gaza

    De notre culture, de nos parents,
    De notre histoire et religion,
    De nos traditions vives et orales,
    De nos expériences personnelles,
    Des touts les écrits des anciens,
    Homo guerriers, Homo-sapiens,
    De toutes les philosophies du monde,
    De toutes les folies fécondes,
    De touts les rêves et les caprices,
    De toutes les sèves et leurs délices,
    De toutes les beautés ambiantes,
    Du blitz des étoiles filantes,
    De toutes les erreurs humaines,
    De toutes les souffrances et peines,
    Des guerres, des tempêtes et orages,
    Des homicides et esclavages,
    Des totalitarismes et dictats,
    Des révolutions ingrates…
    Nous avons appris le sens de la vie,
    L’amour et le respect d’autrui,
    Et restons alternative potentielle
    D’un monde soufrant qui chancelle…
    Mais il faudrait résoudre un problème,
    Sans mécréance et sans blasphème,
    Pourquoi pour un seul Dieu unique,
    Il y a tant de chaos et de panique,
    Le rabbin avec sa fourche écorche,
    Le prêtre massacre et fauche,
    Et l’enturbannée obstiné,
    Fantasme sur sa priorité,
    Mais les innocents paient de leurs vies,
    Cette incohérence et folie.
    Et Dieu, refuse les morts de Gaza,
    Les morts de Sétif et Hiroshima.
    Dieu est l’irrésistible attraction,
    Par l’amour et la passion,
    Par la sagesse et la paix,
    Pour la survie de l’humanité.

    Lihidheb mohsen Eco artiste
    Zarzis Tunisie, 23.01.2009

  • Pas d’oubli pour Gaza

    Vous pouvez courir, presse et Média,
    Avec vos manœuvres sous contrats,
    Par le foot, la culture du doute,
    Car, il n y’aura pas d’oubli, ni de répit,
    Pour les enfants de Gaza,
    Il n’y aura pas d’oubli pour Treblinka,
    Pour les victimes d’Hiroshima,
    De Sabra et Chatila.
    Il n’y aura pas d’oubli pour Sétif,
    Pour la Bosnie, les ghettos juifs.
    Il n’y aura pas d’oubli pour Dir Yassine,
    Pour les goulags de Staline,
    Et pour Jenin en Palestine.
    Il n’y aura pas d’oubli pour le lynchage,
    Pour l’ethnocide et les carnages,
    D’un capitalisme sauvage,
    Qui vient droit du moyen âge.
    Il n’y aura pas d’oubli pour les Mayas,
    Les nez percés et les Incas,
    Il n’y aura pas d’oubli mes amis,
    Barricadés et insoumis,
    A toutes les formes de violences,
    Les guillotines et les potences,
    Et résisterons en permanence,
    Dans la colère du silence,
    Et resterons debout dans la rue,
    A débouter touts les abus,
    A défier balles et obus,
    Et tout ce qui blesse ou tue.
    En citoyens murs et crédibles,
    Témoins d’une ère pénible,
    Gardiens de la sagesse des hommes,
    Dont la mémoire reste vivante,
    Et sa lumière illuminante,
    Effective et palpitante.
    Et cette fois c’est bien fini,
    Ou plutôt bien commencé,
    Il n’y aura plus d’oubli,
    Pour les enfants de Gaza,
    Pour que le mal soit maudit
    Et la sagesse vaincra.

    Lihidheb mohsen Eco artiste
    Zarzis Tunisie, 20.01.09

  • Enfants de Gaza

    Ils étaient nombreux, les enfants de Gaza,
    Ils jouaient heureux les enfants de Gaza,
    Ils avaient confiance, enfants de Gaza,
    Dans l’humanité, enfants de Gaza,
    Avec un peu de chance, enfants de Gaza,
    Ils seraient épargnés, enfants de Gaza,
    Au nom de la loi, enfants de Gaza,
    Au nom de l’équité, enfants de Gaza,
    Mais subitement, enfants de Gaza,
    Un avion passa, enfants de Gaza,
    Il y eut de la pluie, enfants de Gaza,
    Des gouttes de phosphore, enfants de Gaza,
    Brulant jusqu’à la mort, enfants de Gaza,
    Et le jeu cessa, enfants de Gaza,
    Et les oiseaux se turent, enfants de Gaza,
    Pour laisser passer, enfants de Gaza,
    Le spectre de la mort, enfants de Gaza,
    Mais le soleil se leva, enfants de Gaza,
    Une fois encore, enfants de Gaza,
    Et les oiseaux reprirent, enfants de Gaza,
    Leur chant tristounet, enfants de Gaza,
    Et guettent le tour, enfants de Gaza,
    Des tueurs d’enfants de Gaza et Treblinka.

    Lihidheb mohsen
    Eco artiste Zarzis 16.01.09

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